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422. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

la sympathie était dans l’air ; un frémissement de plaisir courait dans la salle ; les applaudissements mêmes n’avaient pas le son des succès vulgaires : ils battaient aux champs ; ils saluaient l’avènement d’un poète qui va régner sur la scène, par droit de conquête. […] Mais Olivier est un philosophe de trente ans, rompu à toutes les roueries de la vie pratique ; il a voyagé dans le demi-monde autant pour son instruction que pour son plaisir ; il n’a jamais pris au sérieux les comédies de mœurs et de prétentions qui s’y jouent. […] Elle a été sa maîtresse, après tout ; elle s’est donnée à lui, tandis qu’elle se vend aux autres ; elle lui a donné du plaisir, à défaut d’amour ; n’est-il pas son obligé et lui sied-il bien de brûler aujourd’hui ce qu’il adorait la veille ? […] Oui, je l’avoue, je n’acquiesce qu’à demi à cette acerbe et violente intrusion dans la vie d’une femme qui doit lui avoir laissé au moins la reconnaissance du plaisir. […] Rien n’autorise, de sa part, cette violente intrusion dans la vie d’une femme qui doit, au moins, lui avoir laissé la reconnaissance du plaisir.

423. (1896) Les Jeunes, études et portraits

C’est le moins qu’on paie son plaisir d’un peu de peine. […] C’est pour lui un plaisir mêlé d’horreur, mais tout de même un plaisir. […] C’est un plaisir d’orgueil que Durtal a éprouvé en se retirant à la Trappe. […] Mais toutes les raisons ne servent de rien pour nous donner du plaisir. […] Il ne veut pas renoncer au plaisir de la possession.

424. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

Lorsque les événements vinrent changer la face de la France et la remirent elle-même à sa place sur les degrés du trône impérial, un de ses premiers soins, pour le commencement de l’année 1853, fut d’écrire à l’empereur Nicolas et de remplir envers lui ses devoirs d’usage à titre de parente ; mais sa lettre portait naturellement la marque de sa situation nouvelle : il lui répondit (10 janvier 1853) : J’ai eu grand plaisir, ma chère nièce, à recevoir votre bonne et aimable lettre. […] La princesse Mathilde est, en effet, artiste dans l’âme, et je me suis réservé exprès jusqu’à ce moment le plaisir de parler avec quelque détail de ce côté si caractérisé de sa nature. […] Après le plaisir de travailler, elle n’a rien de plus agréable que de visiter les grandes galeries, notre musée du Louvre, et d’y revoir les chefs-d’œuvre ; et si on lui parle des tableaux modernes qu’elle a chez elle et dont ses salons sont ornés : « Ici ce sont mes amis, dit-elle, mais là-bas ce sont mes admirations. » Le goût de la princesse est classique : on a remarqué que le goût des princes l’est naturellement73.

425. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

Nous tenons donc une œuvre de Fléchier qu’on va lire, lire avec le plaisir qui s’attache aux choses familières et vraies, observées par un esprit délicat et fin, racontées par une plume rare. […] Ce premier petit roman nous met en goût et en confiance avec Fléchier ; on sent qu’on a affaire, non-seulement à un écrivain singulièrement poli, mais à un esprit observateur et délié qui s’entend aux beaux sentiments, aux grandes passions, qui en sourit tout bas en les exposant, et les décrit à plaisir sans s’y prendre. […] Nous connaissons à fond M. de Novion, le digne président, qui est si galant auprès de mesdames ses filles, et qui oublie parfois un peu trop sa gravité pour leur donner le plaisir de la comédie.

426. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Mais peut-être direz-vous que, si elle est philosophe dans ses propos, c’est qu’elle reçoit Paul Vence à sa table et qu’elle a de la mémoire ; que c’est un instinct secret qui lui fait trouver plaisir aux rues mal soignées et fortement odorantes où grouille de l’humanité en tas, et qu’enfin son absence de préjugés lui vient de son tempérament et de son hérédité, car elle est la fille d’un rapace. […] France goûte pleinement le plaisir satanique de comprendre, de douter, de nier ; mais il semble qu’à chaque instant aussi il l’épuise, il en touche le néant… Je suis bien curieux de savoir où cela le mènera… J’ai nommé Choulette. […] Ils vont uniquement à leur plaisir, et l’auteur les absout tous ensemble.

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