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965. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 22, quelques remarques sur la poësie pastorale et sur les bergers des églogues » pp. 171-178

Il faut donc supposer que les interlocuteurs des poësies pastorales aïent ces objets devant leurs yeux. […] La fiction ne se soutient que par sa vrai-semblance, et la vrai-semblance ne sçauroit subsister dans un ouvrage où l’on n’introduit que des personnages dont le caractere est entierement opposé au naturel que nous avons toujours devant les yeux.

966. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Mais l’aveugle-né, au moment où ses yeux s’ouvrent, éclate en transports involontaires. « Hélas ! […] Comment peut-on avoir le jeu et la diction si rudes avec ces jolis yeux chinois ? […] Des cheveux presque sur les yeux. […] Il ressemble à son père : il en a le nez, les yeux, les lèvres innocentes et la voix suave. […] l’air virginal, n’étaient les yeux.

967. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Une tumeur lui vint sur l’œil, telle qu’il resta un mois sans dormir, et qu’il fallut cinq personnes pour l’empêcher de s’arracher l’œil avec les ongles. […] « Contre cet écueil, il vient perpétuellement faire naufrage à nos yeux, toutes les fois qu’il se hasarde hors des bornes étroites de sa littérature. […] Qu’est-ce que la beauté, puisque le plus beau corps regardé avec des yeux perçants paraît horrible ? […] À ses yeux, « l’ignorance, la paresse et le vice sont les mérites et les marques distinctives du législateur. […] Ils déterrent des pierres brillantes qu’ils cachent dans leurs chenils, qu’ils couvent des yeux, dépérissant et hurlant, si on les leur ôte ; voilà l’origine de notre amour de l’or.

968. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Il en résulte un dommage irréparable pour le volume que nous avons sous les yeux. […] Puis il s’agenouilla solennellement, et se mit à cligner de l’œil gauche. […] Thiodolf ne leva pas un instant les yeux vers le ciel, ni vers les arbres, en parcourant le sol semé de cosses, que formait la pelouse, mais ses yeux regardaient droit devant lui, vers le point qui formait le centre de la pelouse. […] Il ne suspendit point sa marche, il ne s’arrêta point, il alla droit à elle, la prit dans ses bras, lui baisa la bouche et les yeux. […] Ses mains vigoureuses lui ont fermé les yeux.

969. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Il nous initie au Saint-Graal ; il fait miroiter à nos yeux ce temple de bois incorruptible, aux murs odorants, aux portes d’or, aux solives d’asbeste, aux colonnes d’opale, aux ogives d’onyx, aux parvis de cymophane, dont les splendides portiques ne sont approchés que de ceux qui ont le cœur élevé et les mains pures. […] Enchaîné dans la caverne, le prisonnier se lamente et s’effraye, parce que d’épouvantables fantômes se heurtent sur le mur, devant ses yeux. […] Ce qui lui valut ce triomphe, c’est que ses amis lui avouèrent que tout d’abord Lohengrin les avait charmés, et que c’était ensuite, en y réfléchissant, qu’ils étaient arrivés à le juger d’une façon défavorable. « Ainsi, leur dit Wagner, le sens de mon poëme s’est évanoui à vos yeux, dès que, cessant de vous abandonner à l’impression première, vous l’avez critiqué. […] Alors, elle s’évanouit à nos yeux, comme une vaine chimère. […] Mais nous savons que jamais les vers d’un poète, pas même de Schiller et de Goethe, ne pourraient donner à la musique cette précision qu’elle demande ; seul peut la donner le Drame, et non point, certes, le poème dramatique, mais le Drame se mouvant réellement devant nos yeux, l’image devenue visible, de la Musique, où les mots et les discours appartiennent, seulement, à l’Action, non point à la Pensée poétique.

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