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771. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Heredia, José Maria de (1842-1905) »

Anatole France On retrouve, dans ces merveilleux poèmes, la nature ardente et fleurie où s’écoula l’enfance du poète, l’âme des Conquistadors dont il descend, les purs souvenirs de la beauté antique qu’il évoque pieusement. […] José-Maria de Heredia, n’approchait pas de la richesse et de la grandeur que cet ouvrier poète lui a donnée. […] Gautier aurait été enchanté, lui qui aimait tant les « transpositions d’art », de ce poète rival, en un seul volume, du peintre le plus éclatant et du musicien le plus puissant. […] Albert Giraud Qui donc remplacerait, à l’heure actuelle, Leconte de Lisle, si ce n’est le pur et parfait poète des Trophées , M.  […] La poésie française compte un sonnet de plus… Successeur des poètes qui ont introduit l’Espagne en France, héritier d’une longue lignée qui va de Jean Chapelain à Pierre Corneille et d’Abel Hugo à Victor Hugo, l’auteur des Trophées se distingue cependant de tous ses devanciers par des traits qui lui sont personnels.

772. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Silvestre, Armand (1837-1901) »

Armand Silvestre, en qui le prosateur rendrait injuste pour le poète, — le poète éperdu de seul lyrisme, — a écrit, dans les Paysages métaphysiques notamment, quelques-uns des plus beaux vers que je sache. […] Marcel Fouquier Dans les Renaissances, lorsque le poète s’interroge, c’est pour savoir le mot de sa destinée. […] C’est le miracle de ce poète : il fait subir aux corps une sorte de transsubstantiation et tire de la volupté physique un mysticisme exalté. […] Les enthousiastes (il n’en manquait pas alors) eussent salué en l’amante du poète une nouvelle Sophia ; les Renaissances et la Gloire du souvenir, venues à cette heure de l’humanité, eussent donné naissance à une doctrine hermétique.

773. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIX » pp. 207-214

Cette réunion de quatre grands poètes, leur concert pour favoriser les mœurs de la cour, célébrer les maîtresses, exalter, sous le nom de magnificence royale, des profusions ruineuses, étaient au grand préjudice des mœurs générales. […] Napoléon faisait la cour aux poètes de son temps, en déclarant qu’il l’eût faite à Corneille. […] Nos quatre poètes ont voulu plaire au roi galant et magnifique ; ce fut leur tort. […] D’ailleurs désirer de plaire à un roi galant, mais vaillant et glorieux, est le faible le plus pardonnable à un poète courtisan. […] Enfin, c’est se laisser aller à l’imagination, faculté dominante des poètes, qui n’accorde pas toujours à la réflexion la liberté de se mettre sur ses gardes.

774. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouilhet, Louis (1821-1869) »

Bouilhet, qui est un poète de talent et de courage, a, certes, fait mieux que cela. […] Quant à la hauteur de son imagination, elle paraît suffisamment prouvée par les Fossiles, cette œuvre que Théophile Gautier appelait « la plus difficile, peut-être, qu’ait tentée un poète !  […] Maxime Du Camp Parmi les poetæ minores, il arrive en tête ; certaines de ses pièces de vers subsisteront, il aura place dans tous les Selectæ ; Melænis est une œuvre très remarquable, de longue haleine, savante, bien conduite et de forte poésie, mais, dans le défilé des poètes de ce temps, il me semble qu’il ne marche qu’après Alfred de Musset, Victor Hugo, Lamartine, Victor de Laprade, Auguste Barbier, Théophile Gautier. […] Il fut un bon et honnête lettré ; il fut vraiment poète deux ou trois fois.

775. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guerne, André de (1853-1912) »

M. de Guerne est un vrai grand poète, le plus remarquable sans contredit depuis la génération parnassienne. […] Mais sa vie littéraire n’était point scellée dans la tombe des dieux disparus, et, par une métamorphose qui surprendra seulement les niais, le vicomte de Guerne s’est montré dès lors le poète le plus voisin de nous et le plus préoccupé, maintenant, du monde qui peine autour de lui vers les destins inconnus. […] Le vicomte de Guerne s’est assis d’abord parmi les chevriers ; d’antiques idylles ont chanté par sa voix, à l’aube, à midi, jusqu’au soir, non qu’il niât l’ombre où se débattent les spectres de misère et de douleur, et dans les conseils À un jeune poète, il souhaite qu’en pleine joie même l’œuvre s’assombrisse : Ainsi qu’une forêt où se taisent les nids, Tandis que, secoués de frissons infinis, Plus haut que l’ouragan qui burle et se lamente, Les chênes orageux grondent dans la tourmente. […] Les citations qu’on en a faites à dessein éviteront un commentaire superflu et de repousser, par exemple, la critique, autrement possible, que l’auteur se fût transformé de poète en professeur de morale : auquel cas, il est peu probable qu’il ait trouvé ici un accueil fort encourageant.

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