… De liarder avec elle, d’oublier ses sacrifices, de ne pas prendre sa part de ses charges et de ses douleurs ! […] Mais je lui reproche d’oublier que les enthousiasmes militaires qui ne sont pas soutenus par une armée régulière ne durent pas, que le succès les enfle, mais que la défaite les abat.
Quand donc un homme livré au journalisme n’a pas de facultés plus hautes que son métier, et n’apporte pas la main souveraine et incontestable d’un maître dans le pétrissage de cette pensée qu’il jette sur la place tous les jours, il est bientôt dévoré par sa fonction même, et le temps n’est pas loin où il sera oublié. […] Comme les anciens rois persans, ce républicain avait un prestige tout le temps qu’il était invisible, c’est-à-dire qu’on ne lisait pas ses écrits et qu’on oubliait sa vie.
Le hasard lui avait donné jusqu’à un titre, pour qu’il pût l’oublier… Il mourut jeune, c’est vrai, — mais il ne vit point baisser ce qu’il put très bien prendre pour de la gloire, et d’ailleurs il ne croyait pas mourir. […] Le malheur est que tout pour lui finit par être trop une question mise à l’étude, jusqu’à son esprit même, qu’il n’oublie jamais pour en jouir ou pour en faire jouir !
Cousin, en verve de pédagogie, s’écriait avec la solennité théâtrale et l’emphase de voix et de geste qui font de lui le plus grand Comique involontaire qu’on ait vu : « Surtout, mon cher Labitte, n’oublions jamais que nous sommes des cuistres ! […] Taine, qui n’a pas l’esprit de son état, veut, lui, à toute force, le faire oublier.
II Ainsi nous prions instamment qu’on ne l’oublie pas. […] Comme écrivain, opérant sur une langue qu’il n’inventa pas, quoiqu’on l’ait dit, car nous avons un si effroyable besoin de flatter que nous finissons par flatter la gloire, il imita Montaigne, et l’imitateur ne fit pas oublier l’imité.