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545. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

M. de Tréville, dont il m’arrive de parler quelquefois et qui était un personnage considérable aux yeux de la société d’alors, venait de retomber dans des habitudes mondaines après quelques années de retraite et d’austérités. […] On comprendra qu’entre ces deux natures si déliées, si fines, si élevées, je n’aie pas à exprimer même une préférence, et je ne puis que parler en général de la diversité de ton et de nuance qui caractérise leur manière. […] Quand il parle de la Fête-Dieu, du Saint-Sacrement ou de la Vierge, chevalier naïf de l’ordre de Dieu, il n’a pas seulement le saint nom gravé sur la poitrine, il porte au bras les rubans et les couleurs. […] Il insiste sur ce point un peu subtil, que, dans la prière, il faut tâcher de se taire soi-même pour ne laisser parler que l’esprit de Dieu en nous : « Il n’y a plus de vrai silence, dit-il, dès qu’on s’écoute. […] J’ai parlé d’images : en voici une qui me paraît du plus vif et du plus joli Fénelon.

546. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Henri Estienne et Amyot, eux, gens du métier, lisaient Homère à livre ouvert quand ils le voulaient, et leur belle et bonne langue en a profité comme de toute la Grèce ; Amyot même a cela de particulier que, sans le savoir, il a donné un air homérique à Plutarque, et il le fait parler un peu comme Nestor. […] Fontenelle, La Motte, il ne faut point leur en parler ; ils ne le lisent pas, et ils l’abrègent. […] Non, ce n’est point du tout parce qu’il avait appris une vingtaine peut-être de phrases grecques dans son enfance, que Henri IV parlait si lestement son joli français. […] Ampère, quand il a eu à parler de Ronsard dans son cours, insistait aussi sur cette même fibre héroïque et mâle, un peu cornélienne à l’avance, et qui était alors très neuve et originale en français. […] [1re éd.] mais il exprime cela en homme qui n’a pas cessé d’en être possédé au moment où il en parle g.

547. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Mme de Montglat, beauté brillante et gracieuse, aimait la musique et les vers ; elle en faisait même d’assez jolis et chantait mieux que femme de France de sa qualité ; elle parlait et écrivait avec une facilité surprenante et le plus naturellement du monde. […] Pour nous, à parler franc, les premières pages de cette chronique de Bussy répondent bien peu à l’attente que donne sa réputation tant vantée. […] On a bien parlé de M. de Montausier ; mais le portrait dès longtemps n’est plus à faire. […] Il ne parle quasi que de livres, et voit plus régulièrement M.  […] Il parle une langue excellente, d’une grande propriété d’acceptions, pleine d’idiotismes, familière, parisienne, et qui sent son fruit.

548. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Il est délicat aux hommes de notre génération de venir parler des chefs de la génération qui nous a précédés. […] Et puis, est-ce rendre à leurs œuvres le plus digne hommage que d’éviter d’en parler devant tous ? […] Un sentiment personnel élevé domine et donnera le ton au discours, à l’apologie tout, entière :  Si j’étais sorti de l’arène comme un vaincu renversé et mis hors de combat par ses vainqueurs, je ne tenterais pas, dit-il, de parler aujourd’hui des luttes que j’ai soutenues. » M.  […]  » Mais il n’y a pas de quoi se vanter : et, pour parler franchement, je m’étonne que M.  […] Guizot a parlé très librement de Louis-Philippe, et nous l’en remercions.

549. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Il aimait à parler de ce temps-là, des circonstances qui précédèrent et suivirent la bataille. […] » — « Ils parlent allemand, et nous français ; ils nous tirent des coups de fusil, et nous leur répondons par des coups de canon. […] Biot se faisait des objections : Saint-Just ne paraît point avoir été, même une seule année, au collège Louis-le-Grand, et le jeune homme du cabriolet en parlait très pertinemment et comme très au fait de la maison. […] Littré, celui-ci nous parlera aussi pertinemment du savant que du littérateur. […] Après avoir bien causé de lui avec ceux qui l’ont le mieux connu, je me hasarderai à en parler encore, sans trop d’ordre et comme à bâtons rompus.

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