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659. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Inutile de dire qu’ils ont facilement raison les uns des autres : car les novateurs opposent aux conservateurs des misères évidentes, auxquelles il faut absolument un remède, et les conservateurs n’ont pas de peine à démontrer aux novateurs qu’avec leur système il n’y aurait plus de société. […] En vérité, serait-ce la peine de sacrifier sa vie et son bon-heur au bien de la société, si tout se bornait à procurer de fades jouissances à quelques niais et insipides satisfaits, qui se sont mis eux-mêmes au ban de l’humanité, pour vivre plus à leur aise ? […] Cela devient par la suite un obstacle, quand il faut briser ; mais dites donc aussi qu’on ne devrait bâtir que des chaumières de boue ou des tentes susceptibles d’être enlevées en une heure et qui ne laissent pas de ruines, parce qu’en bâtissant des palais on aura beaucoup de peine quand il faudra les démolir.

660. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

On comprend sans peine que les deux littératures correspondant à ces deux conceptions de l’amour et de la famille soient séparées par une large distance. […] Et cela se comprend sans peine. […] Il a créé la mère amie et sœur aînée de sa fille92. « Je n’ai point d’ordres à vous donner, ma fille, dit Mme Argante ; je suis votre amie, et vous êtes la mienne ; et si vous me traitez autrement, je n’ai plus rien à vous dire. » Il est donc convenu que les deux amies n’ont plus de secret l’une pour l’autre ; la plus âgée met seulement son expérience au service de la plus jeune, et comme celle-ci hésite à lui confier ses peines : « Ah !

661. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Cette maniere de procéder est si peu conforme à la droiture & à la décence, que les Esprits les plus bornés ont démêlé sans peine l'intention coupable de l'Auteur. […] Vos loix & les peines attachées à leur transgression, sont de foibles digues pour arrêter les méchans ; l’espoir de soustraire leurs crimes à la connoissance des Magistrats, les enhardit à les commettre. […] Comme l’ordre de la Société exige pour son propre soutien de la subordination, de la dépendance, de la fatigue ; comme la corruption de l’humanité répand sur le général & sur les particuliers, des afflictions, des peines, des travaux, des oppressions, des injustices : quel homme pourroit se soumettre aux rigueurs d’un partage si cruel à la Nature, sans une lumiere qui lui apprît à supporter les amertumes de son sort ; sans un contrepoids qui réprimât les soulévemens d’une sensibilité trop souvent juste ; sans une loi de soumission qui lui fît accepter, par des vûes sur-humaines, tout ce qui peut blesser son esprit & révolter son cœur ?

662. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Le dogme brahmanique de la transmigration indéfinie des âmes lui semble une aggravation éternelle de cette peine de vivre infligée à l’homme. […] Sa plaie saignait sous le cilice, comme sous la ceinture relâchée. — « Ce qui vous fait peine, Stagyre, — lui écrit le saint, — c’est de voir que beaucoup d’hommes qui étaient tourmentés par le démon de la tristesse, quand ils vivaient dans les plaisirs, s’en sont trouvés tout à fait guéris, une fois qu’ils ont été mariés et qu’ils ont eu des enfants, tandis que vous, ni vos veilles, ni vos jeûnes, ni toutes les austérités du monastère n’ont pu soulager votre mal. » Et il ajoute ce mot profond : « Le meilleur moyen de se délivrer de la tristesse, c’est de ne point l’aimer. » Le christianisme, en sanctifiant cette tristesse, ouvrit un refuge aux désabusés du vieux monde. […] A peine introduite dans ce saint des saints de la royauté, la jeune fille sent sa douleur se calmer et son désespoir s’endormir.

663. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

les misérables peines de l’amour-propre et les jeux puérils de l’esprit. […] Une idée se dessine déjà : M. de Chateaubriand, en poète qu’il est, regrette la jeunesse, et il la veut remplacer du moins par quelque chose de grand, de sérieux, d’occupé, et qui en vaille la peine ; il veut de l’éclat et de la gloire pour se rajeunir. […] Ne croirait-on pas, en vérité, qu’on lui a offert une couronne et qu’il a eu toutes les peines du monde à s’y dérober ?

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