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553. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Excepté cette comique idée de faire de nos fils des ouvriers sur toute la ligne, — pas tous Auvergnats, mais tous ouvriers, — il n’y a positivement… rien dans le pauvre Michelet ! […] Imagination forte, sensibilité exaltée, mais raison débile, Michelet, ce pauvre moraliste-législateur, était aussi goulu de spectacles pour le compte du peuple français que le peuple romain tout entier, dont ce fut la dépravation… Et cependant, chrétien encore, Michelet, l’homme du Cours de 1847, s’est souvenu — n’en doutez pas !  […] Le gouvernement du temps le suspendit et il ne fut pas repris, mais il avait été préparé dans l’hypothèse où il pourrait l’être… Ce Cours, que ses amis n’auraient pas dû publier, nous apprend mieux, à nous, ce que nous savions en le résumant, en nous montrant en une seule fois le bloc d’idées de Michelet, qui n’est pas bien gros, comme vous le voyez… L’éclatant et criminel historien qu’est souvent Michelet quand il tient les faits sous sa plume et qu’il les colore à son gré, cachait, avant ce Cours, l’inanité du philosophe, de ce pauvre inventeur en ressources et en médications sociales qui n’a pas de système, mais de vagues aspirations vers une fraternité que le Christianisme a pu, seul, établir, dans un monde si évidemment en chute, qu’en y faisant intervenir Dieu. […] Et le pauvre enfant pédantesque qui conte ces belles choses, et qui n’était pas, en 1847, encore dans la seconde enfance de la vieillesse, c’est Michelet !

554. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

Il y avait au xviiie  siècle un officier irlandais au service de France, noble et pauvre comme tous les Irlandais. […] Depuis qu’évincé de la politique au 2 décembre, sorti pauvre des affaires industrielles où il s’était engagé, atteint de plus de la plus triste des infirmités qu’il tâcha longtemps de se dissimuler à lui-même, M. d’Alton-Shée s’est tourné vers les lettres et s’est mis à écrire, il avait d’abord pensé au théâtre.

555. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

Le riche Voltaire se plaît à clouer nos regards sur la vue des malheurs inévitables de la pauvre nature humaine. […] Ces pauvres gens, impuissants à créer, prétendent à l’esprit, et ils n’ont point d’esprit.

556. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre III. Du récit des faits. — Antécédents et conséquents. — Causes et effets »

Ainsi a fait Michelet dans le récit de la première crise qui troubla la raison du pauvre roi Charles VI : C’était le milieu de l’été, les jours brûlants, les lourdes chaleurs d’août. […] Seul il traversait les ennuyeuses forêts du Maine, de méchants bois pauvres d’ombrage, les chaleurs étouffées des clairières, les mirages éblouissants du sable à midi.

557. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

Il se dit : « Vivre pour les autres, oui, c’est là le but de la vie. » Il nous raconte alors l’histoire d’une vieille demoiselle qu’il a connue dans son enfance, qui a passé ses jours à se dévouer, et qui, seule, paralytique, presque pauvre, sans une joie extérieure, a vécu sereine à force de résignation, de douceur et de charité. […] Et il est tout à fait désolé parce qu’il ne peut le réciter que des lèvres… Le pauvre homme !

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