Quant à l’imagination, elle y déborde ; le Romain en était sobre, parce qu’il en était pauvre. […] « C’est l’heure de ceindre, d’enlacer à nos cheveux ou le myrte vert ou les fleurs nouvelles que la terre attiédie fait éclore. » Puis, tout à coup, passant sans transition de ces images de toutes les choses renaissantes qui convient les sens à jouir à la pensée de la mort qui commande aux vivants de se hâter de vivre : « La pâle Mort, s’écrie-t-il dans un vers d’un accent aussi funèbre qu’inattendu, la pâle Mort secoue d’un pied indifférent la porte de la cabane du pauvre ou des tours des palais des rois ; là, heureux Sextius, la brièveté de la vie nous interdit de concevoir les longues espérances. […] « Que tu sois riche ou né de la race antique d’Inachus, ou pauvre et issu d’une famille obscure qui supporte le poids du jour, tu mourras victime dévouée au dieu qui ne pardonne pas. […] Mécène, en les lisant, enviait Horace, car le laboureur de Sabine, c’était évidemment Horace lui-même ; il ne lui manquait que la chaste épouse et les enfants, ces deux âmes du foyer, ces richesses du pauvre ; mais nous avons vu qu’Horace, dans l’été de sa vie, ne les avait pas méritées ; il avait préféré le plaisir au bonheur : son isolement l’en punissait. […] Ils changent de ciel, et non d’âme, ceux qui naviguent au-delà des mers ; ce que tu vas chercher si loin, le bonheur, est ici : il est même à Ulubria. » XIX « Celui-là n’est jamais pauvre qui ne manque pas des choses nécessaires à la vie, continue-t-il dans la petite lettre en vers à Iccius.
L’un, l’aîné, était le comte Joseph de Maistre, esprit original, paradoxal, superbe, déclamateur, fanatique, qui a laissé une immense réputation à réviser par son parti, homme de phrases magnifiques, mais de livres tantôt équivoques, tantôt scandaleusement faux, grand écrivain, pauvre philosophe. […] C’est, lui dit-il dans sa lettre, la simple histoire d’un pauvre homme malade, relégué du monde par une infirmité contagieuse, qu’on appelle la lèpre, qu’on soignait jadis dans les léproseries qui sont éteintes partout, mais qui subsiste encore aujourd’hui dans nos hautes montagnes. […] Il sondait de l’œil les plus pauvres chaumières, les masures les plus délabrées des fortifications, pour y découvrir quelques distractions à sa solitude. […] Ainsi, pauvre malheureux, vous souffrez à la fois tous les maux de l’âme et du corps ? […] Depuis quelques années un petit chien s’était donné à nous : ma sœur l’avait aimé, et je vous avoue que depuis qu’elle n’existait plus ce pauvre animal était une véritable consolation pour moi.
Lisons : Pendant les guerres entre deux peuplades dont l’une est exterminée, un pauvre brahmane reçoit par charité, dans sa maison, deux jeunes vaincus et leur mère, qui cherchent à se dérober aux vainqueurs ; la ville qu’habitait le pauvre brahmane était gouvernée par Bahas, chef cruel qui avait imposé un tribut de sang à la contrée soumise. […] Tu peux nourrir et protéger ces deux enfants ; je suis incapable par mon sexe de le faire… Ainsi que les oiseaux dans leur faim s’ébattent sur la semence qu’on a répandue sur un champ, ainsi les hommes s’approchent d’une pauvre femme privée de son époux… S’ils m’obsèdent de leurs prières, serai-je coupable de me maintenir toujours dans cette rectitude de conduite que toute âme vertueuse doit suivre ? […] » L’écuyer resserre les rênes, un ermite paraît, joignant les mains en signe de supplications pour le pauvre animal. […] Pauvre petit, pourquoi t’attacher encore à une ingrate qui se résout ainsi à abandonner le compagnon de ses jeux ?
« Pauvre animal fourchu ! […] Pauvre Guy de Maupassant, Bandello d’une époque plate ! […] Il y a un caractère de pauvre révolté d’un relief et d’une puissance incomparables. […] Il y a enfin un riche qui quitte sa famille et ses biens pour venir aux pauvres et que les pauvres tuent afin d’affirmer l’infranchissable abîme qui les sépare de leurs oppresseurs, et je ne vois guère d’analogue à cette scène que dans les grands tragiques anglais. […] Mme Dargelle s’éprend du secrétaire de son mari, se l’avoue à peine, languit et meurt, pauvre fleur non respirée.
Pauvre Descartes, avec sa table rase, ses tourbillons et autres cauchemars saugrenus ! […] Pauvre roi ! […] C’est une cité noble et pauvre, de grande mine, de vie chétive, de silence religieux. […] Quand le pauvre saint Antoine lui crie : « Va-t’en, bête ! […] Pauvre Durtal !