/ 3197
1697. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIV. Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. »

Sous la régence, de nouvelles combinaisons de fortune occupèrent tout. […] On prononça avec pompe des discours éloquents, ou qui devaient l’être ; chaque jour voyait naître et mourir des éloges nouveaux, en prose, en vers, gais, sérieux, harmonieux et brillants, ou durs et sans couleur, tous sûrs d’être lus un jour, et malheureusement la plupart presque aussi sûrs d’être oubliés le lendemain.

1698. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Le fils du marquis de Parny, brillant, aimable, nouveau venu de Versailles, dut être une bonne fortune pour la société de Saint-Paul ; sa condition lui ouvrait toutes les portes, ses talents lui ménagèrent des familiarités. […] Millevoye, qui souvent nous offre comme la transition de Parny à Lamartine, et de qui l’on dit avec bonheur « qu’il faisait doucement dériver la poésie vers les plages nouvelles où lui-même n’aborda pas177 », Millevoye, au milieu de ses vagues plaintes, n’a jamais de tels accents qui décèlent énergie et passion. […] Au moment de l’apparition du volume, Ginguené, ancien camarade de collége de Parny, mais poussé surtout par son zèle pour la bonne cause, donna dans la Décade jusqu’à trois articles favorables181, analyses détaillées et complaisantes, dans lesquelles il étalait le sujet et préconisait l’œuvre : « L’auteur, disait-il, l’a conçue de manière que les uns (les Dieux) sont aussi ridicules dans leur victoire que les autres dans leur défaite, et qu’il n’y a pas plus à gagner pour les vainqueurs que pour les vaincus. » Après toutes les raisons données de son admiration, le critique finissait par convenir qu’il se trouvait bien par-ci par-là, dans les tableaux, quelques traits « qu’une décence, non pas bégueule, mais philosophique, et que le goût lui-même pouvaient blâmer » ; il n’y voyait qu’un motif de plus pour placer le nouveau poëme à côté de celui de Voltaire, de cet ouvrage, disait Ginguené, « qu’il y a maintenant une véritable tartufferie à ne pas citer au nombre des chefs-d’œuvre de notre langue. » Le succès de la Guerre des Dieux fut tel, que trois éditions authentiques parurent la même année, sans parler de deux ou trois contrefaçons. […] Tout en se tenant dans son coin (c’était son mot), il avait conscience de ce rang élevé, de ce rang premier, et en usait avec modestie, avec bienveillance pour les talents nouveaux, avec autorité toutefois. […] Parny se montrait très-opposé, et presque aussi vivement qu’aurait pu l’être un critique de profession, au goût nouveau qui tendait à s’introduire et dont les essais en vers n’avaient rien, jusque-là, il est vrai, de bien séduisant.

1699. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Rentré en France après la Terreur, il y porta dans la société renouvelée un homme nouveau ; l’austérité chrétienne de sa vie n’enlevait rien à l’émotion de son cœur et à la séduction de sa personne. […] Il avait parlé ici d’une certaine lettre » (lettre par laquelle le duc de Laval donnait avec autant de noblesse que de patriotisme sa démission à Louis-Philippe), « lettre que M. de Lamartine a lue ici et louée ici avec une exaltation poétique ; il comptait en imiter la conduite et l’esprit ; il est allé en Bourgogne, où les séductions du pouvoir nouveau viendront le chercher. […] « Après le premier étourdissement que ne pouvait manquer de lui causer la nouvelle qu’elle recevait, Juliette, rassemblant ses forces et envisageant ses nouveaux devoirs, chercha à rendre un peu de courage à M.  […] Il cherchait aventure dans les événements et dans les partis ; véritable condottiere de la parole, conspirant, dit-on, peu d’années auparavant avec le duc de Brunswick contre la révolution française, conspirant maintenant avec quelques femmes la chute de Bonaparte, bientôt après fanatique à froid de la restauration de 1814, puis sonnant le tocsin de la résistance à Napoléon au 20 mars 1815 dans une diatribe de Caton contre César, huit jours après se ralliant sans mémoire et sans respect de lui-même à ce même Napoléon pour une place de conseiller d’État, prompt à une nouvelle défection après Waterloo, intriguant avec les étrangers et les Bourbons vainqueurs pour mériter une amnistie et reconquérir une importance ; échappé du despotisme des Cent-Jours, reprenant avec une triple audace le rôle de publiciste libéral et d’orateur factieux dans la ligue des bonapartistes et des républicains sous la monarchie parlementaire, poussant cette opposition folle jusqu’à la haine des princes légitimes sans cesser de caresser leurs courtisans, tout en fomentant contre eux l’ambition d’une dynastie en réserve, prête à hériter des désastres du trône légitime ; caressant et caressé après les journées de Juillet par le nouveau roi, recevant de lui le subside de ses nécessités et de ses désordres ; puis, honteux de l’avoir reçu, ne pouvant plus concilier sa dépendance du trône avec sa popularité républicaine, réduit ainsi ou à mentir ou à se taire, et mourant enfin d’embarras dans une impasse à la fleur de son talent : tel était cet homme équivoque, nourri dans le sein de quelques femmes politiques du temps. […] Toute l’Europe y affluait avec les chefs des armées alliées ; elle y retrouva tous ses amis et un grand nombre de nouveaux admirateurs.

1700. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Ce n’était pas un simple jurisconsulte, c’était un homme au courant de toutes les choses littéraires de son siècle, et qui partageait les idées nouvelles. […] Montesquieu crut devoir de nouveau sacrifier aux grâces, mais lui-même n’éleva qu’un monument factice, son Temple de Gnide, que madame du Deffand, frappée de la froideur étudiée qui le caractérisait, appela l’Apocalypse de la galanterie. […] Le jeune homme alors soupçonna un nouveau bienfait de l’inconnu et se mit en devoir de le chercher. […] « Si je pouvais faire en sorte que tout le monde eût de nouvelles raisons pour aimer ses devoirs, son prince, sa patrie, ses lois, qu’on pût mieux sentir son bonheur dans chaque pays et dans chaque gouvernement, dans chaque poste où l’on se trouve, je me croirais le plus heureux des mortels. « Si je pouvais faire en sorte que ceux qui commandent augmentassent leurs connaissances sur ce qu’ils doivent prescrire, et que ceux qui obéissent trouvassent un nouveau plaisir à obéir, je me croirais le plus heureux des mortels.

1701. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

L’Allemagne des grands maîtres, que nous applaudissons en France chaque jour, comme nous sommes prêts à applaudir les maîtres allemands nouveaux qui n’ont point personnalisé l’injure jetée par un vainqueur à notre patrie vaincue, l’Allemagne patriote me comprendrait mieux, si je m’adressais à elle, que certains Français ! […] Garder les nôtres, moins bons, parce que le nouveau vient d’Allemagne ? […] L’Association artistique d’Angers, qui s’est toujours montrée accueillante pour les tentatives nouvelles, fussent-elles des plus hardies, devient plus qu’une utilité, — une nécessité. […] Le Montagshlatt de Berlin du 25 publiait le récit suivant :   … L’empereur ayant demandé à l’un de ses officiers des nouvelles de la Société Philarmonique, l’Excellence expliqua qu’un compositeur français de grand talent, Saint-Saëns, qui n’est pas seulement très anti-allemand, mais qui s’est exprimé ces derniers temps avec énergie, oralement et verbalement, contre tout ce qui est allemand et aussi contre la musique allemande, jouerait ce soir au concert de la Société Philharmonique, et que des démonstrations étaient possibles, d’autant plus que la presse avait signalé plusieurs fois l’attitude de M.  […] L’année suivante, un nouveau problème vocal l’obligea à quitter la scène pendant le Barbier de Séville de Rossini.

/ 3197