N’était-ce pas, en effet, un homme de beaucoup d’esprit que celui dont on rencontre de telles pensées à chaque page ? […] Cette page du chevalier devrait s’ajouter, dans les éditions de La Rochefoucauld, à la suite des Réflexions diverses dont elle semble une application vivante. […] D’Olivet ensuite lui aurait consacré une de ses petites notices en deux ou trois pages d’un style si exact et si excellent, et qui l’aurait fixé à son rang littéraire. […] Leibnitii Opera omnia, au tome II, page 92. […] Ce qui cadrerait peu avec la conjecture précédente (page 87), qu’il aurait été chevalier de Malte.
Je recommande entre autres les pages sur Mme de Flamarens. […] douce, simple, m’aimant uniquement, crédule sur ma conduite qui était un peu irrégulière, mais dont la crédulité était aidée par le soin extrême que je prenais à l’entretenir, et par l’amitié tendre et véritable que je lui portais. » Mme Du Deffand est très bien traitée dans ces Mémoires, et s’y montre presque sans ombre, sous ses premières et charmantes couleurs ; mais la personne évidemment que le président a le plus aimée est Mme de Castelmoron, « qui a été pendant quarante ans, dit-il, l’objet principal de sa vie. » La page qui lui est consacrée est dictée par le cœur ; il y règne un ton d’affection profonde, et même d’affection pure : « Tout est fini pour moi, écrit le vieillard après nous avoir fait assister à la mort de cette amie ; il ne me reste plus qu’à mourir. » On raconte que dans les derniers instants de la vie du président et lorsqu’il n’avait plus bien sa tête, Mme Du Deffand, qui était dans sa chambre avec quelques amis, lui demanda, pour le tirer de son assoupissement, s’il se souvenait de Mme de Castelmoron : Ce nom réveilla le président, qui répondit qu’il se la rappelait fort bien. […] Tous les gens du métier savent que le livre intitulé Bolaeana a été écrit par de Losme de Monchesnay ; à la page 3 des Mémoires, ce Monchesnay s’appelle Moncheux. […] [NdA] Et encore (page 251), à l’endroit où le président se plaît à décrire le château des Ormes, magnifique résidence de son ami M. d’Argenson après sa disgrâce : « Ce qui rend la position de ce château singulière, dit-il, c’est qu’il est entre le grand chemin et la rivière.
Théophile Lavallée nous a édifiés récemment sur le genre d’opération que La Beaumelle fit subir aux pages qu’il publiait17. […] Un peuple bien élevé est facile à gouverner. » Pure invention ; pas un mot de cela chez Frédéric. — Un billet du roi, de quelques lignes, lui fournit prétexte à deux pages de réflexions (p. 365-366) sur les autres rois qui perdent leur temps de mille manières, tandis que Frédéric le perd à rimer : « Je leur pardonne de donner à la chasse, à la bonne chère, au jeu, à la représentation, plus d’heures que je n’en donne à mes amusements littéraires. […] [NdA] Voir la préface (page vi) des Lettres sur l’éducation des filles par Mme de Maintenon (1854), et la préface (page xvii) des Lettres historiques et édifiantes de la même (1856).
Il n’en affecte pas non plus les prétentions ; jamais on ne fut moins auteur en se faisant éditeur ; il semble vraiment n’avoir pensé, en publiant un choix des papiers de Mme Swetchine, qu’au succès de celle à laquelle il s’est consacré ; il y pousse de ses plus aimables obsessions et de toutes ses grâces : le moyen de résister à celui qui est si galant homme, qui fait si bon marché de lui-même et de ses pages, qui est prêt à vous dire à chaque instant : « Frappe sur moi, mais écoute et respecte ma sainte ! […] M. de Falloux cite quelque chose de ces extraits, entre autres un portrait fort curieux et caractéristique de Fontenelle, mais qui est textuellement copié des Nouveaux Mélanges de Mme Necker (tome I, pages 164-170). Il ne le sait pas et ne l’indique pas : mais quelqu’un, probablement, à qui il a montré son manuscrit et qui en a eu soupçon, l’a averti de prendre garde, et, par précaution, à deux pages de là, et après une suite d’autres passages cités, il ajoute : « Les derniers échos du xviiie siècle, dans sa forme encore spirituelle et littéraire, résonnent dans les Souvenirs de Mme Necker. […] Elle partit seule, alla plaider auprès du czar la cause deson vieux mari, traversa le Nord par la saison la plusrigoureuse, et dans un état de santé déplorable, sans un murmure, sans une plainte : une lettre d’elle, admirable de sentiment (tome I, page 377), témoigne de ses dispositions morales, de sa résignation au devoir, de sa soumission prête à se laisser conduire jusqu’aux dernières conséquences : elle eût tout quitté, Paris et son monde, s’il l’avait fallu et si le czar avait maintenu son arrêt, pour aller habiter dans quelque ville obscure de la Russie, à côté du triste et taciturne exilé.
De ces premières saisons de Bertrand, en ce qu’elles avaient de suave, de franc malgré tout et d’heureux, rien ne saurait nous laisser une meilleure idée qu’une page toute naturelle, qu’il a retranchée ensuite de son volume de choix, précisément comme trop naturelle et trop prolongée sans doute, car il aimait à réfléchir à l’infini ses impressions et à les concentrer, pour ainsi dire, sous le cristal de l’art. […] Si j’avais à choisir entre les pièces pour achever l’idée du portrait, au lieu des joujoux gothiques déjà indiqués, au lieu des tulipes hollandaises et des miniatures sur émail de Japon qui ne font faute, je tirerais de préférence, du sixième livre intitulé les Silves, les trois pages de nature et de sentiment, Ma Chaumière, Sur les Rochers de Chévremorte, et Encore un Printemps. […] On peut rapprocher celle page de Bertrand de la pièce célèbre du poëte Burns : Le Samedi soir dans la chaumière. […] Même à ses meilleurs moments, il s’est trop retranché des sources vives. — On ne saurait aussi, à propos de cette page, ne pas se souvenir de l’admirable tableau qui termine l’idylle de Théocrite, les Thalysies.