Il sépare les gens de bien ; il fait que les uns se mettent avec choix au parti qu’ils estiment le plus juste, et que les autres se trouvent comme ravis et emportés par certains respects et mouvements secrets, qui sont au-dessus d’eux, dans le parti qu’ils approuvent quelquefois le moins. […] Cette exécution du 4 décembre 1591 eut un plein effet : les Seize y perdirent désormais leur autorité et leur force, le parti des honnêtes gens reprit décidément courage ; les colonels de la garde bourgeoise de Paris, dont la grande majorité était modérée, s’entendirent pour désarmer la portion de population qui était au service des Seize. […] Mais l’important était plutôt dans ce qui se faisait au-dehors, dans ce qu’on appelait la conférence de Suresnes, où des envoyés des deux partis se réunissaient pour convenir d’une trêve et des préliminaires de la paix. […] Le duc de Mayenne, lorsque Villeroi lui en parla bientôt dans un sentiment de reproche, répondit par toutes sortes d’excuses, et conclut en ces termes qui peignent au vrai sa situation comme chef de parti, « qu’il priait ses amis de plaindre plutôt sa condition et lui aider à conduire ses affaires à bon port, que de s’offenser de ses actions, étant toutes forcées comme elles étaient ». […] Mais Villeroi eut à traverser des époques périlleuses, où il lui fallut faire preuve de bien autre chose que de tactique parlementaire et d’une grande exactitude et régularité administrative ; il lui fallut la connaissance directe des partis révolutionnaires et des hommes.
L’Église, par une fausse manœuvre qui lui a coûté cher, s’était laissé lier aux partis politiques : elle apparaissait comme la grande ennemie de la liberté et de l’égalité. […] Il eut contre lui tous les partis qui représentaient les formes antérieures du gouvernement : légitimistes, orléanistes, républicains. […] De 1860 à 1870, les orateurs des partis coalisés pour l’opposition ne donnèrent pas de répit aux ministres de l’empire, qui n’avaient pas pour eux la supériorité du talent. […] L’empire renversé, la lutte fut entre les partis, monarchistes contre républicains d’abord, et « cléricaux » contre « anticléricaux ». […] Il disciplina le parti républicain, en calma les impatiences, lui imposa la confiance en M.
Thiers a su en faire jaillir des leçons bien lumineuses, qui nous révèlent de plus en plus la marche de l’humanité et la loi des révolutions : « Les années seules, dit-il, épuisent les partis. […] Il faut que toute une génération disparaisse, alors il ne reste des prétentions des partis que les intérêts légitimes, et le temps peut opérer entre ces intérêts une conciliation naturelle et raisonnable. Mais, avant ce terme, les partis sont indomptables par la seule puissance de la raison. […] Le Directoire était ce gouvernement légal et modéré qui voulut faire subir le joug des lois aux partis que la Révolution avait produits et que vingt-cinq ans n’avaient pas encore épuisés. […] Ici l’historien retrouve la même loi fatale que pour les querelles des partis à l’intérieur, des constituants et des girondins, des girondins et des montagnards.
Quand un homme a mérite d’être envié à son parti par ceux qui le combattaient, il a touché à la véritable gloire, et sa mort est un deuil jusque dans les rangs où son nom portait la terreur. […] Les conspirations de parti, les insurrections et les émeutes allaient provoquer des sévérités et des répressions dont Carrel, placé à l’avant-garde dans l’ordre de la presse, devait supporter le poids. […] Dans l’état des partis, ce rôle personnel et d’isolement armé n’était pas longtemps possible. […] Le lendemain de chaque défaite du parti, il se croyait obligé, par point d’honneur, de venir ramasser les blessés et de couvrir la retraite des violents. […] Enfoncé dans un parti qui ne se composait que de rivalités et de divergences, se considérant comme solidaire avec ceux qu’il ne retenait ni ne dirigeait pas, il ne pouvait se décider cependant à rompre.
Le duc de Rohan sentit, dès le premier moment de cette mort, que son parti était relevé de tutelle ; les réformés perdaient avec Henri IV leur garant et aussi la main puissante qui les contenait. […] Les princes du sang, les Condé, en se convertissant à la religion catholique, n’avaient pas affaibli, selon Rohan, la position des réformés ; car ces princes, s’ils maintenaient le parti, en étaient maintenus et faisaient le plus souvent leurs affaires aux dépens de tous. […] Cependant on ne saurait leur faire à l’un ni à l’autre l’injure de poser cette question, s’ils étaient braves et très braves en effet : mais ils étaient les têtes du parti, et ils avaient à se réserver pour leur cause ; et de plus, comme on l’a très judicieusement observé, ils devaient craindre, non pas de périr les armes à la main de la mort du soldat, mais d’être pris et d’aller finir sur un échafaud en rebelles. […] La troisième guerre commence (1627) ; il est inutile d’en rechercher les prétextes ou les causes que chaque parti se rejette : elle devait immanquablement éclater, la paix de 1626 n’ayant été subie d’un côté et concédée de l’autre qu’avec toutes sortes de sous-entendus et faute de mieux. […] Cet affaiblissement ou adoucissement graduel, tant de mœurs que de croyance, se fit de plus en plus sentir après la décapitation du parti par Richelieu, et cette disposition des esprits, sagement appréciée de Mazarin dans ce qu’il appelait le petit troupeau, aurait dû l’être davantage par Louis XIV ; car il s’ensuivait l’idée et la pratique possible de la tolérance.