Elle produit et justifie à la fois l’inertie voluptueuse, la charité, le détachement, — même l’héroïsme par la conscience de notre solidarité profonde avec l’univers, et par la soumission volontaire aux fins du Dieu insaisissable et immense dont nous sommes la pensée. […] Le bouddhisme, enfin, est le meilleur baume à la pensée souffrante… Quel bonheur, quand on y songe, que tout ne soit que rêve et vanité ! […] Et ce cri vers Dieu : Tout affamé d’amour, de justice et de bien, Je m’étonne parfois qu’un idéal se lève Plus grand dans ma pensée et plus pur que le tien ! […] Après l’avoir relu, je le mets décidément à l’un des meilleurs endroits de ma bibliothèque, non loin de l’Imitation, des Pensées de Marc-Aurèle, de la Vie intérieure et des Épreuves de Sully-Prudhomme dans le coin des sages et des consolateurs.
La pensée est terre vierge et féconde dont les productions veulent croître librement, et, pour ainsi dire, au hasard, sans se classer, sans s’aligner en plates-bandes comme les bouquets dans un jardin classique de Le Nôtre, ou comme les fleurs du langage dans un traité de rhétorique. […] Des fautes de langue ne rendront jamais une pensée, et le style est comme le cristal : sa pureté fait son éclat. […] Si vous y ensevelissez vos facultés natives, votre imagination, votre pensée, elles n’en sortiront pas. […] C’est que ces deux livres vénérables, les premiers de tous par leur date et par leur valeur, presque aussi anciens que le monde, sont eux-mêmes deux mondes pour la pensée.
On suit, avec un intérêt respectueux, sinon affectueux, ce front sévère, opiniâtre, assiégé de doutes, d’ambitions, de pensées nocturnes qui le battent de leurs ailes. […] Cette œuvre, grande par la pensée, sévère par l’exécution, attachante mais trop compliquée par la fable, nous paraît ce que M. […] De tous les recueils lyriques de Victor Hugo, les Feuilles d’automne sont probablement le seul qui restera, car c’est le seul où se révèlent des pensées sérieuses. […] Je n’en sache pas un dont la pensée lui soit propre ; je n’en sache pas un où il ait crié le premier, du haut du mât de misaine : Italie ! […] Je salue en Victor Hugo le Maître généreux et sublime qui a proclamé « le devoir de la pensée humaine envers l’homme ».
Mais comme la Pensée, la sérieuse et noble Pensée, se détourne tranquillement de tout cela ! […] Ils participent de l’immortalité de la pensée. […] Pour le fond de sa pensée, c’était, de métier, un sophiste, et de forme, c’était un rhéteur. […] Par ce côté-là, le monde de la pensée se ferme, et si on veut marcher encore, il faut remonter vers la Vérité ! […] C’est la pensée, — comme son temps la comprenait, — c’est la science de son temps qui le pervertirent.
La pensée n’y perdrait rien de sa pointe, mais l’étincelle ne jaillirait pas. […] Ceux qui savent auront vu déjà que je ne fais que réunir, filtrer, orchestrer les pensées d’autrui. […] Pourquoi ajouter aussitôt « rythme d’une pensée », alors qu’à déclencher et à régler le rythme d’une pensée quelconque, même sublime, la simple logique — c’est-à-dire la prose — suffit ? […] Pensées, images, sentiments, c’est une série indéfinie d’ondulations. […] Mais les certitudes où la pensée des poètes-en tant que pensée-nous mène parfois, n’ont qu’un intérêt médiocre).