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260. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Enfin, comme les femmes ont ici la haute main apporter, pour leur plaire, l’ombre au moins de l’amour : la galanterie ; afficher pour toutes les dames une courtoisie chevaleresque ; être à leur égard toujours en fonds de flatteries délicates. […] On se plaira aux périphrases et aux demi-mots. […] Le désir de plaire au monde a poussé maintes fois écrivains et orateurs à sacrifier les qualités fortes et solides aux qualités douces et brillantes. […] Son unique fonction semble être de plaire aux dames, et il s’en acquitte en conscience.

261. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Huet, selon moi, et ceux qui se préoccupent comme lui de la faiblesse de l’esprit humain, n’ont pas si tort qu’on le dit dans les écoles de l’Université, et Descartes, en philosophie, n’a pas si évidemment raison qu’il plaît à nos maîtres de le proclamer. […] « Je puis donc dire, ajoutait Huet, que j’ai vu fleurir et mourir les Lettres, et que je leur ai survécu. » Ce qu’il disait là, ce n’était point par esprit chagrin, ni en qualité de vieillard qui dénigre le présent et se plaît à glorifier le passé ; personne n’eut l’esprit plus uni, plus égal et moins chagrin que Huet. […] Huet, dans les jolis Mémoires trop peu connus qu’il a écrits en latin sur sa vie, confesse qu’à ce moment de sa jeunesse il donna dans les dissipations et les élégances, qu’il recherchait les cercles des gens du monde et surtout des femmes, et que, pour leur plaire, il ne négligeait ni la mise, ni les petits soins, ni les petits vers. […] À propos des poésies latines ou françaises qu’échangent entre eux Huet et Ménage, on se plairait à saisir quelques saillies de jeunesse du futur prélat, quelque filet de verve gauloise et rabelaisienne.

262. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Les Gueux, si vantés, me plaisent moins. […] Mais tout est vite racheté et regagné par la gaieté du refrain, et par des couplets comme celui-ci : Quel Dieu se plaît et s’agite Sur ce grabat qu’il fleurit ? […] Au moment où le lecteur commence à s’échauffer et à user de tout son organe, un mot brusque venu du dehors : Le cordon, s’il vous plaît ! […] Ce Cordon, s’il vous plaît, c’est le refrain obligé.

263. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

C’est l’oiseau des bois qui se plaît     Loin du bruit dans la mousse. […] Je me plais à remarquer et le bienfait et la reconnaissance, pour faire sentir qu’ici encore, moins que jamais, il ne saurait y avoir lieu à toutes les déclamations par lesquelles on se plaît à accuser la société en masse au nom du talent méconnu. […] Il a dit dans sa Chanson des prés, en y exprimant toute la douceur de son sujet : Bêlements et mugissements, Là vous me plaisez davantage ; Les airs des pâtres sont charmants Dans la senteur du pâturage.

264. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Lorsque l’heure de l’étude marquait la fin de la récréation, son père paraissait sur le pas de la porte du jardin sans dire un mot, et il se plaisait à voir tomber les jouets des mains de son fils, sans que celui-ci se permît même de lancer une dernière fois la boule ou le volant. […] Le tour d’esprit de M. de Maistre était si naturellement aristocratique, qu’il le portait, politiquement parlant, jusque dans l’ordre de la pure intelligence, et il s’emparait de cet autre mot de Platon : « Le beau est ce qui plaît au patricien honnête homme ». […] Il a vu, dans la tentative que j’ai faite, un élan de zèle ; et, comme la fidélité lui plaît depuis qu’il règne, en refusant de m’écouter il ne m’a cependant fait aucun mal. […] Exceptons cependant, pour nous consoler, l’amitié, la reconnaissance, tous les bons sentiments, tous ceux surtout qui sont faits pour unir les hommes estimables. » Au milieu de tout ce qu’il a rencontré en Russie d’honorable et même de doux : « Cependant, pense-t-il, il y a deux choses dont le souvenir s’efface difficilement, ou ne s’efface point du tout : le soleil et les amis. » L’idée de ne plus jamais quitter ce pays du Nord l’oppresse : « Le jamais ne plaît jamais à l’homme ; mais qu’il est terrible lorsqu’il tombe sur la patrie, les amis et le printemps !

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