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327. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 178

La Reine mere, Anne d’Autriche, répondit au Libraire Bertier, qui n’osoit imprimer la vie du Cardinal de Richelieu, parce que l’Historien y parloit peu avantageusement de plusieurs Seigneurs de la Cour : Travaillez sans crainte, & faites tant de honte au vice, qu’il ne reste plus que de la vertu en France.

328. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 255

Il a bien pu prendre sur lui de continuer l’Histoire Ecclésiastique de Fleuri, mais peu de gens osent prendre sur eux de lire sa continuation.

329. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

La Fayette a eu si longtemps un rôle extérieur, et l’a eu si constant, si en uniforme j’ose dire, qu’on s’est habitué, pour lui plus que pour aucun autre personnage de la Révolution, à le voir par cet aspect ; habit national, langage et accolade patriotique, drapeau, pour beaucoup de gens La Fayette n’a été que cela. […] Et pourquoi ne croirais-je pas l’écrire sous vos yeux, lorsque c’est au souvenir religieux de quelques amis, plus qu’à l’opinion de l’univers existant, que j’aime à rapporter mes actions et mes pensées, en harmonie, j’ose le dire, avec une telle consécration ?  […] En toutes choses il y a, j’oserai dire, l’homme de 89, le girondin et le jacobin ; je ne parle pas de la nature des opinions, mais de leur caractère et de leur allure ; ce sont là comme trois familles d’esprits ; on les retrouve plus ou moins partout où il y a mouvement d’idées. […] J’omets vite Mirabeau, dont on voudrait absoudre la conscience du même mouvement par lequel on salue son génie et sa gloire ; mais Danton, mais Dumouriez, mais Barrère, on ose compter avec eux. […]  —  Elle m’a souvent exprimé, dans le cours de son délire, la pensée qu’elle irait au ciel ; et oserai-je ajouter que cette idée ne suffisait pas pour prendre son parti de me quitter ?

330. (1932) Le clavecin de Diderot

Quand il ne peut ou n’ose, ou ne veut, ou ne daigne se déranger en personne, il dépêche son nonce laïque. […] Sans nul vivant giron rococo, soutaché, satiné où me nicher, je n’osais, tout de même, point, parmi les passantes, chercher une, la créature à honorer d’un culte total. […] Chacun d’eux cherche des preuves de soi dans tout ce qui a filtré au travers des muqueuses, papilles, rétines, tympans assez exténués ou experts en hypocrisie pour oser prétendre ne s’être point aperçu de ce qu’ils ont perçu. […] Or voici qu’on ose parler d’une volonté violemment paranoïaque de systématiser la confusion et de contribuer au discrédit total du monde de la Réalité. […] D’autre part, quoi qu’en ose prétendre, tel soi-disant psychanalyste, la réaction coléreuse de qui se soumet à son examen n’est pas simple réflexe d’un refoulé qui défend son refoulement.

331. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Il ne faut pas repasser le crayon sur le pur dessin de cette figure fine et hardie, grandiose et gracieuse, intelligente et souriante ; vouloir ressaisir ce profil simple et net, modeste et fier ; oser retoucher ces jours d’enfance dont elle fixait, à travers les grilles de l’Abbaye ou de Sainte-Pélagie, en couleurs si distinctes, la fraîcheur et les enchantements, depuis l’atelier de son père au quai des Lunettes et cet enfoncement favori du petit salon où elle avait élu domicile, depuis les catéchismes de l’église Saint-Barthélemy, la retraite au couvent de la rue Neuve-Saint-Étienne pour sa première communion, et les promenades au Jardin des Plantes, jusqu’à son séjour heureux et recueilli chez sa grand’maman Phlipon dans l’île Saint-Louis, son retour au quai paternel proche le Pont-Neuf et ses excursions du dimanche au bois de Meudon. […] Elle écrit à Bosc : « On n’ose plus parler, dites-vous, soit ; c’est tonner qu’il faut faire. » Une lettre à Lanthenas, du 6 mars 90, commence par ce cri trois fois répété : « Guerre, guerre, guerre !  […] Comme on conçoit, en lisant les descriptions subtiles et les périodes cicéroniennes de celui qui n’osait flétrir ni Clodius ni Catilina, comme on conçoit l’indignation de Mme Roland pour ces palliatifs, pour cette douceur de langage en présence de ce qu’elle appelait crime, pour les prétentions conciliatrices de cette souple intelligence toute au service d’une imagination vibratile ! […] Pour couronner le tableau des qualités domestiques chez Mme Roland, il ne faut plus que rappeler le début de cette autre lettre écrite à Bosc, de Villefranche : « Assise au coin du feu, mais à onze heures du matin, après une nuit paisible et les soins divers de la matinée, mon ami à son bureau, ma petite à tricoter, et moi causant avec l’un, veillant l’ouvrage de l’autre, savourant le bonheur d’être bien chaudement au sein de ma petite et chère famille, écrivant à un ami tandis que la neige tombe, etc. » A côté de ces façons d’antique aloi, de ces qualités saines et bonnement bourgeoises, osons noter l’inconvénient ; à défaut du chatouillement aristocratique, la jactance plébéienne et philosophique ne perce-t-elle pas quelquefois ?

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