Un bonheur vient, on a un bonheur ; mais on ne peut dire, il m’est venu une félicité, j’ai eu une félicité : & quand on dit, cet homme joüit d’une félicité parfaite, une alors n’est pas prise numériquement, & signifie seulement qu’on croit que sa félicité est parfaite. […] Que vos félicités, s’il se peut, soient parfaites.
Il lui dut un bonheur domestique constant et vécut avec elle dans une parfaite fidélité.
C’est la description de cette crise, dans toutes ses péripéties, que l’auteur a retracée avec un naturel parfait et comme minute par minute : joli tableau malicieux qui semble pointillé par la plume de Charles Lamb, ou sorti du pinceau d’un maître flamand.
Le jeune prince lui-même, tout pénétré qu’il fût du sentiment des malheurs publics, n’en était point distrait de sa passion pour Juliette ; une correspondance suivie, fréquente, venait rappeler à la belle Française ses serments, et lui peignait dans un langage touchant par sa parfaite sincérité un amour ardent que les obstacles ne faisaient qu’irriter.
Il prit en apparence le succès pour un dogme ; il oublia que la moralité est la première condition des actes publics ; il crut aux deux morales, la petite et la grande ; comme Mirabeau, son élève et son égal, il matérialise la politique en la réduisant à l’habileté, au lieu de la spiritualiser en l’élevant à la dignité de vertu : mais, à cette faute près, faute punie par la mauvaise odeur de son nom, il fut honnête homme ; il fut même chrétien dans sa foi et dans ses œuvres ; il fut en même temps le plus parfait artiste en ambition que le monde moderne ait jamais eu à étudier pour connaître les hommes et les choses ; son malheur fut d’être artiste, et de donner dans le même style et avec le même visage des leçons de tyrannie et des leçons de liberté.