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1745. (1929) Dialogues critiques

De même que le véritable homme du monde est celui qui n’a jamais d’opinion sur rien. […] C’est pourquoi sans défendre Bertrand le moins du monde, je trouve le cas plaisant. […] Le monde est livré à l’intrigue et à la platitude. […] Ces interviews cahotées et un peu douteuses n’en sont que plus divertissantes pour tout le monde. […] Pour Vandérem, il n’existe rien au monde de plus vain et de plus ridicule que de penser.

1746. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

Quand même il n’y aurait en fait dans le monde aucun individu sensible, elles existeraient ; elles existent donc à part et par elles-mêmes. — À ces deux titres, elles s’opposent d’abord aux sensations qui sont passagères et non point permanentes comme elles, ensuite aux individus sentants qui sont eux-mêmes et non point elles. […] La conception que je me forme du monde à un moment de son existence comprend, outre les sensations que j’éprouve actuellement, une variété innombrable de possibilités de sensations, comprenant d’abord toutes les sensations que l’observation antérieure m’atteste comme pouvant en ce moment surgir en moi en des circonstances supposables quelconques, et, en outre, une multitude indéfinie et illimitée d’autres sensations que des circonstances à moi inconnues et hors de mes prévisions pourraient éveiller en moi. Ces diverses possibilités de sensations sont pour moi dans le monde la chose importante. […] Le monde des Sensations possibles qui se succèdent les unes aux autres selon des lois est aussi bien dans les autres êtres sentants qu’en moi ; il a donc une existence hors de moi ; il est un Monde extérieur. […] Mais, comme la loi qui prédit cet événement sous telles conditions est générale et, partant, permanente, l’une et l’autre apparaissent comme permanentes et se trouvent ainsi érigées en substances, ce qui les oppose aux événements passagers et les classe à part. — À présent, sous le nom de forces, les possibilités permanentes se ramènent sans difficulté à ce que nous nommons matière et corps ; nous ne répugnons pas à admettre que le monde dans lequel nous sommes plongés soit un système de forces ; du moins telle est la conception des plus profonds physiciens.

1747. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Jamais aucun livre ne se répandit à un si grand nombre d’exemplaires dans la circulation de l’Europe ; jamais poète ou écrivain ne communiqua sa pensée à plus d’âmes à la fois dans le monde. […] La mère est infirme et ne peut vivre longtemps ; la fille est menacée de se voir bientôt seule au monde, ce qui rend sa position si intéressante. […] Les lettres de Robert à cette époque sont pleines d’inspirations mystiques vers cette autre vie où l’on sera réuni à ce qui est digne d’être aimé dans ce bas monde. […] C’est son adieu au monde ou c’est le chef-d’œuvre qu’il veut faire acclamer par l’univers, pour que l’excès de sa gloire lui mérite l’excès du bonheur dans la possession de ce qu’il aime. […] Si le génie ne se croit pas égal au rang, pourquoi s’approche-t-il de ce qui est au-dessus de lui (par les convenances de ce monde) ? 

1748. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Les résurrections sont d’immortelles espérances pour l’autre monde ; mais, pour celui-ci, on n’y ressuscite pas. […] Il y a telle mélodie de Rossini, entendue dans une barque portant deux fiancés sur une mer lumineuse, par une belle lune d’été, dans le golfe de Naples, qui m’a fait revoir mille fois plus vraie dans l’imagination la comtesse Léna, que tous les portraits et toutes les descriptions du monde. […] — Cette charmante veuve, répondit le professeur, était de la riche famille des Amerighi de Florence dont un membre, Amerighi Vespuzio, donna son nom au nouveau monde. […] « Qu’elle soit désormais vile pour tout le monde, et chère seulement à celui auquel elle s’abandonne ! […] Maman, est-ce qu’il y a beaucoup d’Ariodant, beaucoup de Renaud et beaucoup de Ginevra dans le vrai monde ?

1749. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

D’ailleurs, qui travaille dans ce monde, si ce n’est à voler ? […] Dans sa confession à son chapelain, Nature explique à sa manière la création du monde, la formation le cours et l’harmonie des planètes, le préjugé qui rejette sur les constellations les fautes des hommes, la prédestination conciliée avec la liberté humaine, le tonnerre et les éclairs, les verres ardents, le télescope les songes les comètes. […] Pendant que les esprits médiocres restaient attachés à la poésie nationale, les forts et les inventeurs cherchaient la tradition de l’ancien monde. […] C’est avec eux que l’Amour a subjugué le monde. […] Par quoi puis veoir clairement Ce monde n’est que chose vaine.

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