Mme Sophie Gay, morte à Paris le 5 mars dernier, a été une personne de trop d’esprit et trop distinguée dans les Lettres pour être ensevelie en silence. […] Vers la fin, elle promettait quelquefois à ses amis qu’elle irait mourir chez eux : « Je ne veux pas que cette demoiselle (disait-elle de la mort) me trouve seule. » Ne lui demandez pas dans ses jugements cet esprit de justesse et d’impartialité qui prend sa mesure dans les choses mêmes et qui rend à chacun ce qui lui est dû.
« Que mon ami A ou que mon ami B meure, cela peut changer le degré, mais non la nature de ma douleur. » Selon nous, il y a sous tous les plaisirs, même les plus différents, une sorte de plaisir fondamental et vital qui est le plaisir même de vivre, conséquemment d’agir, de sentir et d’avoir conscience ; mais, de ce qu’il y a ainsi un élément commun qui nous permet de comparer les divers plaisirs en les rapportant tous au plaisir radical de l’action, il n’en résulte nullement qu’il n’existe aucune différence de qualité entre les différents plaisirs comme plaisirs. […] Qu’on m’arrache une dent, ou que mon ami meure, « cela peut changer le degré, mais non la nature de ma douleur ».
Ces jours-ci est morte, une semaine après son mari, Mme X… La maison X…, sans un capital bien connu, était une maison à chevaux, à voitures, à nombreux domestiques. La malade est morte dans son lit, sans avoir été complètement déshabillée, pendant cinq jours, par ses femmes faisant une noce d’enfer avec les domestiques dans le sous-sol ; et des sinapismes ayant été commandés par le médecin, c’est le cocher complètement saoul, qui les lui a posés sur ses bas, oui, sur ses bas, qui n’avaient pas été retirés.
Ce philosophe, le même qui mourut, à la lettre, de rire en voyant un âne manger des figures dans un bassin d’argent, avait tout étudié, tout approfondi, écrit sept cent cinq volumes, dont trois cent onze de dialectique, sans en avoir dédié un seul à aucun roi, ce qui pétrifie Diogène Laërce. […] Des religions meurent, et, en mourant, passent aux autres religions qui viennent derrière elles un grand artiste.
On a dit assez spirituellement que les femmes naissent et vivent femmes, mais qu’elles meurent vieilles filles. […] Mme Stern est morte avant que le souhait de l’auteur ait étéaccompli et Mme Sand aussi.