Fils d’une famille noble de Mytilène, le poëte Alcée, dont le nom demeure un des symboles du génie lyrique, paraît avoir été tour à tour le champion d’une aristocratie qui se flattait d’illustrer le pays qu’elle gouvernail, et l’adversaire opiniâtre de l’homme puissant sorti des luttes publiques, pour commander également à tous, au nom du peuple. […] Quelques sentiments généreux et purs, quelques nobles élans du cœur, entraient-ils dans cette verve de haine ou cette ivresse de plaisirs ? […] Il ne suffit pas pour cela de la sévérité de son dialogue avec Alcée, tel que le cite Aristote69 : « Je veux », disait le hardi poëte, « te dire quelque chose ; mais la pudeur m’empêche. » Et Sapho de répondre : « Si tu avais le désir de choses nobles et belles, ni ta langue ne serait liée de peur de dire le mal, ni la pudeur ne retiendrait tes regards ; mais tu parlerais librement de ce qui est légitime. » Rien de mieux raisonné, sans doute ; mais tant d’autres témoignages nous la montrent différente !
De grandes dames, de nobles châtelaines eurent leurs poètes de prédilection ; elles les choisirent à leur gré, non seulement parmi les nobles et les gens de naissance, mais parmi les mieux chantants et les mieux disants, fussent-ils issus de bas-lieu. […] On peut s’étonner toutefois que quelque Charlotte Corday précoce, quelque Émilie de la bourgeoisie, quelque Pauline plus ou moins déclassée et égarée parmi les précieuses de l’époque, ne soit pas sortie des rangs et ne se soit pas offerte comme amie et comme Antigone au noble poète indigent. […] La princesse palatine, Elisabeth, avait donné l’exemple, la première, de ces nobles et sérieux attachements à un maître de génie envers qui l’amitié devient un culte. […] Chaque noble écrivain ramasse sur sa route et emporte avec soi ses ennemis, ses envieux cachés, des êtres ignobles qui lui sont acharnés, qui s’attachent à lui et en vivent : il est juste que des êtres généreux l’en dédommagent ; il est juste qu’il ait aussi, par compensation, ses joies cachées, des suavités de bonheur qui n’arrivent qu’à lui. […] Le comte d’Ars avait une grande fortune territoriale, et, suivant la coutume de Saintonge, les filles étaient admises à partager même les terres nobles, presque également avec leurs frères.
Fou d’enthousiasme ou de fureur, nous reconnaissons l’auteur d’Antigone et de Virginie ; mais bientôt, quand il arrive à Londres, il ne songe plus qu’aux belles têtes de chevaux, aux fières encolures, aux larges croupes, et son grand souci est de faire traverser le détroit à ces quinze nobles bêtes dont il va enrichir ses écuries. […] Est-ce donc la même chose de faire résonner pour ses propres oreilles les nobles et mélodieuses cordes de la harpe, encore que personne ne vous écoute, ou de souffler dans une vile cornemuse, quand toute une multitude d’auditeurs aux longues oreilles devrait vous étourdir de ses acclamations solennelles ? […] D’autres encore : Ce sont des nobles et des riches qui se sauvent, ramenons-les à l’hôtel de ville, et qu’on en fasse justice ! […] cela va sans dire, elle était noble, riche, irréprochable. […] Ainsi avaient été arrêtés sous le titre d’otages une foule de jeunes gens des plus nobles familles.
voici que je plane à côté de ces nobles et sombres ouvertures, qui me paraissent abandonnées, vides et inutiles ! […] Des nobles et des bourgeois. […] Oui, je viens demander à votre noble sœur son cœur et sa main. […] Pour le lecteur, il représente la moyenne humaine, en laquelle les plus nobles qualités s’aplatissent. […] Un noble esprit attire de nobles esprits et sait les fixer comme vous faites.
Cornélie, Porcie, Arrie, ces nobles dames transportées dans la situation, les eussent pu écrire à quelques égards ; elles sont d’un stoïcisme légèrement attendri, et la Française non plus, la républicaine un peu étonnée de l’être, n’y est pas absente ; le ton une fois admis, il y respire un sentiment vrai et comme de la douceur : « Puisse cette lettre te parvenir bientôt, te porter un nouveau témoignage de mes sentiments inaltérables, te communiquer la tranquillité que je goûte, et joindre à tout ce que tu peux éprouver et faire de généreux et d’utile le charme inexprimable des affections que les tyrans ne connurent jamais, des affections qui servent à la fois d’épreuves et de récompenses ‘a la vertu, des affections qui donnent du prix à la vie et rendent supérieur à tous les maux ! […] Dans son amour de la grandeur historique et de la gloire, elle se disait qu’une belle mort, un noble flot de son sang généreux allait laver tout cela. […] Il suffit qu’il n’y ait eu qu’une voix alors sur la noble attitude de la victime et que sa générosité rayonnante ait éclaté à tous les yeux. […] si l’on pouvait faufiler un peu de surnaturel et un aperçu de révélation dans cette mort si fière et si claire, comme bien des gens seraient disposés à s’adoucir envers la noble femme et à changer de langage !