Le meurtrier, qui avait paru au premier moment à sa lucarne, les deux mains crispées à ses barreaux, ne s’y montrait plus ; j’en fus réjouie malgré l’impatience que j’avais de le voir ; je compris qu’il avait reconnu l’instrument de son père, et qu’il s’attendait à quelque chose de moi, semblable à la surprise qu’il avait eue la nuit, du haut de la tour, en entendant l’air d’Hyeronimo et de Fior d’Aliza, que l’un de nous deux seul pouvait jouer à l’autre, puisque nous ne l’avions appris à personne. […] Quand le duc a signé le jugement, quand il n’y a plus d’appel et plus de remède à leur sort, on les instruit avec ménagement du supplice qui les attend ; on leur laisse quatre semaines de grâce entre l’arrêt et l’exécution pour bien se préparer avec leur confesseur à paraître résignés et purifiés devant Dieu, et pendant tout cet intervalle de temps, qui s’écoule entre la signification du jugement et la mort, on les traite non plus comme des criminels qu’on maudit, mais comme des malheureux déjà innocentés par le supplice qu’ils vont subir. […] Ensuite la pensée des jours sans fin que nous avions passés ensemble, depuis que nous respirions et que nous grandissions dans le berceau, dans la cabane, dans la grotte, dans la vigne, dans les bois, sans songer que jamais nous pourrions être désunis l’un d’avec l’autre, et puis ceci, et puis cela, que nous n’avions pas compris d’abord dans nos ignorances, et que nous nous expliquions si bien à présent que nous nous étions avoué notre penchant, contrarié par nous seuls, l’un vers l’autre ; et puis la fatale journée de la coupe du châtaignier, et puis celle de ma blessure par le tromblon du sbire, quand il avait étanché mon sang sur mes bras avec ses lèvres ; et puis ma folie de douleur et ma fuite de la maison sans savoir où j’allais pour le suivre, comme la mousse suit la pierre que l’avalanche déracine ; et puis ma pauvre tante et mon père aveugle abandonnés à la grâce de Dieu et à la charité du père Hilario, dans notre nid vide ; et puis l’espérance que les anges du ciel nous délivreront des pièges de la mort où nous étions pris, tels que deux oiseaux, pour nous punir d’en avoir déniché, les printemps, tant d’autres dans nos pièges de noisetier, quand nous étions enfants ; et puis la confiance de nous sauver de là, plus tard, d’une manière ou d’autre, car les quatre semaines et les quatre jours nous paraissaient si longs, que nous ne pensions jamais en voir la fin. Vous savez, monsieur, quand on est si jeune et que l’on compte si peu de mois dans la vie passée, les mois à venir paraissent longs comme des années. […] CCXII Le septième jour pourtant nous eûmes deux grandes consolations, car la Providence n’oublie pas même ceux qui paraissent les abandonnés de Dieu.
Le goût des arts était tellement universel à cette époque en Italie, qu’un tombeau de marbre, sculpté par la main d’un Phidias moderne, paraissait un monument suffisant à tout un règne et que les papes, à l’exemple des Pharaons, croyaient construire eux-mêmes leur mémoire en construisant, dès leur couronnement, leur sépulcre. […] Être enseveli dans un temple et dans des sarcophages décorés de la main de Michel-Ange paraissait aux Médicis une fortune dans la postérité égale à leur fortune dans le temps. […] XIII À la mort du grand architecte San Gallo qui, avec Bramante, avait conçu, dessiné et surveillé les plans primitifs de Saint-Pierre de Rome, Michel-Ange parut le seul homme capable de rectifier et et de diviniser ce Parthénon chrétien. […] Mais Michel-Ange l’affermit, le simplifia, l’éclaira, donna à ses piliers les muscles qui leur manquaient pour porter un Panthéon dans le ciel, le décora de son unité, de sa lumière, de son harmonie, ces trois attributs de la Divinité qu’il renferme, et mit, pour ainsi dire et pour la première fois, le christianisme en plein jour et en plein firmament ; enfin il fit le modèle, il commença les premières courbes de cette immense et sublime coupole qui écraserait le sol, si elle ne paraissait soutenue par le miracle de la pensée qui l’éleva dans les airs ; il attacha à jamais ainsi son nom et sa mémoire au plus grand acte de foi que l’humanité moderne ait construit en pierres. […] » La mort de Vittoria Colonna devint le texte habituel de ses derniers chants : « Quand celle vers qui volaient tous et tant de mes soupirs fut, par la volonté divine, enlevée de la terre au firmament, la nature, qui ne s’admira jamais dans un si beau visage, parut attristée, et tous ceux qui l’avaient vue restèrent dans les larmes !
Quelle joie orgueilleuse pour Athènes de la voir paraître, déjà soucieuse, bientôt accablée ! […] Ce pont de glace, construit par les vents, paraît d’abord un secours d’en haut. […] quelque puissant Démon est entré en lui et l’a rendu fou. » Le grief nous paraît étrange, c’est à peine si nous pouvons le comprendre. […] Mais si grand et sage qu’il paraisse, Darius reste pourtant une Ombre, un Revenant de la terre qui va le reprendre. […] » Dans la traduction, la scène paraît ce qu’elle est réellement d’abord, un exercice d’automates montés au délire, le mécanisme réglementé de l’épilepsie.
Deux de ces morceaux ont été imprimés ; les deux derniers n’ont pas pu paraître. […] » En vérité, ces reproches nous paraissent injustes : l’affirmation du mal n’en est pas la criminelle approbation. […] Baudelaire est depuis longtemps familiarisé avec tous les secrets de la métrique et toutes les délicatesses du langage ; esprit ouvert et écrivain laborieusement distingué, il nous paraît avoir condensé dans le morceau suivant quelques-unes de ses meilleures qualités. […] [Article de Jules Barbey d’Aurevilly] « Mon cher Baudelaire, « Je vous envoie l’article que vous m’avez demandé et qu’une convenance, facile à comprendre, a empêché le Pays de faire paraître, puisque vous étiez en cause. […] Je sais bien que les satires de d’Aubigné, non plus que celles de Régnier, non plus que certaines pièces de Saint-Amant ou même de Ronsard, ne pourraient guère paraître dans nos revues actuelles.
Voyez encore ce qui paraît une digression et qui, pour l’agrément du discours, en est une : le petit éloge de Descartes. […] En 1664 parurent une traduction du Joconde de l’Arioste par un certain M. […] Chamfort ne m’aurait pas paru très bien doué pour parler de La Fontaine. […] Et d’autre part le réaliste, ne nous y trompons pas, c’est un homme qui ne veut voir que la réalité, c’est un homme qui s’applique à la réalité, mais qui l’observe et qui la décrit avec tant de minutie, avec tant de méticulosité, dans un détail si passionnément minutieux et futile qu’il l’exagère de cette façon-là ; il l’altère, et il fait paraître la réalité toute petite, toute menue, toute fragmentaire. […] Le défaut de la réalité, si le réel peut avoir un défaut, le défaut de la réalité, c’est de ne pas se présenter par grandes masses, au gré de notre goût et de notre esprit, c’est de se présenter toujours d’une façon fragmentaire, toujours dans un détail minutieux et qui paraît dispersé et dissipé.