Étienne, assez discret de sa nature et aimant assez à éluder les difficultés plutôt qu’à les affronter, garda le silence tant qu’il put. […] Une nature franche aurait de bonne heure coupé court à tout par un libre et fier aveu : la discrétion intéressée, la réticence fine de M. […] Étienne à l’Institut, et assez jaloux, par position comme par nature, de ses succès. […] Maintenant, ce talent était-il de nature à récidiver et à faire preuve d’invention véritable, autant que d’adresse, de facilité élégante, de combinaison et d’habileté ? […] Auger, son ami, qui s’était donné la mort dans un accès d’égarement funeste, et il terminait son discours par ce mot heureux : « Ô triste infirmité de notre nature !
Il y a une trentaine d’années, une école littéraire pleine d’imagination et de talent, mais dont on connaît les désordres et les écarts, répandit dans le public sur la nature et l’essence du génie, sur ses privilèges, ses attributs, ses conditions extérieures, une théorie qui scandalisa singulièrement les esprits paisibles et sensés. […] En second lieu, il est à remarquer que le mot de génie exprime des faits d’une nature très différente, et tout à fait hétérogènes. […] Confondre tant de faits différents, les expliquer tous de la même manière et pour des analogies superficielles qui peuvent se trouver incidemment entre l’un de ces états et la folie, conclure que le génie pris en soi est essentiellement de même nature que la folie, c’est méconnaître toutes les lois de l’observation scientifique. […] Ce sont des cendres dispersées dans l’ample sein de la nature et qui ont servi sans doute déjà à mille combinaisons différentes. […] Car il dit expressément : « L’état organique en question n’est pas de la nature de ceux que nos sens peuvent atteindre.
Il était de facultés, de nature, ce que j’appelle de main de Dieu, admirablement fait. […] Sainte-Beuve, qui ne voyait que le petit fait, Sainte-Beuve, l’entomologiste littéraire, positiviste de nature bien avant que la philosophie positiviste fût inventée, — bien avant de tomber dans cette croyance qu’il descendait d’un poisson métamorphosé en singe, pour culbuter de cette belle croyance dans le trou final, fait pour les bêtes, où il a voulu qu’on le mît, — Sainte-Beuve se vantait de n’avoir point de principes en critique, et même il prétendait qu’il n’en fallait pas. […] Chasles, élevé comme un chien, mais comme un chien savant, par un père athée et régicide, avait de par la nature intellectuelle de son esprit résisté à cette éducation abominable, et il resta toujours élevé, sinon pur, dans toutes les intempérances et les débauches de la pensée littéraire. […] L’Angleterre politique, évoquée dans ce volume et considérée dans quelques-uns de ses écrivains politiques et littéraires, a ravivé l’Anglais qui était entré dans Chasles avec la profondeur des premières impressions de sa jeunesse, passée à Londres, et qu’on retrouvait parfois dans les réfléchissements et les scintillements d’une nature essentiellement réverbérante, mais qui n’y était qu’à l’état de rayon, intersecté par tant d’autres rayons. […] J’ai toujours cru que Macaulay avait dû beaucoup agir sur Chasles, et doublement : par la similitude des opinions et des natures.
C’est un balzacien qui tient à Balzac par la manière de peindre, et, par sa nature, à quelques-uns de ses héros. […] Fervaques est de nature, d’imagination et d’attitude, de la bande à Balzac, de cette bande élégante et piaffeuse dont était Rusticoli de la Palférine, par exemple. […] tout le temps du livre ; car son amour de la fin, sorti des boues remuées de sa nature, — il y a des boues dans cette femme de marbre blanc, — n’a été mis là par les auteurs que comme une ressource de dénouement pour qu’aux dernières pages le lecteur, écœuré de cette femme, ne jetât pas le livre de dégoût ! […] Et il ne s’y éteindra pas, parce qu’il n’est pas une chose de société, mais de nature humaine… Quand la démocratie aura coupé la dernière tête de noble et de poète, il y aura encore de l’aristocratie dans le monde, et, malgré toutes les égalités proclamées, elle repoussera, — déplacée, oui ! […] Car le conte, fût-ce celui de Peau d’Âne, doit avoir, pour intéresser, sous les combinaisons et les arrangements de la fiction, une vérité de nature humaine ou de mœurs.
C’est un moyen d’approcher de la vérité de la nature, sans beaucoup d’effort. […] On a soupçonné cette ruse sur des finesses de détails supérieurs à la patience la plus longue, et à l’étude de la nature la plus minutieuse.