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1212. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVI »

On nous accuse, entre autres reproches, de vouloir enseigner de toutes pièces à créer les images.

1213. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Armand Baschet »

I Pendant que la comédie s’en va mourant sur tous les théâtres de l’Europe, pendant que toutes les pièces qu’on y joue ressemblent — tant elles se copient les unes les autres — au gant retourné de l’escamoteur qui a la prétention de faire des tours différents toujours avec le même gant, il se publie parfois, trop rarement, il est vrai, avec un sang-froid et un sérieux imperturbable, des livres d’un comique profond et achevé qui ne sont plus de la comédie de convention, mais de la bonne et brave comédie de nature humaine.

1214. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paria Korigan » pp. 341-349

Il a réussi, comme réussiront toujours les livres vrais dans les sociétés décadentes qui meurent de leurs mensonges, chez qui la langue littéraire est usée à force d’avoir servi, et où les esprits, brûlés par les piments d’une littérature à ses dernières cartouches et à ses dernières balles mâchées, reviennent aux livres qui apportent la sensation rafraîchissante du naturel, du primitif et du simple… Bien avant Cladel, madame George Sand avait eu l’idée de cette littérature de terroir ; mais elle ne pouvait y entrer que comme un bas-bleu qu’elle était, un bas-bleu armé de toutes pièces prises à l’arsenal de toutes les bêtises philosophiques, philanthropiques et démocratiques de ce temps, et gâtant tout de son bas-bleuisme et de ses préfaces explicatives.

1215. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Marque certaine d’une négligence de composition, ses fins de pièce sont souvent faibles. […] Un habile aurait détaché le fragment sur les railways, qui en valait la peine, et en aurait fait une pièce à part. […] Il ne se ressemble même pas à lui-même d’une pièce à l’autre. […] A peine une ou deux pièces, très courtes, et qui semblent des poésies de salon, dans les Odes et Ballades. […] Faites cette épreuve : avisez dans l’œuvre d’Hugo une pièce évidemment manquée, authentiquement ennuyeuse.

1216. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

De l’élégant, aimable et parnassien auteur de l’Âme nue, Seul (poésies en livres), de Shylock, la Passion, Héro et Léandre (pièce, mystère et drame en poésies) cette lettre d’un croyant-sceptique : Contrexéville, juillet 95. […] Vous me demandez aussi une courte pièce de vers inédits, et je n’en ai que de longues. […] — Voici, comme vous me le demandez, une très courte pièce qui ne fut publiée dans aucun volume ; elle exprime assez bien ma manière de faire dans les petits genres : CHANSON Quand la belle s’en fut au bois,       Portait la rose       À l’aube éclose ; Quand la belle s’en fut au bois, Portait la rose au bout des doigts. […] Alphonse Daudet nous scandait, l’autre soir, expressivement, la jolie pièce de l’Alouette : « Il faut, profère gentiment ce poète du seizième siècle —  que je dise cela de moi, que j’ai été celui qui plus ai voulu rimer curieusement, et suis content de dire, superstitieusement. […] Je veux dire l’Odeur sacrée, pièce prosodiée ainsi qu’un chant de Virgile ; en laquelle l’auteur s’est fait une loi et un jeu de prouver et trouver les souplesses de notre langue, et son pouvoir, de par l’allitération (naïvement et souvent niaisement reprochée à de moins audacieux), de babiller en dactyles et s’alourdir en spondées, lutter enfin avec le latin et finalement, l’emporter sur lui, avec en sus l’avantage triomphant des tintinnabulantes rimes.

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