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524. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Jean Lahor (Henri Cazalis). »

Elle produit et justifie à la fois l’inertie voluptueuse, la charité, le détachement, — même l’héroïsme par la conscience de notre solidarité profonde avec l’univers, et par la soumission volontaire aux fins du Dieu insaisissable et immense dont nous sommes la pensée. […] Le bouddhisme, enfin, est le meilleur baume à la pensée souffrante… Quel bonheur, quand on y songe, que tout ne soit que rêve et vanité ! […] Et ce cri vers Dieu : Tout affamé d’amour, de justice et de bien, Je m’étonne parfois qu’un idéal se lève Plus grand dans ma pensée et plus pur que le tien ! […] Après l’avoir relu, je le mets décidément à l’un des meilleurs endroits de ma bibliothèque, non loin de l’Imitation, des Pensées de Marc-Aurèle, de la Vie intérieure et des Épreuves de Sully-Prudhomme  dans le coin des sages et des consolateurs.

525. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1826 »

La pensée est terre vierge et féconde dont les productions veulent croître librement, et, pour ainsi dire, au hasard, sans se classer, sans s’aligner en plates-bandes comme les bouquets dans un jardin classique de Le Nôtre, ou comme les fleurs du langage dans un traité de rhétorique. […] Des fautes de langue ne rendront jamais une pensée, et le style est comme le cristal : sa pureté fait son éclat. […] Si vous y ensevelissez vos facultés natives, votre imagination, votre pensée, elles n’en sortiront pas. […] C’est que ces deux livres vénérables, les premiers de tous par leur date et par leur valeur, presque aussi anciens que le monde, sont eux-mêmes deux mondes pour la pensée.

526. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

On suit, avec un intérêt respectueux, sinon affectueux, ce front sévère, opiniâtre, assiégé de doutes, d’ambitions, de pensées nocturnes qui le battent de leurs ailes. […] Cette œuvre, grande par la pensée, sévère par l’exécution, attachante mais trop compliquée par la fable, nous paraît ce que M.  […] De tous les recueils lyriques de Victor Hugo, les Feuilles d’automne sont probablement le seul qui restera, car c’est le seul où se révèlent des pensées sérieuses. […] Je n’en sache pas un dont la pensée lui soit propre ; je n’en sache pas un où il ait crié le premier, du haut du mât de misaine : Italie ! […] Je salue en Victor Hugo le Maître généreux et sublime qui a proclamé « le devoir de la pensée humaine envers l’homme ».

527. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Mais comme la Pensée, la sérieuse et noble Pensée, se détourne tranquillement de tout cela ! […] Ils participent de l’immortalité de la pensée. […] Pour le fond de sa pensée, c’était, de métier, un sophiste, et de forme, c’était un rhéteur. […] Par ce côté-là, le monde de la pensée se ferme, et si on veut marcher encore, il faut remonter vers la Vérité ! […] C’est la pensée, — comme son temps la comprenait, — c’est la science de son temps qui le pervertirent.

528. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

La pensée n’y perdrait rien de sa pointe, mais l’étincelle ne jaillirait pas. […] Ceux qui savent auront vu déjà que je ne fais que réunir, filtrer, orchestrer les pensées d’autrui. […] Pourquoi ajouter aussitôt « rythme d’une pensée », alors qu’à déclencher et à régler le rythme d’une pensée quelconque, même sublime, la simple logique — c’est-à-dire la prose — suffit ? […] Pensées, images, sentiments, c’est une série indéfinie d’ondulations. […] Mais les certitudes où la pensée des poètes-en tant que pensée-nous mène parfois, n’ont qu’un intérêt médiocre).

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