Son effroyable héros, dans l’âme de qui se passe le drame, ne se raconte pas, mais c’est sous la pression d’événements noués habilement autour de lui que l’auteur fait jaillir des éclairs de la vérité qui le torture ! Il s’est rappelé, pour le mettre en action, le mot profond du moraliste : « Tout ce qu’on ne dit pas n’en existe pas moins, et tout ce qui est se devine. » Clément (l’assassin du Pont-Rouge) vit avec le renard du Lacédémonien qui lui mange le ventre, et toute sa vie se passe à bien boulonner son gilet de piqué blanc par-dessus. […] Comme un homme atteint d’une folie terrible, il passe ses jours, les minutes de ses jours, à enterrer son crime et à le déterrer, n’allant jamais qu’à moitié de cette horrible besogne, réveillé toujours à temps, épouvanté de ses mains qui creusent, soit pour cacher la vérité, soit pour la faire sortir ; et c’est ainsi qu’écartelé à deux idées d’une égale énergie, qui le déchirent sans le tuer et ne peuvent pas plus sur cette organisation vigoureuse que le rasoir du bourreau sur les articulations de Damiens, il offre le spectacle le plus émouvant qu’un artiste puisse offrir à la contemplation intellectuelle.
L’univers a changé ; arts, sciences, travaux, instruments, guerres, tout est perfectionné, ou du moins tout a pris une forme différente ; la vigueur du corps n’est plus rien, l’intelligence a trouvé l’art de se passer de la force. […] On n’ignore pas que toutes les odes de Pindare sont des éloges de ce genre, et je m’y arrêterai peu ; leur impétuosité, leurs écarts, leur désordre, et surtout les longs détours par lesquels il passe pour trouver ou fuir son sujet, tout cela est connu ; il semble que Pindare a peur de rencontrer ses héros, et qu’il les chante, à condition de n’en point parler. Cependant il a passé sa vie à célébrer des athlètes, mais toujours plein d’enthousiasme pour la victoire et froid pour le vainqueur ; à peu près comme ces hommes qui, ayant le besoin ou l’intérêt de louer, admirent comme ils peuvent, méprisent la personne, et flattent le rang.
Si sans la voir vous passez à côté, elle ne vous poursuivra pas. […] Par le courage de son idéalisme, il fit passer à l’être ce défaut d’être. […] qui passe pour le Qu’il mourût ! […] Il y fait allusion, moyen pour nous induire à la tristesse même du temps qui passe. […] Elle peut se passer de tout sauf de la beauté des mots.
Tels sont les événements que nous avons à passer en revue. […] Mais ayant été destitué il passa à l’opposition. […] Ce n’est pas l’avenir, c’est le passé que je raconte. […] Passez-moi le mot ; il est historique. […] Ils passent d’abord à la cave d’Auerbach.
Elle passa l’année de la Terreur au pays de Vaud, avec son père et quelques amis réfugiés, M. de Montmorency, M. de Jaucourt. […] Ce sont des riens dont l’accent surtout nous frappe, comme par exemple : Dans cette vie qu’il faut passer plutôt que sentir, etc. […] Son jugement sur la Constitution anglaise est formel ; elle croit qu’on peut désormais se passer en France des fictions consacrées par cet établissement aristocratique de nos voisins. […] Elle se désespérait, elle se plaignait d’être calomniée ; elle passait du stoïcisme mal soutenu à la lamentation éloquente ; elle voulait aimer, elle croyait mourir. […] Aux yeux des admirateurs de Jean-Baptiste et de Crébillon, le Temple du Goût passait pour un chef-d’œuvre de faux esprit et d’extravagance.