De même la parole : « Réveillez-vous ! […] Il est donc impossible de voir dans leurs actes et leurs paroles des mouvements analogues à ceux d’une machine. […] Les seules vues sur le dehors sont celles qu’ouvre la parole de l’hypnotiseur, qui se trouve ainsi l’unique évocateur et conducteur des idées. […] L’hypnotisé peut avoir l’acuité de l’ouïe nécessaire pour entendre un ordre qui lui est donné par la parole intérieure. […] La parole n’est autre chose qu’une série de ces gestes accomplis par les muscles du larynx et associés à des représentations du cerveau.
Cependant, en considérant la position de Molière, et le plaisir que le roi prenait à diriger son talent, on se persuaderait sans peine qu’en approchant l’oreille des rideaux du roi, on sur prendrait quelques paroles dites à demi-voix, pour désigner à Molière ce caractère qui, bien que respecté au fond du cœur, avait quelque chose d’importun pour les maîtresses et pour les femmes qui aspiraient à le devenir. […] Dans une boutade il avait dit qu’il faudrait jeter dans la rivière les faiseurs de satires : paroles que Boileau a parodiées dans ces vers que j’ai déjà cités : Et tout n’irait que mieux Si de ces médisants l’engeance tout entière Allait la tête en bas rimer dans la rivière.
D’abord à l’aide de paroles, ensuite par des actes indécents, ils tourmentèrent la pauvre femme et cherchèrent à la faire accéder à leurs désirs. […] Après qu’il eut achevé ses complies devant moi, il m’adressa des paroles si pleines de bonté, que je ne pourrai jamais les oublier tant que je vivrai. […] « Le Saint-Père daigna ajouter ici quelques paroles sur l’opinion que sa bonté, et non mon mérite, lui faisait augurer de moi sous le rapport des études, paroles que la connaissance que je possède de moi-même ne me permet pas de transcrire. […] C’est à peine si je pus balbutier : “qu’ayant recueilli les paroles si clémentes qu’il avait prononcées sur mon compte après la promotion, paroles qui m’assuraient que je n’avais point démérité de sa justice et qu’il n’était pas mécontent de moi dans la charge de Saint-Michel, j’étais fort tranquille, et que je l’aurais été longtemps encore et toujours ; que je n’avais d’autre désir que celui de ne pas lui déplaire et de ne point faillir à mes devoirs dans tous les emplois auxquels il daignerait m’appeler”. […] Je me flatte de n’avoir pas failli à ma parole dans les circonstances où j’ai pu le faire.
Taciturne, comme un homme horriblement timide, il faut lui arracher les paroles. […] Vendredi 8 août Une cousine me parlait de la liberté de paroles des femmes du grand monde, de vingt ans, comparée à la liberté de paroles des femmes de trente ans. […] » Puis encore des ressouvenirs anciens, des détails d’une ascension au Vésuve, qui reviennent dans des paroles n’ayant plus de suite, n’ayant plus de sens. […] ce que j’ai souffert de cette inconcevable interprétation de mes paroles ! […] » s’écrie-t-elle, et malgré les objections, la défense timide de son Alphonse, elle continue à tomber Michel, avec le doux entêtement et la parole placide, qu’elle apporte dans la contradiction.
Mme Dorrit a suivi son pauvre homme de mari à la prison pour dettes ; elle est sur le point d’accoucher, il lui faut une garde, celle-ci se présente et le discours graphique par lequel elle débute montre tout entière cette singulière personne bavarde, niaisement serviable et toute prête à se consoler la première par ses bonnes paroles. […] Les premières paroles de la bonne de Mme Clennam mère, la singulière Affery Flintwinch, révèlent la vieille servante quinteuse, rancunière et timorée, un peu folle, un peu stupide, qui tout le long du récit étonnera le lecteur par ses attitudes d’effarée vieille poule. […] S’il s’attaque à des gens moyens, ni ridicules ni surprenants, mais simples, naturels et vertueux, le romancier anglais ne parvient à Créer que de pâles ombres sans vie, de paroles banales, d’actes insignifiants et qui restent ternes et nuls d’un bout à l’autre du livre. […] Tout d’abord, cela est bien connu des psychologues modernes, l’émotion, la sensibilité, sont les antécédents indispensables des actes ; ils le sont particulièrement de toutes les manifestations extérieures de l’individu, des contractions de sa physionomie, de ses gestes, de sa parole. […] Quand il lui faudra donc représenter ses semblables, il les décrira par leurs gros côtés, des tics, des grimaces, des paroles, et outrera immanquablement ce par quoi ils l’ont attiré ou repoussé, s’arrangeant d’ailleurs de façon qu’on ne puisse se tromper sur le jugement que l’auteur porte sur eux et qu’ainsi le lecteur s’en forme une opinion aussitôt qu’il les aperçoit.