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1751. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

X Elle vivait alors une partie considérable de l’année dans son petit château du manoir-Giraud, du pays d’Anjou. […] Si l’on veut en connaître tout l’intérêt, il faut le lire en entier ; si l’on veut en déguster le style, lisez seulement les parties purement descriptives de ce bel ouvrage. […] « Dans tous les cas il tuera une partie de lui-même ; mais, pour ces demi-suicides, pour ces immenses résignations, il faut encore une force rare. […] — C’est au législateur à guérir cette plaie, l’une des plus vives et des plus profondes de notre corps social ; c’est à lui qu’il appartient de réaliser dans le présent une partie des jugements meilleurs de l’avenir, en assurant quelques années d’existence seulement à tout homme qui aurait donné un seul gage du talent divin. […] Le rideau tombé, les actes se dévoilent, ils font horreur aux bons sentiments ; mais comme l’Angleterre, pays de la liberté individuelle et audacieuse, est en même temps le pays du paradoxe, une partie de l’opinion des jeunes gens et des femmes se laisse prendre à l’amorce du coup de pistolet et fait de Chatterton un martyr de génie et de vertu.

1752. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

De là, en partie, les pièces baudelairiennes de sa première période — Le Guignon, Le Pître Châtié, Les Fenêtres, L’Azur. […] qu’elle soit l’arabesque la plus fuyante, ou plus imprévisible, et que de la moindre de ses parties me défende à la raison géométrique de déduire la suivante ! […] Le dernier des chapeaux-chinois y joue, dans un orchestre, avec une idéale virtuosité, un morceau où sa partie est composée tout entière de silences. […] Toute cette partie de l’activité intérieure qui pourrait recevoir ce nom : le recours à du futur, demeure au contraire très aiguë chez Mallarmé. […] Elle marque d’une pointe précise, la partie supérieure de l’édifice. « Culte, une loi — tout s’arrête à l’écrit, y revient.

1753. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Après l’avoir écouté avec une sorte de surprise : « Tout ce que je puis vous répondre, monsieur, c’est que M. de Charrière se promène beaucoup dans son jardin, lit une partie du jour, et joue tous les soirs… » Quand j’étais jeune, j’ai cent mille fois répété en arpentant le château de Zuylen : Un esprit mâle et vraiment sage, Dans le plus invincible ennui, Dédaigne le triste avantage De se faire plaindre d’autrui217. […] Cela est bien redoutable. — Théobald, d’accusateur devenu accusé, se sentit plus doux comme plus modeste, et fut reconnaissant à l’excès du silence qu’Émilie voulut bien garder. » La seconde partie des Trois Femmes, qui se compose de lettres écrites du château d’Altendorf par Constance à l’abbé de La Tour, ressemble souvent à des conversations qu’a dû offrir le monde de Mme de Charrière, en ces années 94 et 95, sur les affaires du temps. […] La conclusion de la première partie des Trois Femmes se débat entre l’abbé et la baronne : « Je n’ai pas trouvé, dit Mme de Berghen quand elle revit l’abbé, que vos trois femmes prouvassent quoi que ce soit, mais elles m’ont intéressée. — Cela doit me suffire, dit l’abbé ; mais n’avez-vous pas quelque estime pour chacune de mes trois femmes ?  […] La conclusion de la seconde partie répète la même idée, mais d’un ton moins léger, et avec un certain accent d’élévation dans la bouche de Constance : « Oh ! […] Le plus manifeste exemple de cet égoïsme souverain et radieux, soumettant et même sacrifiant à l’art les relations privées, c’est Gœthe en son Werther :« Il faut, mes chers irrités, écrivait-il aux deux jeunes époux Kestner qu’il y avait mis tout vifs, il faut que je vous écrive de suite pour en débarrasser mon cœur : c’est fait, c’est publié, pardonnez-moi si vous pouvez. » Et bientôt après : « Si vous pouviez sentir la millième partie de ce qu’est Werther pour des milliers de cœurs, vous ne regretteriez pas la part que vous y avez prise… Au péril de ma vie je ne voudrais pas révoquer Werther… Il faut que Werther existe, il le faut… Oh !

1754. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Adonc il arrivait, que le prince après avoir tiré, déposait le fusil qui lui avait servi sur un second fusil qui partait, et allait percer, sous la flottaison, le batelet le plus rapproché et la partie inférieure d’une dame qui était dedans. […] Et c’est pour lui, l’occasion de parler de la partie du Cercle impérial, du temps où on pouvait dire qu’une chaise, pendant une heure, coûtait trente mille francs. […] Lundi 5 mai Un interne d’hôpital disait, que la plus grande partie des femmes du faubourg Saint-Germain étaient des alcoolisées, non par leur fait, mais par le fait de leurs ascendants, et que Potain leur ordonnait de la chicorée : ordonnance dont elles ne comprenaient pas la raison, mais qui avait pour but de leur faire boire de l’eau, beaucoup d’eau. […] Mardi 13 mai Je parlais à une femme de la société, de la correction de la mise, de la simplicité élégante de la toilette des grandes cocotes… « Oui, oui, me répondait-elle, il y a du vrai dans ce que vous dites… Tenez, moi, quand je me suis mariée, je connaissais très peu, même par les livres, le monde interlope… Eh bien, quand mon mari me menait au théâtre, — nous prenions en général des places de balcon, — bientôt je le voyais jeter un regard sur ces femmes dans les loges… Et comme j’ai toujours eu le sentiment de l’élégance, ces femmes je les trouvais mieux mises que moi… Car vous savez, il n’y a pas seulement la question d’argent, il y a une éducation pour la toilette… et en me comparant à elles je me trouvais une petite provinciale… Puis le regard de mon mari, après être resté là, un certain temps, revenait des loges à moi, un rien méprisant, et avec quelque chose de grognon sur la figure… et ça se passait en général aux pièces de Dumas, qui étaient la glorification de ces femmes… Alors aux parties dramatiques de la pièce… je pleurais… je m’en donnais de pleurer… si bien que mon mari, qui après le spectacle, aimait à entrer chez Riche ou chez Tortoni, me jetait de très mauvaise humeur : « Avec des yeux comme vous en avez, c’est vraiment pas possible de s’asseoir dans un café. » Mercredi 14 mai Me voici au vernissage, où je n’ai pu refuser le déjeuner immangeable, auquel se condamnent, tous les ans, les peintres, par leur domesticité d’esprit pour les choses chic. […] Malgré tout ce que je me rappelle de pas gentil à mon égard, j’ai passé une partie de la nuit à penser affectueusement à Burty.

1755. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Il auroit éclairci bien mieux que moi les véritez que je tâche de déveloper, lui qui possede en un dégré éminent le talent le plus précieux dont un homme de lettres puisse être revêtu, je veux dire le don de mettre les connoissances les plus abstraites à la portée de tout le monde et de faire concevoir au prix d’une attention médiocre, les veritez les plus compliquées, même à ceux qui n’étudierent jamais les sciences dont elles font une partie, que dans ses ouvrages. […] Durant long-temps Laurent De Medecis avoit fait à Florence cette dépense roïale qui obligea le monde à lui donner le surnom de magnifique, et la plus grande partie de ses profusions étoient des liberalitez qu’il distribuoit avec discernement à toutes sortes de vertus. […] Comme on est bon sculpteur quand on sçait faire de belles statuës, et comme il n’est pas necessaire pour mériter ce titre, d’avoir mis au jour de ces grands ouvrages dont nous avons parlé dans la premiere partie de nos refléxions, l’on peut dire que la sculpture ne demande point autant de génie que la peinture. […] Dans la même ville, mais en d’autres temps, Raphaël mort aussi jeune que l’étoient ses éleves, avoit formé dans le cours de dix ou douze années une école de cinq ou six peintres, dont les ouvrages font encore une partie de la gloire du maître. […] Ils ont vécu en même-temps que Le Nostre, si célebre pour avoir perfectionné et même créé en quelque façon l’art des jardins, en usage aujourd’hui dans la plus grande partie de l’Europe.

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