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429. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

Mais l’intérieur de ces vieilles poitrines de grimpeurs de montagnes ou du cœur de rose de cette fillette, mais la manière de concevoir et de sentir la vie de ce mâle et pauvre curé qui, son bréviaire récité, sa messe dite, se rappelant qu’il est un robuste fils des Alpes, s’en va faire la guerre aux oiseaux du ciel pour nourrir les pauvres de la terre, voilà ce que l’on voudrait voir, voilà ce que Topffer ne nous montre pas avec assez de détails et ce qui n’aurait pas échappé à Sterne, par exemple, ce grand moraliste qui sait aussi fixer en trois hachures un paysage d’un ineffaçable fusain, grand comme l’ongle, mais infini d’expression, et qui reste à jamais, dès qu’on l’a vu, dans la mémoire, comme une pattefiche dans un mur !

430. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Charles Monselet »

Le pouce cruel de la Réalité appuie souvent sur la gorge du pauvre rouge-gorge qui ne demandait qu’à chanter, et empêche le son de sortir. […] Ou ailleurs (dans Seule) : Son cœur, son pauvre cœur jusqu’à la mort fidèle, S’était pris sans espoir d’un amour éclatant !

431. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Quand Pandarus lui apporte pour la première fois une lettre de Troïlus, elle refuse d’abord, elle a honte de l’ouvrir ; elle ne l’ouvre que parce qu’on lui dit que le pauvre chevalier va mourir. […] « Que j’ai eu de peine pour toi, mon pauvre Thomas ! […] , j’aurais encore bien ma suffisance : je suis homme de petite chère ; mon esprit a son réconfort dans la Bible  » ; mon corps est si rompu par les veilles, « que j’ai l’estomac tout détruit. » Le pauvre homme ! […] La pauvre petite source poétique coule encore en minces filets diaphanes sur les cailloux lisses, et murmure avec un joli bruissement si faible, que parfois on ne l’entend pas. […] Ils se raillent eux-mêmes, grotesquement et lugubrement : pauvres figures plates et vulgaires, entassées dans un navire, ou qu’un squelette grimaçant fait danser au son du violon sur leur tombe.

432. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Il était comédien, un des « pauvres comédiens de Sa Majesté. […] Et qu’est-ce que pourrait faire le pauvre John Falstaff dans ce siècle de perversité ! […] —  Oui, pauvre ombre, tant que la mémoire aura un siége — dans ce monde détraqué. […] Ne tenez-vous qu’à savoir si le pauvre marchand de Venise échappera au couteau de Shylock ? […] Pauvre monde que le nôtre !

433. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Et il se souvient que dans ce pauvre village naquit Claude Gelée. […] Pauvre Mort ! […] — Pauvre hellénisme ! […] C’est qu’il est fort pauvre, et comme dit Theognis : « Chacun honore le riche, chacun méprise le pauvre. […] Je suis un pauvre moine, et je meurs de faim.

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