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504. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Il est aussi peintre que le peintre, et plus court que l’abréviateur. […] Car la matière des poëtes n’est pas la même que celle des peintres. […] Le poëte remplace ici les couleurs du peintre par des mots passionnés qui font plaindre « les pauvres servantes. » Il montre l’âme, au lieu du corps ; c’est la différence de la poésie et de la peinture.

505. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Mercredi 20 janvier Paul Baudry a été tour à tour Corrégien, Véronésien, mais n’a jamais eu de signature à lui, en dépit d’un tempérament de vrai peintre. […] Dimanche 7 mars Le peintre Ziem, dont la parole parfois s’emballe, mais qui est toujours toute pleine d’inattendu, de trouvailles originales, arrive le premier au grenier, et se met à parler du charme de la voix des phtisiques, de cette voix de baryton qu’il a connue à Chasseriau, mort de la poitrine, de cette voix de caresse, qui est comme un suprême enlacement autour des êtres et des choses de la terre, de cette voix, dont déjà les microbes tuberculeux et tumulaires font, comme un râle du sentiment. […] Je m’assois dans le petit cabinet de travail, où sont Huysmans, Vidal, un peintre impressionniste. […] Mercredi 7 avril Je ne sais plus qui me contait, ces jours-ci, la fin de Servin, de ce peintre que j’ai connu du temps de Pouthier, et qui a peint quatre ou cinq tableaux, entre autres « Une Étable », qu’on pourrait prendre pour les tableaux d’un grand maître flamand.

506. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Ce qui distingue un peintre d’un autre peintre, c’est ce qu’ils savent apercevoir l’un et l’autre de différent dans un même modèle. […] Commynes a peu de préjugés, ce qui est toujours une excellente condition pour écrire l’histoire ; il a de l’expérience ; et surtout il a vécu dans la familiarité de l’un des modèles les plus originaux que jamais peintre ait rencontrés. […] II, 6, par exemple, et V, 18]. — Mais ils ne sont pas d’un peintre [Cf. 

507. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Vous diriez que ce contemplateur est peut-être un peintre, un paysagiste, à qui il suffit, comme au Canaletto, d’observer, pour les reproduire, les couleurs et les transparences, mais que, certes, ce n’est pas un vrai savant. Le psychologiste en question peut se faire, selon moi, l’application de l’image : si ingénieux qu’il soit comme observateur, il n’a qu’une science de reflets et de miroitements, et, avec cela, il n’est pas peintre. — (Voir La Fontaine, et comment pour l’étude de l’homme, pour la connaissance de l’esprit, il était loin de s’interdire l’observation des animaux et les comparaisons tirées de l’histoire naturelle, fable première du livre X.)

508. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Le portrait saillant, ineffaçable, qu’a tracé de lui Saint-Simon en sa fureur de peintre, reste dans les yeux, et empêche qu’on ne soit tenté de regarder le personnage en lui-même et d’une vue plus reposée. […] Quiconque a dit : Et moi aussi je suis peintre, que ne donnerait-il pas pour qu’il lui fût permis de contempler un instant ou Michel-Ange ou Raphaël le pinceau à la main, et tout entier suspendu à sa toile ou à sa paroi sublime ?

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