Il faudrait nous plaindre si, voulant tout soumettre aux règles de la raison, nous condamnions avec rigueur ces croyances qui aident au peuple à supporter les chagrins de la vie, et qui lui enseignent une morale que les meilleures lois ne lui apprendront jamais. […] L’antiquité, plus sage que nous, se serait donné de garde de détruire ces utiles harmonies de la religion, de la conscience et de la morale.
et quel inconvénient y a-t-il pour la vie morale des générations qu’il se trompe ? […] Nous souhaiterions qu’en matière d’histoire de France, l’État prît l’initiative d’une réserve, et qu’en créant des fonctions d’Historiographes, ces Gardes-nobles de l’Histoire, il sauvât notre histoire à nous, cette dernière forteresse morale de tout peuple, et empêchât qu’elle ne fût prise d’assaut par la tourbe des pamphlétaires contemporains, démagogues, fonctionnaires expulsés, prétendants anonymes, transfuges colères qui s’y cachent, la mettent au pillage et s’en font un asile !
Taine, il est presque inévitable que la psychologie dérive dans la morale. […] Cuvillier-Fleury et se justifiant d’avoir discuté sur la scène une question de morale, M. […] Une vision dramatique et morale à la fois y conduit M. […] Dumas ont donc beaucoup de chances de continuer à paraître exactes à ceux qui ont le sentiment de la vie morale. […] Combien moins encore le développement puissant de la vie morale ?
C’est donc cette évidente impartialité qui donne à l’œuvre de l’écrivain américain sa valeur morale et sa force de protestation. […] Il en eut un autre : celui d’avoir, en son livre, mal parlé de l’Angleterre et levé un coin du voile puritain qui recouvre sa gangrène morale. […] … Et je vous approuve de vous montrer dans le décor spirituel qui vous est familier, et qui fait le mieux valoir votre genre de beauté morale. […] Par exemple, il ne fallait pas plaisanter avec lui sur les grands principes de la morale. […] … Ô brave et honnête morale, que de bêtises… et aussi… que de crimes on commet en ton nom !
» — Il n’importe, et la jolie femme, bien conduite, va philosopher sans le savoir, trouver sans effort la définition du bien et du mal, comprendre et juger les plus hautes doctrines de la morale et de la religion Tel est l’art du dix-huitième siècle et l’art d’écrire. […] Car, dans toute question générale, il y a quelque notion capitale et simple de laquelle le reste dépend, celles d’unité, de mesure, de masse, de mouvement en mathématiques, celles d’organe, de fonction, de vie en physiologie, celles de sensation, de peine, de plaisir, de désir en psychologie, celles d’utilité, de contrat, de loi en politique et en morale, celles d’avances, de produit, de valeur, d’échange en économie politique, et de même dans les autres sciences, toutes notions tirées de l’expérience courante, d’où il suit qu’en faisant appel à l’expérience ordinaire, au moyen de quelques exemples familiers, avec des historiettes, des anecdotes, de petits récits qui peuvent être agréables, on peut reformer ces notions et les préciser. […] Sans sortir du ton de la conversation ordinaire et comme en se jouant, il met en petites phrases portatives les plus grandes découvertes et les plus grandes hypothèses de l’esprit humain, les théories de Descartes, Malebranche, Leibnitz, Locke et Newton, les diverses religions de l’antiquité et des temps modernes, tous les systèmes connus de physique, de physiologie, de géologie, de morale, de droit naturel, d’économie politique468, bref, en tout ordre de connaissances, toutes les conceptions d’ensemble que l’espèce humaine au dix-huitième siècle avait atteintes. — Sa pente est si forte de ce côté, qu’elle l’entraîne trop loin ; il rapetisse les grandes choses à force de les rendre accessibles. […] Il a dit tout sur la nature477, sur l’art, la morale et la vie478, en deux opuscules dont vingt lectures successives n’usent pas l’attrait et n’épuisent pas le sens : trouvez ailleurs, si vous pouvez, un pareil tour de force et un plus grand chef-d’œuvre ; « rien de plus fou et de plus profond479 ». […] Tous les abus, tous les vices, tous les excès de raffinement et de culture, toute cette maladie sociale et morale que Rousseau flagellait en phrases d’auteur, étaient là sous leurs yeux, dans leurs cœurs, visible et manifestée par des milliers d’exemples quotidiens et domestiques.