/ 1789
281. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Il y a des doctrines philosophiques et religieuses qui favorisent ce sentiment vif qu’on a de la nature ; il y en a qui le compriment et l’étouffent. […] Mais cette façon d’envisager la nature, dont le discours du grand-prêtre Génius est demeuré l’expression la plus philosophique en notre littérature, a plutôt abouti à des conclusions relâchées de morale et à une poésie de plaisir ; il n’en est sorti aucune grande peinture naturelle. […] Ce moment, s’il avait pu se prolonger, était particulièrement propice au déisme philosophique, aux vues et aux vœux politiques du solitaire : Louis XVI pour roi, Bailly pour maire, Bernardin de Saint-Pierre pour moraliste du fond de son Jardin-des-Plantes ; et Rabaut-Saint-Étienne pour historien, qui proclamait, comme on sait, la Révolution close et cette constitution de 91 éternelle. […] Les seuls vers imprimés, je crois, et peut-être les seuls composés par Bernardin, se trouvent dans la Décade philosophique (10 brumaire an III)65, et ont pour sujet la naissance de sa fille Virginie. […] Toutefois, l’infériorité incomparable du talent poétique de Cicéron en face de sa gloire d’orateur et d’écrivain philosophique demeure une preuve à l’appui du fait général.

282. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Quelques leçons qu’il nous fit sur l’histoire naturelle ont été une des bases de ma pensée philosophique. […] La partie théologique de l’ouvrage, entachée d’hérésie, est maintenant oubliée ; mais la partie philosophique, empreinte d’un rationalisme fort respectable, était encore vers 1840 la base de l’enseignement dans les séminaires, au grand scandale de l’école néo-catholique, qui trouvait le livre dangereux et inepte. […] La contradiction des travaux philosophiques ainsi entendus avec la foi chrétienne ne m’apparaissait point encore avec le degré de clarté qui bientôt ne devait laisser à mon esprit aucun choix entre l’abandon du christianisme et l’inconséquence la plus inavouable. […] Pour moi, qui crois que la meilleure manière de former des jeunes gens de talent est de ne jamais leur parler de talent ni de style, mais de les instruire et d’exciter fortement leur esprit sur les questions philosophiques, religieuses, politiques, sociales, scientifiques, historiques ; en un mot, de procéder par l’enseignement du fond des choses, et non par l’enseignement d’une creuse rhétorique, je me trouvais entièrement satisfait de cette nouvelle direction. […] Un écrit, qui représente mes idées philosophiques de cette époque, mon essai sur l’Origine du Langage, publié pour la première fois la Liberté de penser (septembre et décembre 1848), marque bien la manière dont je concevais le tableau actuel de la nature vivante comme le résultat et le témoignage d’un développement historique très ancien.

283. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Après cela, nous ne saurions donc avoir aucune prétention philosophique. […] Dans le sens philosophique, l’observation montre et l’expérience instruit. […] Elle secoue non seulement le joug philosophique et théologique, mais elle n’admet pas non plus d’autorité scientifique personnelle. […] Elle est l’expression du doute philosophique porté aussi loin que possible. […] On peut ajouter que les idées philosophiques représentent des aspirations de l’esprit humain qui sont également de tous les temps.

284. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Edmond Scherer s’est fait une réputation solide et originale, non seulement comme hébraïsant, mais comme critique théologien, comme investigateur historique aussi précis que hardi dans l’examen des textes du Nouveau Testament, et aussi comme écrivain philosophique du premier ordre. […] Cousin avait commencé, dans ses premiers Fragments philosophiques, par adopter le jargon de l’école au point d’en être presque inintelligible : oh ! […] Je dis cela, à quelque point de vue qu’on se place, soit religieux, soit philosophique.

285. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

sont-ce ses Contes, son Dictionnaire philosophique, son Essai sur les Mœurs des Nations, et cette multitude de pamphlets sans nom lancés à tout propos contre l’Évangile et l’Église ? Vingt pages suffisent pour en apprécier le mérite littéraire et la pauvreté morale et philosophique. […] » C’est piquant, c’est dominicain, mais ce n’est pas philosophique ; ce n’est pas même raisonnable.

/ 1789