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271. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Je ne devine pas pourquoi on a voulu prescrire une même marche à toutes les sciences, sans consulter la différence essentielle de leur objet et de leur génie. […] Il a pour objet de connaître la nature, et, puisqu’il n’a pas été appelé à mettre la main au plan de la machine du monde, qu’elle existe et se maintient indépendamment de ses méditations correctrices, il faut bien qu’il se borne à l’expérience. […] Mais l’art, dont l’objet est de plier et d’accommoder les faits à nos besoins et à nos jouissances, l’art est à nous. […] … Véritablement nous n’avons plus d’objet ; l’auditoire auquel s’adresse mon discours assiste à un jeu où il est désintéressé… Il veut bien en examiner les formes, juger le talent. […] Il souriait de pitié aux injures dont il avait été l’objet à l’époque du 18 Brumaire.

272. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

En sociologie, la complexité et la mobilité plus grandes des faits obligent à bien plus de précautions, comme le prouvent les jugements contradictoires dont le même phénomène est l’objet de la part des partis. […] Seulement, ce même sentiment est offensé plus faiblement par l’un de ces actes que par l’autre ; et comme, d’autre part, il n’a pas dans la moyenne des consciences une intensité suffisante pour ressentir vivement la plus légère de ces deux offenses, celle-ci est l’objet d’une plus grande tolérance. […] Mais si le crime n’a rien de morbide, la peine ne saurait avoir pour objet de le guérir et sa vraie fonction doit être cherchée ailleurs. […] En effet, elle a pour objet immédiat l’étude du type normal ; or, si les faits les plus généraux peuvent être morbides, il peut se faire que le type normal n’ait jamais existé dans les faits. […] Si le désirable n’est pas objet d’observation, mais peut et doit être déterminé par une sorte de calcul mental, aucune borne, pour ainsi dire, ne peut être assignée aux libres inventions de l’imagination à la recherche du mieux.

273. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Que si je ne suis né pour de si grands projets, Du moins que les ruisseaux m’offrent de doux objets, Que je peigne en mes vers quelque rive fleurie ! […] Je suis chose légère, et vole à tout sujet, Je vais de fleur en fleur et d’objet en objet ; A beaucoup de plaisirs je mêle un peu de gloire ; J’irais plus haut, peut-être, au Temple de Mémoire, Si dans un genre seul j’avais usé mes jours. […] Il était l’objet des railleries de ses meilleurs amis. » Ceci est bien dur, nous suffoque un peu, mais il y a là certainement une âme de vérité, comme dit Spencer, car vous voyez que c’est de son père et de ses sœurs surtout que Louis Racine tient ses renseignements. […] Telle on vous voit, Iris ; une glace fidèle Vous peut de tous ces traits présenter un modèle ; Et s’il fallait juger d’un objet aussi doux, Le sort serait douteux entre Vénus et vous. […] Faut-il que tant d’objets si doux et si charmants Me laissent vivre au gré de mon âme inquiète ?

274. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » p. 72

Quoiqu'il se soit exercé dans presque tous les genres & dans presque toutes les Langues, ses succès ont été médiocres, par cette raison décisive, que l'esprit ne peut que perdre, & le talent s'affoiblir, quand on voltige trop légérement d'objet en objet.

275. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IV. Des femmes qui cultivent les lettres » pp. 463-479

Si, pour comble de malheur, c’était au milieu des dissensions politiques qu’une femme acquit une célébrité remarquable, on croirait son influence sans bornes alors même qu’elle n’en exercerait aucune ; on l’accuserait de toutes les actions de ses amis ; on la haïrait pour tout ce qu’elle aime, et l’on attaquerait d’abord l’objet sans défense avant d’arriver à ceux que l’on pourrait encore redouter. […] Un homme peut, même dans ses ouvrages, réfuter les calomnies dont il est devenu l’objet : mais pour les femmes, se défendre est un désavantage de plus ; se justifier, un bruit nouveau. […] Non seulement les injustices peuvent altérer entièrement le bonheur et le repos d’une femme ; mais elles peuvent détacher d’elle jusqu’aux premiers objets des affections de son cœur. […] L’intérêt qu’inspire une femme, la puissance qui garantit un homme, tout lui manque souvent à la fois : elle promène sa singulière existence, comme les Parias de l’Inde, entre toutes les classes dont elle ne peut être, toutes les classes qui la considèrent comme devant exister par elle seule, objet de la curiosité, peut-être de l’envie, et ne méritant en effet que la pitié.

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