Nous jouons quelquefois aux cartes dans les longues soirées d’hiver, mais c’est comme on joue aux échecs, non pour l’argent, mais pour l’honneur ou pour le plaisir de se battre l’un l’autre. […] Laissant aller sa pensée sur les espérances et les craintes, sur les perspectives de chance diverse, de bonheur ou de malheur, qui animent ou tempèrent les joies de la famille, il disait encore, en citant le mot d’un poète religieux (le docteur Watts) : Celui qui élève une nombreuse famille, tant qu’il est là vivant à la considérer, s’offre, il est vrai, comme un point de mire plus large au chagrin ; mais il a aussi plus d’étendue pour le plaisir.
Il écrit à Voltaire (lettre CV) : « J’ai annoncé à l’Académie votre Héraclius de Calderon ; elle le lira avec plaisir comme elle a lu l’arlequinade de Gilles Shakespeare. » Que tout soit perpétuellement remis en question, que tout soit contesté, même l’incontestable, qu’importe. […] Le beau existe tellement par lui-même qu’il n’a, certes, nul besoin d’orgueil ; mais qu’importe, la médiocrité humaine étant donnée, il humilie en même temps qu’il enchante ; il semble que naturellement la beauté soit un vase à orgueil, on l’en suppose remplie, on cherche à se venger du plaisir qu’elle vous fait, et ce mot, superbe, finit par avoir deux sens, dont l’un met en défiance contre l’autre.
) Vous ne bâtissez pas des églises pour le plaisir de faire des églises, vous ne faites pas de pèlerinage pour le plaisir de faire des pèlerinages ; vous cherchez à faire la guerre à l’esprit moderne.
Ils avaient pris plaisir à ruiner un mauvais bâtiment ; le bâtiment ruiné, on s’affligea de ne plus voir que des ruines. […] Pendant trente ans, tout jeune homme fut un Hamlet au petit pied, six mois durant, parfois davantage, dégoûté de tout, ne sachant que désirer, croire ou faire, découragé, douteur, amer, ayant besoin de bonheur, regardant au bout de ses bottes pour voir si, par hasard, il n’y trouverait pas le système du monde, entre-choquant les mots Dieu, nature, humanité, idéal, synthèse, et finissant par se laisser choir dans quelque métier ou dans quelque plaisir machinal, dans les coulisses de la Bourse ou de l’Opéra.
Mille générations y puiseront l’instruction ou le plaisir. […] Le lieu commun sur la vanité du bonheur et des plaisirs de ce monde, de l’ambition, de la gloire, ne tentera plus que les sots après Bossuet. […] Sont-ils si regrettables les siècles où la littérature n’était qu’un plaisir délicat, et les gens de lettres que les amuseurs du grand monde ? […] Au contraire, le roman, qu’il soit vagabond ou gentilhomme, missionnaire ou aventurier, s’adresse à tous comme le plaisir. […] Le mot Bohême ne peut être déplacé dans notre travail, puisqu’il fut anobli par ce poëte de la jeunesse tourmentée et de l’indigent plaisir.