Mais les problèmes moraux, toutes les passions humaines furent tour à tour soulevés et déchaînés. […] À de tels esprits chez qui domine la culture et la politesse, n’allez pas demander de grandes passions ou des enthousiasmes profonds. […] On voulait voir des héros partout, on exagérait les traits de Triboulet, on creusait ses rides, on exaltait ses passions, afin d’en faire un dieu. […] On précipitait les intrigues, on faisait se heurter les passions pour plus de pathétique. […] Je ne connais que lui qui possède à ce degré la passion de la symétrie.
Une telle haine n’est pas de la passion, c’est de la justice. […] C’était la figure d’une passion ; grand, maigre, pâle, creusé de joues, serré de lèvres, fiévreux d’accent, un feu terne et un peu oblique dans l’œil, cherchant toujours la solitude et s’y fuyant bientôt lui-même, puis fuyant le monde aussitôt qu’il l’avait entrevu. […] Il a inspiré de grandes passions et de longues amitiés. […] Tout ce qui avait une pensée, une passion et un rêve avait une plume. […] Il en perçait à droite et à gauche les assemblées ; sur l’une était écrit raisonnement ; sur l’autre sarcasme ; sur celle-ci grâce ; sur celle-là passion !
Le médiocre jeune homme dont ce livre est l’histoire est vulgaire, et tout autour de lui l’est comme lui, amis, maîtresses, société, sentiment, passion, — et de la plus navrante vulgarité. […] Je suis de ceux qui croient que la passion qui embrase les mots les purifie, comme le feu allumé purifiait les lèvres du prophète. Mais, ici, il n’y a ni passion, ni feu, ni prophète ; Flaubert n’en est pas un ! […] de ce grand homme, de sa force, de ses combats contre des passions grandes comme lui, et des interrègnes de ses batailles avec la nature humaine déchue, grondant toujours et révoltée quelquefois en son âme, surnaturalisée par la pénitence et par la sainteté. […] Par là, il est un des premiers de ceux-là qui s’appellent actuellement les naturalistes, et par là aussi, par la sécheresse de la description dans sa manière de peindre la passion humaine, il se rallie à ceux qui n’en ont jamais parlé éloquemment ou poétiquement le langage, mais qui l’ont crachée, froide et répugnante, dans leurs écrits inanimés.
Il avait apporté à La Chênaie une peine secrète de cœur, je ne dis pas une passion, mais un sentiment. […] Et pour dire ici tout ce que nous pensons, Guérin n’était pas fait pour les grandes et violentes passions de l’amour. […] Il n’est pas fait pour ces passions où l’on dit : Vous aimer, vous voir, ou cesser d’exister ! […] Le talent est une tige qui s’implante volontiers dans la vertu, mais qui souvent aussi s’élance au-delà et la dépasse : il est même rare qu’il lui appartienne en entier au moment où il éclate ; ce n’est qu’au souffle de la passion qu’il livre tous ses parfums.
Cependant le grand-père maternel et subrogé tuteur de Molière, Louis de Cressé, ce riche bourgeois, aimait, dit-on, la comédie avec passion et menait souvent le petit Poquelin à l’hôtel de Bourgogne ; l’hôtel de Bourgogne où se tenait le théâtre, rue Mauconseil, n’était pas loin de la rue Saint-Honoré, ni des Halles. De plus, les confrères de la Passion qui, dépossédés du droit de jouer eux-mêmes sur leur théâtre depuis près d’un siècle, demeuraient propriétaires et entrepreneurs avec privilège, s’étaient, en louant leur salle, réservé une loge avec « le lieu au-dessus de ladite loge appelé le paradis. […] On a les noms de tous ces fils de famille que l’amour du plaisir et la passion de l’art associent dans une entreprise commune, assez brillante au début, mais tournant vite à la ruine. […] c’est sans doute aimer avant tout l’élégance, la grâce, le naturel et la vérité (au moins relativement), la sensibilité, une passion touchante et charmante ; mais n’est-ce pas cependant aussi, sous ce type unique de perfection, laisser s’introduire dans son goût et dans son esprit de certaines beautés convenues et trop adoucies, de certaines mollesses et langueurs trop chères, de certaines délicatesses excessives, exclusives ?