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1588. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Port-Royal frémit : il y avait une tante411, qui lui écrivit toute sorte d’adjurations, d’« excommunications » ; Racine prit de l’humeur, et perdit le respect. […] Depuis Alexandre, une foule de critiques s’étaient mis après lui, amis de Corneille, ennemis de Boileau, rivaux et envieux : c’était à qui trouverait des fautes et ferait les beautés dans ses pièces ; les préfaces amères dont il accompagna toutes ses tragédies depuis Alexandre faisaient voir qu’on ne perdait pas sa peine à le tourmenter. […] Il était persuadé d’avoir travaillé à corrompre les mœurs, à perdre les âmes.

1589. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Mais à peine a-t-il retrouvé la raison, qu’il la perd de nouveau à la vue d’Hippolyte. […] Il est regrettable que l’exemplaire de Ronsard, qu’il avait annoté de sa main, ait été perdu mais on a retrouvé celui de Desportes. […] Du reste, au témoignage de Racan, loin d’avoir aucun orgueil dans le privé, il faisait plutôt de fréquents retours de mépris philosophique pour les choses mêmes dont il avait le plus sujet d’être vain ; pour la noblesse, quoique la sienne fût antique ; pour la poésie même, dans les moments où il craignait d’y avoir perdu sa peine.

1590. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Maintenant, en effet, une musique qui n’a de cet art que l’observance des lois très complexes qu’il se dicte, mais exprime d’abord le flottant et l’infus, confond les couleurs et les lignes du personnage avec les timbres et les thèmes en une ambiance plus riche de Rêverie que tout air d’ici-bas, déité costumée aux invisibles plis d’un tissu d’accords ; ou va l’enlever de sa vague de Passion, au déchaînement trop vaste pour un seul, le précipiter, le tordre : et le soustraire à sa notion, perdue devant cet afflux surhumain, pour la lui faire ressaisir quand il domptera tout par le chant, jailli dans un déchirement de la pensée inspiratrice. […] Et tous ces menus détails, le palais, le lac, la grande salle d’hôtel remplie de figures étrangères et résonnante d’une langue que je comprenais mal, tout cela se perd dans le rayonnement de la représentation dont les moindres détails sont demeurés gravés en moi. […]   Brünnhilde est, de nouveau, perdue en la contemplation du cadavre :   — « Comme le Soleil, purement, sa lumière me rayonne : le plus pur il était, lui qui m’a trahie : trompant l’épouse, — fidèle à l’ami, — de la propre aimée, la seule chère à lui, il s’est séparé par son épée.

1591. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Faut-il s’applaudir, comme on le fait généralement, de ne perdre aucune des paroles que prononce M. van Dyck ? […] Deux amants qui perdent leurs moments à maudire le jour, à chanter la nuit et à invoquer la mort, deux amants, surtout, qui se sentent séparés par des vétilles de morale conventionnelle, lorsque leur impérieux devoir serait de propager l’espèce, c’est pour ce philosophe un spectacle absurde et essentiellement immoral. […] L’absence de loges particulières et la riche décoration de la loge grand-ducale lui donnent tout à fait l’apparence d’un théâtre de cour, et l’effet général est loin d’y perdre.

1592. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Dans l’une des rares rencontres où j’ai eu le plaisir de voir M. de Latouche, je lui ai entendu raconter une petite anecdote que je retrouve consignée par lui-même dans un de ses nombreux écrits ; car s’il contait bien, il n’aimait point à perdre ses récits ni ses jolis mots. […] Qu’on relise aujourd’hui le fameux article sur « La camaraderie littéraire » (Revue de Paris, octobre 1829), et qu’on dise si ce qu’il pouvait y avoir de sensé dans l’idée générale n’est pas compromis et comme perdu dans un tissu d’allusions entrecroisées et de personnalités inextricables. […] À dater de cette défaite, il sentit que sa partie d’artiste était perdue et qu’il n’aurait jamais son jour.

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