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1333. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Quoi qu’il en soit, succédant, par l’ordre de la réimpression, aux Fêtes Galantes et aux Romances sans Paroles, voici, après vingt-deux ans de quelque oubli, mon œuvre de début dans toute sa naïveté parfois écolière, non sans, je crois, quelque touche par-ci par-là du définitif écrivain qu’il se peut que je sois de nos jours. […] sinon en profitant de cette feuille de papier à lettres pour citer quelques paroles, concluantes, j’espère, encore inédites, de moi sur la Décadence, les Décadents et le Décadisme. […] Ledru-Rollin paie ses dettes. » Ces paroles que j’emprunte à Victor Hugo d’après Barbey d’Aurevilly, un contemporain qu’il n’y a nul motif de suspecter, étaient prononcées au lendemain de la révolution de 1848. […] Méditez ces consolantes paroles et dites s’il est possible de ne pas sentir là quelque chose de prophétique qui transfigure l’Écrivain, sanctifie le Penseur et met dans l’auréole glorieuse du Poète et dans sa voix retentissante un reflet et un écho des splendeurs sonores dont nous entretiennent les Religions Révélées. […] Au contraire, je ne dirai pas des remords, il n’en ressentit pas, ne se repentant pas, mais du regret et du dépit, puis quelques consolations, compensations plutôt, l’inspirèrent dans son troisième recueil : Romances sans paroles, ainsi dénommées pour mieux exprimer le vrai vague et le manque de sens précis projetés.

1334. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

30 Surnoms blessants, familiarités ironiques, insultes ouvertes, le roi trouve d’abord une provision complète de paroles amères ; habitué à mépriser, il est habile à offenser, et fait aussi naturellement l’un que l’autre. […] 77 Des paroles de protection sont pour le protecteur un triomphe. […] Remarquer de quel air nos ouvriers, à Paris surtout, regardent ceux qui se montrent dans les rues en froc et pieds nus ; leurs gestes et leurs paroles expriment de toutes parts un étonnement malveillant qui va jusqu’au dédain, Ils sont à leur endroit et contre eux tout à fait positifs et utilitaires. […] Le voici maintenant plein et achevé, « archipatelin, vrai Tartufe », tout confit de mielleuses et pieuses paroles. […] 103 Peut-être, dans Rabelais, la faconde intarissable de Dindenaut, qui étourdit le chaland, ne le laisse plus respirer, le couvre, l’ensevelit, le noie sous un flux de paroles, est-elle une méthode commerciale plus heureuse.

1335. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Elle me menaçait — par jalousie, et me frappait de rudes coups. »  — Tout cela est vain, nulle parole ne peut mouiller ces yeux secs ; il faut qu’on mette le corps sanglant sur ses genoux pour lui tirer des larmes. […] Je pense à mourir au côté de mon seigneur, près de cet homme que j’ai tant aimé… Il tint sa parole, la parole qu’il avait donnée à son chef, au distributeur des trésors, lui promettant qu’ils reviendraient ensemble à la ville, sains et saufs dans leurs maisons, ou que tous les deux ils tomberaient dans l’armée, à l’endroit du carnage, expirant de leurs blessures. […] Une fois qu’il gardait l’étable pendant la nuit, il s’endormit ; un étranger lui apparut, qui lui demanda de chanter quelque chose ; et les paroles suivantes lui vinrent dans l’esprit : « À présent, nous louerons — le gardien du royaume céleste,  — et les conseils de son esprit,  — le père glorieux des hommes !  […] nulle parole ne peut le dire.

1336. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Ici nous le laisserons parler lui-même avec autant de fidélité que notre mémoire, aidée de quelques notes prises au crayon sur le fait, peut donner d’exactitude et de littéralité à ses paroles. […] » Ce furent ses propres paroles ; elles eurent des témoins qui parlent encore. […] Chaque flot du peuple qui pénétrait dans les vastes cours et dans les vestibules de l’hôtel faisait changer, par ses cris de victoire ou de colère, les paroles sur les lèvres des orateurs délibérants. […] « — Peut-être avez-vous raison, me dit-il en penchant sa lourde tête, mais moi je n’avais pas tort : vous étiez Lamartine, j’étais Béranger. » XXIII Quoi qu’il en soit, Béranger se tint parole à lui-même et se retira stoïquement dans l’ombre et dans la médiocrité volontaire. […] XXX Dans ces dernières années il s’était tellement rapproché de moi que nous passions rarement deux jours sans nous voir ; c’était tantôt chez moi, au milieu du jour, lorsque les affaires, les travaux ou les tristesses me retenaient forcément dans ma chambre d’angoisse ; tantôt chez lui, à l’heure où le tumulte des rues de Paris rend plus intime et plus recueilli l’entretien deux à deux au coin du feu d’un solitaire ; tantôt dans les allées désertes alors du bois de Boulogne, où les paroles tombaient çà et là et à demi-voix de sa bouche comme les feuilles jaunies sous le vent d’automne.

1337. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

mais vous, monsieur Fléchier, vous êtes le nôtre. » Il me semble que j’entends le rire et les paroles. […] Fléchier, à cet âge et dans cette mode de société, est et doit être, au moins en paroles, partisan et sectateur du bel amour raffiné, de l’amour, respectueux à la Scudéry ; de l’amour, non pas tel qu’on le fait dans le petit monde, mais de celui qui durerait des siècles avant de rien entreprendre et entamer. […] Ce fut à la séance de sa réception qu’on vit l’Académie pour la première fois convier le public et le beau monde et se parer comme pour une fête ; il séyait bien à la parole de Fléchier d’inaugurer ce genre de solennités.

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