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890. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

En un mot, ses mœurs et ses rêves d’idéal étaient assez au rebours de ses autres opinions, et, comme on aurait dit plus tard, de ses principes. […] Pourvu que cette passion régnât et eût son jour, son heure, ou même seulement un mot à la dérobée et un regard, les sacrifices, les absences et les contraintes ne lui coûtaient pas : elle l’estimait de valeur unique qu’on ne pouvait assez payer. […] Il errait aux endroits les plus déserts, ne sachant que se redire à lui-même ces mots : Laissez-moi, tout a fui ! […] L’automne s’achevant, il revint à Paris, et il attendait, pour se présenter chez Mme de Noyon, qu’il avait quittée en froid, un mot, un signe de Mme de Pontivy, elle-même de retour. […] pour un mot dit ou omis çà et là sans intention !

891. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Eynard, qui raconte très-bien cette petite scène, ajoute que ces mots pleins de raison plongeaient un poignard dans le cœur de Mme de Krüdner : « Hélas ! […] Je m’étais imposé une entière réserve sur des faits qui pouvaient humilier un vieillard… » Que l’excellent biographe me permette de l’arrêter ici pour un simple mot : humilier un vieillard ! […] Mais vers le milieu de la nuit sa tête se prit ; il eut un accès de délire, durant lequel il proféra quelques mots sans suite, qui semblaient se rapporter aux propos de la veille : « Fermez la porte ! […] On s’arrache un mot de moi comme une faveur ; on ne parle que de ma réputation d’esprit, de bonté, de mœurs. […] Elle aimait à parler d’amour ; ce mot chéri allait déborder plus que jamais de ses lèvres, et des foules entières affluaient déjà à ses pieds.

892. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Philiberte se ressent de ce voisinage ; à ce mot seul, il me semble voir un bonnet qui s’envole du côté des moulins à vent. […] La proposition est brutale et ne mâche pas le mot qu’elle devrait au moins sous-entendre. […] Quelques mots simples, exhalés, comme des soupirs, d’un cœur dilaté, auraient mieux valu que ce cliquetis prétentieux ; nous aurions même préféré à tout son tapage l’éclat de rire nerveux qui le termine et qui crie les voluptés poignantes d’une transformation intérieure. […] Flasque et relâché dans sa contexture, il s’effile en pointe à la fin et lance le mot avec une prestesse qui fait illusion. […] L’entrevue est piquante, alerte, incisive ; elle lance des traits qui frappent et des mots qui sonnent.

893. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

La duchesse du Maine, avec tout son esprit, ne soupçonnait pas un mot de ces choses, et ne se posait pas une de ces questions ; elle croyait à ses droits de naissance, à ses prérogatives de demi-dieu, aussi fermement qu’elle croyait au système de Descartes et à son catéchisme. […] Il avait de l’esprit, un langage excellent, de la douceur et de l’agrément dans l’intimité, l’habitude de la sagesse et de la soumission ; en un mot, c’était un de ces sujets parfaits de bonne heure, qui ne s’émancipent jamais et ne deviennent pas tout à fait des hommes. […] Je ne toucherai que deux mots sur ce sujet délicat. […] En un mot, pour reprendre une comparaison précédente, elle ressembla à une personne qui est tombée un jour par mégarde du premier étage sans trop se faire mal, mais qui pour cela n’a pas mis et ne mettra jamais la tête à la fenêtre. […] Il s’agissait de faire entendre à une Altesse Sérénissime qu’on était amoureux d’elle sans prononcer le mot d’amour, de retourner cette idée galante en tous sens, de simuler une ardeur contenue encore dans les termes du respect, d’obtenir d’elle des faveurs enfin.

894. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Tous ces mots que je souligne et des milliers d’autres sont soulignés dans l’original, afin de contracter un sens profond que le lecteur pourrait oublier d’y découvrir. […] Au moral, combien il y a plus de vérité, même pour le philosophe, dans deux mots de Pascal où éclate le cri du cœur ! […] « La France veut une religion », lui dit un jour le consul : Volney ne comprit pas ce mot simple et vrai ; il y répondit d’une manière irritante, faite pour enflammer la colère, et toute amitié cessa49. […] L’attention d’écrire les mots anglais avec la prononciation française en est certainement une bien caractérisée. […] Au mot si vrai du consul : « La France veut une religion », il répondit par manière de défi : « La France veut les Bourbons ! 

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