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499. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Royer-Collard : « C’est le premier des amateurs en tout. » Il y a donc encore, il y a eu de très bonne heure en lui un amateur philosophe. […] On était dans la Semaine sainte de l’année 1109 ; un de ceux qui le servaient lui ayant parlé de sa mort comme prochaine et comme du départ d’un convié que rappelait à lui le Seigneur vers ce temps de la fête de Pâques, il répondit : « Si telle est sa volonté, j’obéirai de bon cœur, mais s’il aimait mieux me laisser encore parmi vous un tant soit peu de temps, assez du moins jusqu’à ce que j’aie résolu une question qui m’occupe sur l’origine de l’âme, j’en serais reconnaissant, d’autant plus que je ne sais si, moi mort, un autre pourra la résoudre. » Touchante faiblesse d’un saint qui avait un coin de philosophe ! […] Un philosophe déclaré, un Malebranche ou un Lessing, ne sentirait pas autrement.

500. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Il dit entr’autres choses qu’un philosophe cinique traitoit de badinage puérile l’art de ces comediens muets, et qu’il le définissoit un recueil des gestes que la musique et l’appareil de l’execution faisoient passer. Mais un pantomime de la cour de Neron, pour montrer à ce philosophe qu’il avoit tort, executa devant lui en déclamation muette et sans aucun accompagnement les amours de Mars et de Venus. […] Seneque, le précepteur de Neron, après s’être plaint que plusieurs de ces écoles qui portoient le nom du philosophe dont on y enseignoit le systême, se fussent anéanties, et que le nom de leur instituteur fut oublié, ajoute.

501. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Notons que les adversaires mêmes du déterminisme le suivent assez volontiers sur ce terrain, qu’ils parlent, eux aussi, d’associations d’idées et de conflits de motifs, et qu’un des plus profonds parmi ces philosophes, M.  […] Mais cette association est l’œuvre du philosophe associationniste qui étudie mon esprit, bien plutôt que de mon esprit lui-même. […] Tous les philosophes s’accorderont sur ce point, car ce n’est pas lier l’avenir au présent que d’établir un rapport de convenance ou de disconvenance entre une conduite donnée et le caractère présent d’une personne que l’on connaît. […] C’est là, au fond, la question que vous posiez quand vous faisiez intervenir un philosophe Paul, prédécesseur de Pierre, et chargé de se représenter en imagination les conditions où Pierre agira. […] Si le principe de causalité ne nous disait rien de plus, comme le prétendent les empiristes, on accorderait sans peine à ces philosophes que leur principe vient de l’expérience ; mais il ne prouverait plus rien contre notre liberté.

502. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

C’est, entre tous, le cas du philosophe Arthur Schopenhauer. […] Si ces lecteurs sont des philosophes, le cas du « Disciple » les fera-t-il reculer d’un pas dans leurs recherches ou devant leurs conclusions ? […] Un philosophe qui met en scène des courtisanes et des hommes de plaisir, qui invente le Demi-monde, l’Ami des femmes, et M.  […] Et ceux-ci ne sont, au fond, guère moins philosophes que ceux-là. […] Celle-ci passait ses rares heures de loisir sur un livre du philosophe Schopenhauer.

503. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VI. De la littérature latine sous le règne d’Auguste » pp. 164-175

Cependant Virgile, Horace, Ovide, malgré les flatteries qu’ils ont prodiguées à Auguste, se sont montrés beaucoup plus philosophes, beaucoup plus penseurs dans leurs écrits, qu’aucun des poètes grecs. […] Descartes, Bayle, Pascal, Molière, La Bruyère, Bossuet, les philosophes anglais qui appartiennent aussi à la même époque de l’histoire des lettres, ne permettent d’établir aucune parité entre le siècle de Louis XIV et celui d’Auguste, pour les progrès de l’esprit humain.

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