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691. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. […] Il en rapporta un livre d’une touche inconnue, une grande œuvre, la Vie de Luther. […] » C’était enfin une œuvre de grand artiste où se révélaient des facultés, pour cette fois, nettement supérieures et incontestables. […] Audin s’y conformait sans s’en rendre compte, et il en a jailli trois œuvres d’une beauté semblable et différente : Luther, Henri VIII et Calvin ! […] Le Luther d’Audin, ou, pour mieux parler, toutes ses œuvres historiques sont des œuvres armées.

692. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Ce qui est possible avec elle, c’est une sorte de roman-poème, qui la représente un peu idéalement, une œuvre plus ou moins dans le genre des Martyrs; car je ne compte pas pour des œuvres d’art les ouvrages du genre du Jeune Anacharsis, qui ne sont que des enfilades d’éruditions juxtaposées, moyennant un fil conducteur des plus simples et trop apparent. […] Ce dont il faudrait plutôt s’étonner, c’est de la force, de l’habileté, des ressources qu’il a déployées dans l’exécution d’une entreprise impossible et comme désespérée ; mais il a eu beau faire appel de toutes parts à l’érudition et aux descriptions, il a eu beau, en fait d’inventions personnelles, entasser Ossa sur Pélion, Pélion sur Ossa, il n’a pu communiquer à son œuvre l’intérêt réel et la vie. […] Jamais il ne s’est reculé de son œuvre assez pour se mettre au point de vue de ses lecteurs. […] Martial, dans une de ses épigrammes, classe les œuvres de son temps en deux catégories : les œuvres considérables, dites sérieuses, qu’on estime fort et qui attirent peu ; et les autres, celles dont on fait fi, et que chacun veut lire. […] Une œuvre prochaine de lui, et qui se fasse moins attendre, nous est due.

693. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Cette œuvre méritoire et d’un si grand labeur, entreprise à bonne fin, pour l’honneur des Lettres, est digne de tout encouragement et de tout éloge. […] Vinet aime plutôt à voir un noble cadet et le premier disciple du grand tragique : « Ce qu’il y a de certain, dit-il, c’est que Rotrou, né trois ans après Corneille, et débutant au théâtre au même âge que ce dernier, c’est-à-dire trois ans après lui54, ne produisit ses deux bonnes pièces, Venceslas et Saint-Genest, qu’après les chefs-d’œuvre de Corneille, et que la distance qui sépare ces deux drames des autres œuvres de l’auteur marque suffisamment la source où il a puisé. […] Il en est du champ de l’humanité comme de celui de Sempach : « L’œuvre qu’un seul commence, un grand peuple l’achève. » Chacun des successeurs de Colomb a pu dire : « J’ai fait le même voyage. » C’est ce qui arriva à Rotrou après Corneille. » Pour apprécier ici la vérité et la beauté de l’image, il faut savoir son histoire suisse de l’époque héroïque et se rappeler ce qu’était et ce que fit ce Winkelried, lequel, à la journée de Sempach, s’avançant le premier contre le bataillon hérissé de fer des Autrichiens qu’on ne pouvait entamer, étendit les bras pour ramasser le plus de piques ennemies qu’il put contre sa poitrine, et qui, tombant transpercé, ménagea ainsi dans la redoutable phalange une trouée par où les Suisses vainqueurs pénétrèrent. […] Guillaume Schlegel, qui n’avait plus cette œuvre à poursuivre, s’est montré, relativement, fort modéré, et, si un Français peut réclamer à quelques égards contre ses jugements sur Racine, il n’y a guère qu’à approuver ce qu’il a dit de Corneille. […] Car ce n’est pas seulement le mauvais goût (défaut si fréquent dans les œuvres où il y a le plus de génie, quand ces œuvres appartiennent à des époques encore incultes), ce n’est pas, dis-je, le mauvais goût seulement qui nous choque ici, c’est la pauvreté dans l’invention, la maigreur et la sécheresse dans le développement des caractères, la froideur dans les passions, la lenteur et la gaucherie de l’action, et enfin l’absence presque totale d’intérêt.

694. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

 »‌ II Après avoir rapidement parcouru les diverses étapes de l’œuvre du « Vœu National », je reprends les trois textes mis successivement sous les yeux du lecteur, persuadé que leur examen comparé nous fournira de précieuses conclusions. […] Je dis seulement ceci : Est-il possible qu’un État, dont la constitution est purement laïque, déclare d’utilité publique et par conséquent patronne une œuvre catholique et papiste ? […] C’est par suite d’une conception semblable de « la rénovation spirituelle de notre patrie » que nous voyons si fréquemment dans tous les textes se rapportant à la fondation ou à l’expansion de l’œuvre du Sacré-Cœur, l’Église et la France si souvent associées. […] Dans l’esprit des fondateurs de l’œuvre, le vœu au Sacré-Cœur est avant tout un témoignage d’expiation des révoltes de la nation contre le joug catholique, et des crimes de libre pensée dont la France s’était rendue coupable ; c’est l’amende honorable du peuple qui s’était ouvertement éloigné de Dieu depuis la fin du siècle dernier, et qui implorait le pardon de ses offenses. […] 68 » Je ne sais pourquoi la dénonciation d’un symbole néfaste du passé et le rêve d’un symbole bienfaisant de l’avenir se sont unis dans ma pensée ; mais à la place de l’œuvre misérable et négatrice d’humanité, je voudrais au contraire contempler l’exaltation de cette humanité dans ses grands hommes, et retrouver dans toute son ampleur et dans toute sa richesse l’âme et une race glorifiée.

695. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Principales œuvres épiques. […] La femme est absente de l’œuvre, sauf en un coin, une fiancée à peine entrevue, qui pleure et qui meurt23 1. […] Mais, en somme, on ne retrouve nulle part, à mon sens, un ensemble pareil à celui que présente chacune des trois chansons dont j’ai parlé ; on n’a que des fragments à recueillir, non des œuvres à étudier. […] Le « trouvère », qui jadis était parfois un soldat, tourne à l’homme de lettres : il ne fait plus que son métier d’écrivain ; rarement même il chante son œuvre. […] Cependant les poètes sont tiers de leur œuvre : tandis que la plupart des plus anciens poèmes, tandis que l’œuvre maîtresse même, le Roland, sont anonymes, un certain nombre de remaniements plus modernes sont signés.

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