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11. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIV. De la plaisanterie anglaise » pp. 296-306

Cherchons maintenant à savoir pourquoi les mœurs des Anglais s’opposent au vrai génie de la gaieté. […] Par un singulier contraste, plus les mœurs particulières des Anglais sont simples et pures, plus ils exagèrent, dans leurs comédies, la peinture de tous les vices. L’indécence des pièces de Congrève n’eût jamais été tolérée sur le théâtre français : on trouve dans le dialogue des idées ingénieuses ; mais les mœurs que ces comédies représentent sont imitées des mauvais romans français, qui n’ont jamais peint eux-mêmes les mœurs de France. […] Mais en France, la comédie, peignant véritablement les mœurs, pourrait influer sur elles, et il devient bien plus important alors de lui imposer des lois sévères. Dans les comédies anglaises, on trouve rarement des caractères vraiment anglais : la dignité d’un peuple libre s’oppose peut-être chez les Anglais, comme chez les Romains, à ce qu’ils laissent représenter leurs propres mœurs sur le théâtre.

12. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre II. Des livres de géographie. » pp. 5-31

Chardin donne une idée complette de la Perse, de sa religion, de ses usages, de ses mœurs, de ses coutumes, &c. […] La Rélation & voyage des côtes d’Afrique, appellées Guinée, avec la description du pays & des mœurs des habitans, par Nic. […] Les Mœurs des Sauvages amériquains comparées aux mœurs des premiers tems, par le P. […] L’auteur entre dans un grand détail sur les mœurs, les coutumes & la religion des Sauvages de l’Amérique, sur-tout de ceux du Canada. […] in-12. 1770. , est un tableau fidéle des mœurs, des coutumes & du gouvernement de l’Angleterre.

13. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Relief des caractères ; vérité des peintures de mœurs. — 3. […] Peinture des mœurs, description des caractères, invention du pathétique, tout est machiné, artificiel, « insincère », dans ces œuvres dont le brillant déjà s’écaille de toutes parts. […] Ses grandes qualités ressortent surtout dans ces admirables pièces, où, sans thèse, il ne s’est attaché qu’à exprimer les mœurs qu’il voyait, en leur ridicule ou navrante corruption : dans le Gendre de M.  […] La moitié du rôle de la femme, une détraquée honnête, mais surtout les trois rôles d’hommes qui sont de vivantes expressions de la veulerie contemporaine, chacun avec sa physionomie propre, font de la pièce une des excellentes études de mœurs que nous ayons. […] Weiss, le Théâtre et les Mœurs, in-18.

14. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Ainsi se prépara le roman de mœurs dont Lesage fut le créateur. […] La grande affaire de Lesage est de peindre les mœurs : son roman est une galerie de tableaux, souvent charmants et vrais. […] La peinture de mœurs, chez Marivaux, est d’une précision très poussée. […] Mais, tel que Marivaux nous est apparu dans son théâtre, il est aisé de deviner que la peinture des mœurs et des milieux ne l’occupera pas seule dans ses romans. […] L’Orient, Turquie, Perse, Inde, Chine, deviendra de plus en plus à la mode ; et nombre d’écrivains y placeront leur action romanesque, on y trouve un double avantage : les mœurs orientales donnent toute liberté à l’imagination grivoise ; de plus, on est dispensé de peindre les mœurs avec exactitude.

15. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Son théâtre n’est-il pas le tableau le plus parfait des mœurs de son temps ? […] Mais, à mesure que les classes de la société se confondent, les mœurs publiques se pervertissent. […] De toute part éclatent des symptômes de décadence : la littérature dégénère avec les mœurs ; les froides antithèses du bel esprit remplacent les rapides inspirations du génie. […] Nanine paraît sur la scène, et ce n’est plus un jeune seigneur perdu de mœurs, c’est un sage qui se mésallie. […] Si chaque siècle a ses mœurs, chaque siècle a sa comédie.

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