Il faut, pour la remplir aussi bien que possible, interroger les Mémoires, les lettres, les procès, les statistiques, et, au cours de ces investigations, on remarquera vite que les œuvres littéraires ont souvent agi, non seulement sur l’expression, mais aussi sur l’intensité ou même sur la nature des sentiments que les deux sexes ont l’un envers l’autre. […] Suivant un mot de Buffon, l’imagination a brodé de soie et d’or l’étoffe simple fournie par la nature. […] En ce temps-là, dans la société aristocratique (celle qui alors influe le plus sur la littérature), le mariage est considéré comme une institution surannée et contre nature. […] que toute femme à son gré puisse être la rose et tout homme le papillon, voilà, selon beaucoup d’hommes et de femmes de cette époque, le vœu même de la nature. […] Il y a peut-être, suivant la coutume et la nature, une nuance de tendresse de plus envers les filles.
Une seconde difficulté, dont il faut tenir compte, c’est que dans une société quelconque, il y a, en même temps, différents groupes qui, non seulement ont des vices et des vertus de nature différente, mais encore sont en désaccord, ou même en conflit sur les prescriptions pratiques et sur les fondements théoriques de la morale. […] Obéissez donc à vos penchants ; suivez la nature, vous serez à la fois vertueux et heureux, autant qu’on peut l’être dans la misérable condition humaine : tel est le précepte ou plutôt le conseil auquel aboutit Fontenelle. […] C’est à coup sûr l’impulsion du cœur, ce que le poète appelle les mouvements de la nature. […] Ces effets dépendent de deux choses : de la nature de l’œuvre, de la nature du public. […] Certes, la débauche, l’impudeur, la sensualité ont dans la nature de l’homme et dans la constitution d’une société des causes plus profondes que dans la littérature, même dans celle qui est, à bon droit, taxée d’immorale.
Ses fragments sont pleins de pensées plaintives sur les misères de la vie et de la nature, pareilles à des fioles lacrymatoires qu’on trouverait, parmi des masques brisés, dans les ruines d’un théâtre. […] Le mal pourtant ne disparut pas, il est inhérent à la nature humaine ; sous les formes les plus diverses, il reparaît à travers les siècles. […] L’engouement d’honnêteté qui la prend n’en est pas moins un trait de nature, et elle l’exprime par des vers d’une sincérité pénétrante : … Je porte envie au monde régulier, Que mon orgueil encor n’a pu que côtoyer. […] Nous n’aimons pas qu’un poète se prenne à railler la passion, l’idéal, la rêverie, la nature, et se moque du clair de lune et des soirs d’été. […] Cette conversion subite n’est ni dans la vérité de la nature, ni dans l’intérêt du drame.
Nous discuterons la pièce en la racontant : elle débute bien, et dans un beau cadre, moitié féodal et moitié champêtre, où la bonne odeur des vieilles mœurs se mêle à un parfum de nature. […] Il serait plus facile d’analyser un liquide que de définir sa nature molle et inconstante, qui se corrompt sans être agitée. […] M. et madame Caverlet n’ont jamais été mariés qu’à « l’autel de la nature », comme des héros de Jean-Jacques, dont ils habitent le pays. […] D’un côté, l’oubli de l’offense vis-à-vis de la nature qui parle et commande, la piété filiale imposée par la mère outragée à l’enfant renié ; de l’autre, son acceptation par le fils hostile jusqu’alors à l’inconnu qui l’a délaissé, mais qui, dès qu’on lui montre ce père en détresse, se dévoue à lui sans l’aimer. […] Mot de nature, trait de haut comique qui part du fond de l’observation.
Jusque-là, elle avait été une enfant très vive et très bruyante ; mais à cette époque (avril 1819), la nature passionnée et tout extérieure de l’enfant dut se rasseoir sous le coup de cette mort d’une mère, qui la faisait mère à son tour. […] Par une intuition de cœur devant laquelle il faut se taire, elle devina que le petit Maurice était d’une nature plus analogue à la sienne que sa sœur et son autre frère, et on la vit, tout enfant qu’elle fût, ne sachant rien d’elle-même et rien de cet autre enfant, alors l’égal des plus chétifs par les cris et les larmes, se reconnaître pourtant en lui, et l’aimer comme si elle était sa jumelle. […] Elle donne à la nature plus de mystère et enlève à la créature humaine cette gesticulation de marionnette, qui a toujours déparé son orgueilleux sidera vultum, Mlle Eugénie de Guérin n’a qu’une attitude. […] Elle ne lui lisait pas la Bible, en hébreu, comme les filles du poëte anglais la lisaient à ce grand Attentif qui roulait, sous l’arcade pure et fière de son front éteint, les rêveries qui devaient plus tard devenir le Paradis perdu ; mais, plus âgée que Maurice de quelques années, elle apprenait à l’auteur futur de la Bacchante et du Centaure à épeler ses premiers mots dans la Bible de la nature. […] Nature profondément sympathique, elle ne se cloîtrait en rien, pas même dans l’immense affection fraternelle qui n’eut jamais de rivale parmi les autres affections de son cœur.