Nous pouvons aujourd’hui, à la faveur de la publication nouvelle, et en nous aidant aussi de celle de Genève, parler à notre tour, et en toute familiarité, de ce personnage excellent, de cet écrivain savant et utile, d’un ami de la France et de l’humanité. […] Tant il est vrai qu’il n’est que de parler de ce qu’on sait et de ce qu’on sent ; on arrive parfois à le peindre. […] L’impression de ce songe lui demeura ; il lui semblait que sa conscience eût parlé. […] Il est parlé souvent de Schlegel, cet autre compagnon de Mme de Staël, et que Sismondi aimait peu. […] Je crois même que la remarque qui vous a frappée était faite à l’avantage du comte Alfieri8… Mais Schlegel a une manière si âpre et si dédaigneuse en même temps de parler et d’écrire, que bien souvent il blesse alors même qu’il voudrait louer. » Schlegel n’avait pourtant pas tort, quand il parlait de la tragédie d’Alfieri ; il peut sembler plus rigoureux dans ses sévérités pour celle de Racine.
Gaullieur, nous pouvions, ce semble, en parler ainsi sans nous y croire intéressé, et nous avions même tout fait pour nous effacer entièrement. […] On croirait, quand il vous parle du bonheur conjugal et de la dignité d’un mari, que ce sont des choses on ne peut pas plus sérieuses, et qui doivent nous occuper éternellement. […] Adolphe est un des livres que nous aimons le plus dans leur tristesse ; en mainte occasion nous avons parlé de l’auteur avec intérêt, avec sympathie, et comme étant nous-même de ceux qui entrent le plus dans quelques-unes de ses faiblesses. […] Au moment où il parlait de la sorte, il était sincère, ou il se le persuadait ; son esprit constamment nourri, à travers tout, d’études sérieuses, avait puisé ses premiers instincts politiques dans l’exemple des États-Unis d’Amérique et dans les institutions de l’Angleterre. […] « Je ne vous parlerai pas d’affaires publiques, parce que je ne lis et ne vois aucun journal.
Avant d’en parler avec quelque développement, il nous faut savoir un peu ce qu’était lord Chesterfield, l’un des plus brillants esprits de l’Angleterre en son temps, et l’un des plus liés avec la France. […] Je vous dirai seulement que je suis insolent, que je parle beaucoup, bien haut et d’un ton de maître ; que je chante et que je danse en marchant, et enfin que je fais une dépense furieuse en poudre, plumets, gants blancs, etc. […] Si Horace avait un fils, je me figure qu’il ne lui parlerait guère autrement. […] Il parle français parfaitement, il sait beaucoup de latin et de grec, et il a l’histoire ancienne et moderne au bout des doigts. […] Il en parlait bien à son aise, comme si pour savoir les enlever, il ne fallait pas déjà les avoir.
Montesquieu, dans les Lettres persanes, a parlé d’un de ces personnages au ton tranchant et absolu comme nous en connaissons encore : « Je me trouvai l’autre jour, écrit Rica à Usbek, dans une compagnie où je vis un homme bien content de lui. […] Franklin avait naturellement ce don populaire de penser en proverbes et de parler en apologues ou paraboles. […] Dans sa vieillesse, il ne parlait même un peu de suite que quand il faisait des contes. […] La première année il fut choisi sans opposition ; mais, à la seconde, un membre influent parla contre lui, et il s’annonçait comme devant le contrecarrer à l’avenirg. […] [1re éd.] un membre influent parla contre lui, et s’annonçait comme devant le contrecarrer à l’avenir.
Ayant à parler d’une tragédie de Philoctète par Châteaubrun (mars 1755), il y relève tous les défauts, et surtout la fausseté, le manque absolu du génie. […] Que pense Grimm, par exemple, je ne dirai pas sur Homère, Sophocle, Molière (il n’en parle qu’incidemment), mais sur Shakespeare, sur Montaigne, et sur tous les hommes du xviiie siècle, Fontenelle, Montesquieu, Buffon, Voltaire, Jean-Jacques, Duclos, etc. ? […] Il parle de lui à la date de sa mort (février 1757), et il est sévère. « J’aimerais mieux, dit-il quelque part, avoir dit une chose sublime dans ma vie que d’avoir imprimé douze volumes de petites choses. » Les choses dont a parlé Fontenelle ne sont point petites ; mais, malgré les qualités heureuses de clarté, de netteté et de précision qu’il y introduit, il y a mêlé aussi des petitesses. […] Si elle était du petit nombre de ces vérités évidentes sur lesquelles il ne saurait ν avoir deux opinions, il ne pourrait en parler avec plus de confiance. » Rousseau lui paraissait dans le même cas pour son système sur l’état sauvage, ce prétendu âge d’or de félicité et de vertu.