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440. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

Arlequin prend la parole et dit : “C’est… c’est… c’est Pantalon. — Au diable le menteur effronté ! […] « — Vous avez promis de m’épouser, dit la pêcheuse en sortant du bois avec Don Juan, je compte que vous tiendrez votre parole. — Cela ne se peut ; demandez à mon confident : cet honnête homme vous en dira les raisons.” […] — Arrête et ne jure plus ; j’aime mieux te croire sur parole. » Arlequin fait encore une infinité de facéties.

441. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVIII. Institutions de Jésus. »

Il est possible que beaucoup de ces paroles aient été prêtées au maître, afin de donner une base à l’autorité collective par laquelle on chercha plus tard à remplacer la sienne. […] Une fois surtout, il se laissa aller, dans la synagogue de Capharnahum, à un mouvement hardi, qui lui coûta plusieurs de ses disciples. « Oui, oui, je vous le dis, ce n’est pas Moïse, c’est mon Père qui vous a donné le pain du ciel 856. » Et il ajoutait : « C’est moi qui suis le pain de vie ; celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif 857. » Ces paroles excitèrent un vif murmure : « Qu’entend-il, se disait-on, par ces mots : Je suis le pain de vie ? […] Les paroles que je vous dis sont esprit et vie. » Les douze restèrent fidèles, malgré cette prédication bizarre.

442. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers populaire  »

En général, le vers populaire est très fortement scandé, et garde, même sans musique, une allure de chant : Je voudrais || que la rose Fût encore || au rosier… Ma mè || re j’ai || une au || tre sœur, Une au || tre sœur || qu’est tant jolie… Les strophes ou couplets varient de un jusqu’à huit vers, le refrain y joue un grand rôle, mais c’est une étude trop spéciale, trop intimement liée à la musique des chansons pour qu’il soit possible de l’introduire ici : au premier abord, la question paraît inextricable de savoir si paroles et musiques sont nées ensemble, si la musique, dans tel ou tel cas, a été faite pour les paroles, ou les paroles pour la musique.

443. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre II. Le dix-neuvième siècle »

Ceux-là mêmes d’entre eux, il y en a, qui sont nés aristocrates, qui sont arrivés au monde dépaysés en quelque sorte dans des familles du passé, qui ont fatalement reçu une de ces éducations premières dont l’effort stupide est de contredire le progrès, et qui ont commencé la parole qu’ils avaient à dire au siècle par on ne sait quel bégaiement royaliste, ceux-là, dès lors, dès leur enfance, ils ne me démentiront pas, sentaient le monstre sublime en eux. […] Une idée est un baume, une parole est un pansement ; la poésie est un médecin. […] De là cette parole : Délivrance, qui apparaît au-dessus de tout dans la lumière, comme si elle était écrite au front même de l’idéal.

444. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

Il rapporte que Livius Andronicus, qui, suivant l’usage de ce temps-là, jouoit lui même dans ses pièces, s’étant enroué à force de répéter un morceau qu’on redemandoit, obtint la permission de faire chanter ses paroles par un jeune comédien, & qu’il se contenta de les accompagner du geste. […] La parole s’écrit, le chant se note ; mais la déclamation expressive de l’ame, ne sçauroit, disent-ils, être arrêtée. […] Le ton avec lequel un orateur sacré prononça ces paroles : Vous êtes cet homme * , en les adressant à un de nos rois, frappa plus encore que leur application.

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