/ 2350
1297. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

envoie celui que tu dois envoyer. » Toutefois elle se sentit, à ces paroles, éveiller un courage nouveau et des puissances jusque-là inconnues, et elle consentit à tout, entrant avec zèle dans les desseins de son frère. […] Il semblerait, en vérité, à lire ces lettres, que Marguerite n’a point aimé de cœur, mais plutôt de tête et d’imagination ; que, ne sentant proprement de l’amour que le physique, elle se croyait tenue d’en raffiner d’autant plus l’expression et de pétrarquiser en paroles, elle qui était si positive dans le procédé.

1298. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Duverney tint parole. […] De là bruit, plainte, parole hautaine du conseiller Goëzman, qui savait ou ne savait pas exactement tout ce détail, et qui eut l’audace de se porter accusateur de Beaumarchais comme ayant voulu corrompre son juge.

1299. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Il était allé à Versailles, il avait été présenté au roi ; il avait assisté au grand couvert ; Louis XV lui avait adressé la parole : C’est assez en parler comme cela, ajoute-t-il en plaisantant et au moment de s’étendre davantage ; car je ne voudrais pas que vous pussiez croire que je me suis assez plu avec ce roi et cette reine pour rien diminuer de la considération que j’ai pour les nôtres. […] Lui qui n’est guère porté à abuser des paroles ni à les exagérer, il va sur ce sujet jusqu’à dire : Quand cet article (de continuer de faire la guerre conjointement avec la France, et de ne point faire de paix séparée) n’existerait point dans le traité, un honnête Américain se couperait la main droite plutôt que de signer un arrangement avec l’Angleterre, qui fût contraire à l’esprit d’un tel article.

1300. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Les autres piétinèrent dessus pour lui ôter son air de terre fraîchement remuée, un des assistants prit pour sa peine le sac comme le bourreau prend la défroque, on sortit de l’enclos ; on referma la porte, on remonta en fiacre, et sans se dire une parole, en hâte, avant que le soleil fut levé, ces hommes s’en allèrent. […] Cette parole d’un poëte résume toute la poésie.

1301. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Il nous paraît donc plausible de le scander, en le considérant entre les syllabes environnantes comme un simple intervalle, et en cela nous sommes d’accord avec la déclamation instinctive du langage qui est la vraie base de la rythmique, et même la constitue dès qu’elle se met d’accord avec l’accent d’impulsion qui est son élément de variation, et l’intonation poétique, subordonnée à l’accent d’impulsion, accent et intonation qui comptent, puisque le vers et la strophe sont tout ou partie de phrase chantée et sont de la parole avant d’être une ligne écrite. […] C’est l’adhésion de ces jeunes groupes qui fortifie notre confiance dans l’avenir, comme ce sont les paroles de sympathie qu’ils nous ont apportées à propos de nos poèmes qui nous font croire que notre temps n’a pas été tout à fait perdu.

/ 2350