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622. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Dans ses meilleurs projets pour le bien du pays, notamment en tout ce qui tenait aux travaux publics, il avait rencontré la Loi comme un obstacle infranchissable. […] Il rentra dans le prétoire, s’informa de quel pays était Jésus, cherchant un prétexte pour décliner sa propre compétence 1147. […] Aujourd’hui encore, dans des pays qui se disent chrétiens, des pénalités sont prononcées pour des délits religieux.

623. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

Pour comprendre, il suffit de comparer la situation politique des deux pays ; en France : Philippe-Auguste, saint Louis et Philippe le Bel ; en Italie : la catastrophe de Frédéric II ; il semblait désigné pour faire de l’Italie une nation ; les lettres et les sciences florissaient à sa cour, et sa mémoire est encore bénie par Dante ; mais le pape l’a vaincu, Manfred tombe à Bénévent, et Conradin livre sa tête blonde au bourreau. […] On a souvent remarqué que l’Italie n’a guère connu la féodalité, ou du moins ne l’a pas vécue aussi complètement que d’autres pays ; les villes (communi) y échappent, et ce sont ces villes qui commandent à l’évolution générale ; de là une persistance de l’idée romaine qui explique à son tour que la Renaissance se prépare en Italie, et non ailleurs, dès le xive  siècle. […] Français, Allemands, Espagnols et Autrichiens, rois et papes, se sont coalisés pendant plus de mille ans pour asservir ce pays qu’on appela « la terre des morts ».

624. (1930) Le roman français pp. 1-197

Une autre raison de cette différence entre la littérature anglaise et la nôtre est que, en pays catholique, le seul clergé s’attribue le monopole de la conduite morale des âmes, tandis que, en pays protestant, celle-ci devient l’affaire de tout le monde. […] Et dans tous les pays protestants ! […] Mais il avait tort pourtant : dans le cas d’une guerre, on doit rester, quoiqu’il en coûte à sa conscience, de l’équipe, du team de son pays. […] » Mais la France est le pays des « catégories », depuis surtout la période napoléonienne. […] Enfin, le grand état-major allemand a conduit son pays aux abîmes.

625. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

. — Vous savez que Thiers m’emmène avec lui en Égypte… Oui, il veut y aller… il me disait, ce matin : c’est un pays extraordinaire, un pays extraordinaire… tout à fait extraordinaire… il n’y a rien à craindre pour la santé… Fromentin. — L’Égypte, l’Égypte, je suis tourmenté de l’idée d’écrire quelques pages sur ce pays… Figurez-vous, mon cher de Goncourt, une terre tourbeuse, quelque chose ! […] À mesure qu’il parle de ce pays, le blanc de ses yeux s’agrandit dans son exaltation, ou bien, les yeux fermés, la tête renversée en arrière, il se touche le front de l’index. […] Non, je ne suis jamais tombé sur un homme, ayant emporté d’un pays, une réminiscence plus gardeuse de tous les détails à demi-cachés et presque secrets, qui en font le caractère intime. […] Bonne fille et adroite marchande, que cette blanche juive, ayant fait une révolution au Japon, par la transparence de son teint, et que les fiévreux du pays, auxquels elle donnait de la quinine, croyaient très sincèrement la Vierge Marie, visitant l’Extrême-Orient. […] Il a longuement parlé de la putréfaction des villes, de l’aspect cimetièreux des campagnes, de la tristesse morne et de l’ennui désolé, qui se dégagent de tout le pays.

626. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Il y a de la poésie dans la rue par laquelle je passe tous les jours et dont j’ai pour ainsi dire compté chaque pavé, mais il est beaucoup plus difficile de me la faire sentir que celle d’une petite rue italienne ou espagnole, de quelque coin de pays exotique. […] Le second moyen d’échapper au trivial tout en peignant le réel, c’est de déplacer l’imagination dans l’espace, c’est de reporter les événements dans des milieux ou des pays plus ou moins inconnus de nous. Ce procédé est celui qui inspire les descriptions de la nature, depuis les simples campagnes des diverses régions de notre France jusqu’aux pays exotiques. […] Exemple, un palanquin ; nous voilà transportés dans l’Orient des merveilles : toutes nos idées, assez vagues en soi, nous paraissent aussitôt charmantes ; l’impression ne serait plus la même s’il s’agissait d’une vulgaire chaise à porteurs de nos pays, où nous voyons tout de suite un malade étendu. […] Si donc il vient à le transporter en pays inconnu, à lui parler uniquement de ce qu’il ignore, la besogne se simplifie : le lecteur ne saura, ne verra, n’entendra que ce qui lui sera dit et montré ; n’associera que les idées voulues par l’écrivain : rien ne viendra à rencontre des effets ménagés ; il sera en quelque sorte au pouvoir de l’écrivain.

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