La première, c’est de veiller au développement sentimental des jeunes auteurs, de les aider dans la recherche de leurs dons personnels, d’avoir sur eux une occulte influence, en se gardant bien de déparer leur grâce intérieure, de froisser leur sensibilité native. […] Mais il a préféré n’en rien faire, afin de les présenter sous cette forme palpitante qui lui est si personnelle. […] Il n’était pas dangereux, on le décora de tous les mérites, et l’éloignement même où il se trouvait réussit d’une façon merveilleuse à illusionner les gens sur ses grâces personnelles. […] Il n’en est pas un qui ne mette la gloire de la littérature française au-dessus de sa renommée personnelle. […] Il ne considérait plus la poésie comme une créature vivante, comme un paysage transverbé, comme un état d’âme réalisé, mais plutôt comme une sorte d’intermédiaire entre le poète et le lecteur, comme je ne sais quel canevas où ce dernier pouvait reconstruire et figurer les formes mêmes de son imagination personnelle.
Il cause, il discute, il interpelle, il se parle à lui-même, quelquefois il crie ; mais il parle toujours, et c’est sa voix, alerte, sonore, joyeuse, puissante, quelquefois profonde, parfois empâtée, et l’on se demande pourquoi, toujours vivante, toujours personnelle et gardant son accent propre, que nous entendons. […] Calvin attirait à lui des Français persécutés dans leur pays, et s’en faisait comme une garde personnelle. […] La religion nouvelle, brisant l’autorité humaine, ruinait la sienne ; elle contenait en elle le libre examen, le sens propre, la religion personnelle, la liberté de pensée, toutes choses que le nouveau fidèle n’avait besoin que d’un peu d’orgueil, ou de conviction, ou de logique, pour dégager. […] Il ne laisse pas de montrer le diable comme un personnage très fort, et redoutable, ce qu’il est, mais, de plus, comme un personnage indépendant, ce qu’il n’est pas, agissant pour lui et de par lui, comme s’il avait une puissance personnelle. […] Nous arrivons par degré à l’individualité, au libre examen personnel, au sens propre.
L’idéal que vous avez extrait de mes œuvres, est plus pur et plus parfait que mes œuvres mêmes ; car voici comment vous l’avez formé : vous avez retranché de mon théâtre deux choses, les allusions personnelles et les indécences. […] En sorte que l’archétype et le prototype de la comédie dans vos doctes traités, le modèle éternel et universel des poètes comiques à travers les peuples et les âges, c’est mon théâtre — moins les indécences et les allusions personnelles. […] À cette impression libre et personnelle l’Esthétique n’ajoute, n’ôte, ni ne change rien. […] C’est une flamme généreuse, qui, consumant dans notre âme tout ce qui est impur et personnel, en fait, pour ainsi dire, un temple digne de recevoir la beauté.
. — Explosion violente et accent personnel. — Maud. […] — Manque de passion personnelle et absorbante. — Flexibilité et désintéressement de son esprit. — Son talent pour se métamorphoser, pour embellir, et pour épurer. […] Une âme fine peut s’emporter, atteindre parfois la fougue des êtres les plus violents et les plus forts ; des souvenirs personnels, dit-on, lui avaient fourni la matière de Maud et de Locksley Hall ; avec une délicatesse de femme, il avait eu des nerfs de femme. […] Mais la passion personnelle et les préoccupations absorbantes qui ordinairement maîtrisent la main de ses pareils lui ont manqué ; il n’a point trouvé en lui-même le plan d’un édifice nouveau ; il a bâti d’après tous les autres ; il a simplement choisi parmi les formes les plus élégantes, les mieux ornées, les plus exquises.
Origines personnelles des idées de Rousseau. […] Réflexion, raison, intérêt, extension des appétits personnels au-delà des limites du nécessaire et du présent, atrophie du sens de la pitié, toute cette déformation de l’homme naturel s’est faite, s’est accrue dans et par la société. […] Tandis que toute la morale se réduisait pour les autres aux vertus de bienfaisance et d’humanité, Jean-Jacques eut le sentiment profond de la perfection ou de la dégradation intime de l’être : il prêcha les vertus personnelles, l’âpre poursuite de la pureté, de la bonté, de la beauté intérieures, indépendamment du service et de l’utilité d’autrui. […] Mais cette tyrannie de la sensation personnelle fait une nature de poète ; et les Confessions où Rousseau a prétendu faire l’histoire de sa vie sont un pur poème, par la perpétuelle transfiguration du réel.