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12. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 518-522

L’effet moral vraiment digne de ce nom, sur une scène élevée, doit sortir du spectacle même de la nature humaine observée et saisie dans le jeu varié de ses passions, dans ses misères et dans ses grandeurs, et jusque dans l’énergique naïveté de ses ridicules. Il est moral, l’effet qui résulte des transports tour à tour amoureux ou chevaleresques du Cid, des combats et de l’égarement de Chimène : c’est assez qu’on sente circuler, dans ce premier chef-d’œuvre de notre théâtre, un souffle et comme un courant de grandeur qui épure les sentiments et qui élève les âmes. Il est moral, l’effet même de cette passion coupable de Phèdre et de cette douleur vertueuse qui trouvait grâce et faveur devant Despréaux. […] Le but moral largement conçu, comme il doit l’être pour la scène française, nous semble être de ce côté. […] Cependant, monsieur le ministre, pour répondre aux intentions excellentes et formelles de l’arrêté, la Commission avait le devoir de rechercher, parmi les pièces qui ont réussi sur des théâtres populaires, un ouvrage qui réunît à quelque degré les conditions morales, si désirables surtout pour ces sortes de théâtres.

13. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Faits généraux d’ordre social, moral ou littéraire. — 2. […] Faits généraux d’ordre social, moral ou littéraire. […] Le fait moral le plus considérable que je voie est un état assez confus des âmes, qu’il faut essayer d’analyser. […] Renan nous a appris à l’estimer mieux, à nous y dévouer, et à maintenir, hors d’elle, à côté d’elle, notre idéal moral. […] Le maître le plus écouté, le plus populaire, est un conseiller moral, un directeur de conscience948 .

14. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Quand la pensée s’est élevée à ces hauteurs, le monde change d’aspect, le monde moral surtout. […] Que le sentiment moral reçoit le contre-coup de cette disposition de leur esprit. […] La méthode expérimentale appliquée aux études morales est bonne, dans une certaine mesure. […] Que le monde moral ait ses lois aussi bien que le monde physique, rien n’est plus vrai ; que les sciences morales doivent tendre de plus en plus à la découverte, à la détermination de ces lois, rien n’est plus philosophique : mais là s’arrête l’analogie entre les deux ordres de sciences. […] Si l’on persiste à s’en servir pour mieux marquer le progrès scientifique des recherches morales, il importe de distinguer la nécessité morale de la nécessité physique, afin de maintenir la ligne profonde de démarcation qui séparera toujours le monde moral du monde physique.

15. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

« Je viens poser devant vous le problème moral de l’homme et chercher à le résoudre, autant que cela m’est possible dans un cours de philosophie. […] « Pour tous ces êtres n’existe pas le problème moral de la destinée : ils naissent, ils vivent, ils meurent, sans se demander d’où ils viennent, pourquoi ils sont, où ils vont. […] Alors le problème moral de sa destinée pèse sur lui de tout son poids. […] « Mais le problème moral de la destinée de l’homme est identique au problème moral de la destinée de l’humanité. […] Jouffroy à soutenir que les prétentions d’une religion nouvelle qui s’annonçait comme venant résoudre le problème moral de la destinée de l’homme étaient tout à fait inadmissibles.

16. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

La première est de connaître exactement l’état moral d’une société à un moment donné. […] On voit que de précautions il faut prendre pour se représenter nettement l’état moral d’une époque. […] Quelles sont encore, en ce temps-là (vers 1640), les théories morales en vogue ? […] Il y a des épidémies morales qui sont, en grande partie, d’origine littéraire. […] Mais comment déterminer les effets moraux produits par une œuvre littéraire ?

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