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25. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — III »

Métaphysiquement, le geste analytique selon lequel l’Etre se divise en objet et en sujet est proprement le geste créateur de la réalité phénoménale et ce premier mouvement, brisant le sceau de l’unité, fait jaillir la source d’un mouvement sans fin. […] Sans mouvement, il n’y a donc pas de réalité objective. Si toutefois le fait du mouvement conditionne le réel, il ne saurait le constituer à lui seul. L’idée abstraite du mouvement ne donne naissance à aucune représentation possible. […] La réalité objective consiste en un certain état de ralentissement du mouvement.

26. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre IX. L’avenir de la Physique mathématique. »

Il s’agit avant tout d’obtenir une théorie plus satisfaisante de l’électrodynamique des corps en mouvement ? […] Ainsi au lieu de supposer que les corps en mouvement subissent une contraction dans le sens du mouvement et que cette contraction est la même quelle que soit la nature de ces corps et les forces auxquelles ils sont d’ailleurs soumis, ne pourrait-on pas faire une hypothèse plus simple et plus naturelle ? […] Les positions apparentes des étoiles diffèrent de leurs positions réelles, à cause du mouvement de la Terre, et comme ce mouvement est variable, ces positions apparentes varient. […] Les observations de l’aberration nous montrent donc non le mouvement de la Terre, mais les variations de ce mouvement, elles ne peuvent par conséquent nous renseigner sur le mouvement absolu de la Terre. […] On verrait alors que l’amplitude de l’oscillation dépend non seulement de la variation du mouvement, variation qui est bien connue, puisque c’est le mouvement de notre globe sur son orbite elliptique, mais de la valeur moyenne de ce mouvement de sorte que la constante de l’aberration ne serait pas tout à fait la même pour toutes les Étoiles, et que les différences nous feraient connaître le mouvement absolu de la Terre dans l’espace.

27. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Le mouvement est déjà là quand la sensation et la pensée se produisent, et ce mouvement ne peut cesser ; il passe donc nécessairement d’une cellule à l’autre. […] Au contraire, le besoin de vivre et de jouir, avec les mouvements corrélatifs, existe dans l’être vivant, non au dehors, et y devient le générateur même des autres mouvements. Sans doute, étant donnés les mouvements de la grenouille à un moment, et les mouvements communiqués du dehors au moment suivant, on aurait pu prédire par le calcul que la patte gauche se lèverait. […] S’il s’agit même d’un souvenir visuelles mouvements sont renaissants : en tous cas, il y a dans le cerveau des mouvements analogues à ceux qui se produisent dans la perception actuelle. […] Pourra-t-on en conclure que, parce qu’il y a partout du sensitif et du mouvement centripète, tout est sensitif et tout mouvement vital est centripète ?

28. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

Oui, elle crée du nouveau en dehors d’elle, puisqu’elle dessine dans l’espace des mouvements imprévus, imprévisibles. […] Je veux parler de ces mouvements naissants qui indiquent symboliquement toutes les directions successives de l’esprit. […] Ces mouvements, par lesquels la pensée s’extérioriserait en actions, doivent être préparés et comme préformés dans le cerveau. […] L’activité cérébrale est à l’activité mentale ce que les mouvements du bâton du chef d’orchestre sont à la symphonie. La symphonie dépasse de tous côtés les mouvements qui la scandent ; la vie de l’esprit déborde de même la vie cérébrale.

29. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Au point de vue mécanique, tout mouvement ou arrêt de mouvement s’explique par des mouvements antérieurs ; mais, au point de vue philosophique, tout mouvement ou arrêt de mouvement s’explique par les sensations et impulsions internes dont il est la traduction visible pour un spectateur du dehors. […] Le tout se traduit par une inhibition de mouvements. […] Soulevez le bras d’un cataleptique, if conserve son altitude ; mettez-le en mouvement, il continue ce mouvement. […] Jusque dans le plus rudimentaire des réflexes ou des mouvements instinctifs, les deux directions différentes du mouvement reçu et du mouvement restitué sont discernées par l’animal, d’un discernement sensitif et non intellectuel. […] Ce sera par exemple, l’idée de tel mouvement, laquelle, étant seule, entraînera aussitôt le mouvement même et, persistant, fera persister le mouvement.

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