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416. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

S’il ne l’a point fait et si l’art y perd, l’art concentré, fini, qui taille son diamant et l’enchâsse solidement pour qu’il reste où il brille le mieux, c’est qu’il avait ses raisons sans doute, — des raisons plus hautes que l’intérêt d’un ouvrage et même d’un chef-d’œuvre ! […] Le peuple connaissait déjà le grand homme du ciel que la terre venait de perdre, avant qu’aucun journal en eût charrié la gloire jusqu’à lui. […] Tel a été le but dominant de l’abbé Monnin, en écrivant, pour la première fois, la vie prodigieuse de cet homme inouï qui a perdu son nom dans le titre de sa fonction, et qui, dans l’avenir comme dans le ciel, ne s’appellera plus que le Curé d’Ars.

417. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Le double regret de les avoir perdus sans les voir les rend plus charmants, et ce regret, voilà leur gloire ! […] Enfin, l’un est le fini le plus parfait, et l’autre l’infini (qui ne peut pas l’être sans perdre à l’instant même son grand caractère d’infini), seulement semblables en ceci, s’il faut à toute force leur trouver une ressemblance, c’est qu’ils sont, chacun à sa manière, de délicieux poètes tous les deux ! […] Les Souvenirs (une rêverie digne de la jeunesse du Dante), L’Anse des Dames, et cette Promenade dans la Lande qui commence à donner, distincte et profonde, cette note si particulière que le génie de Maurice de Guérin ne perdra plus.

418. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

Il a perdu des êtres chers. […] Le sonnet, qui n’est qu’une très petite chose, tricotée, je le veux bien, avec beaucoup de soin et d’adresse, sans un point tombé, sans une maille perdue, n’est, en somme, que cette « bourse de soie faite avec une oreille de cochon », et même cette bourse n’a guères de place que pour contenir un petit écu ! […] Il semble à nos efforts jaloux Que dans le gouffre où se perd l’heure, Ne pouvant tomber qu’avec nous, Tu vis encor tant qu’on te pleure !

419. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXV. Avenir de la poésie lyrique. »

L’Europe, où l’astre des arts, depuis cinq siècles, n’a jamais quitté l’horizon, est-elle menacée de perdre cette divine lumière ? […] Non : les mœurs changent, les formes politiques s’altèrent, les langues se détruisent, et la transplantation des races peut accroître et hâter toutes ces mutations inévitables ; mais l’âme humaine, avec ses points divers et ses touches sonores de sensibilité, de jugement et d’imagination, ne change pas, ne dégénère pas, ne perd aucune des conditions de sa puissance. […] Quand un idiome a vieilli sur son sol natal, ou que, défiguré dans son passage sous un ciel nouveau, il a perdu l’instinct délicat de sa forme première, sa grâce ou son énergie ; qu’il n’est plus en rapport avec le monde troublé et nouveau dont il est entouré, il n’importe : l’éclair de l’esprit, l’émotion de l’âme se fait jour par toute voie laissée à l’intelligence ; et le génie de l’architecte brille encore dans l’imperfection des matériaux mutilés ou à peine dégrossis qu’il emploie.

420. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

mes durs sonnets les tiennent oppressées ; Elles perdent en eux leur sève et leurs senteurs. […] Cette Israélite a perdu quatre fils dans une rébellion contre je ne sais quel Assuérus. […] Et encore j’ai copié trop vite, j’ai laissé perdre une partie de la phrase et quelques-uns des enseignements qu’elle contient. […] Elle ne perd pas une occasion de citer. […] Elle a perdu esprit et fraîcheur.

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