L’argent, avec lequel on put se procurer tout, devint la mesure commune de tout.
Après des dénigrements et des dégoûts par lesquels ils se ravalent hors de toute mesure, ils se relèvent et s’exaltent extraordinairement, jusqu’à tressaillir d’orgueil et de joie. […] Aussi elles aiment toutes sans mesure, et presque toutes du premier coup.
Certes, si l’on veut comparer cette feuille énorme : le Times, la boussole d’Angleterre et du peuple anglais, le Leviathan de chaque jour, qui a pour esclaves la vapeur et le fil électrique, d’un bout du monde à l’autre, le journal français ne fera pas une grande figure ; il sera dévoré par ce feuillet géant, tout chargé des affaires publiques et privées d’un si grand peuple ; oui, mais si vous tenez compte au journal anglais, au journal français du style et de l’esprit qui s’y dépensent chaque jour, aussitôt le plateau de la balance emporte, du côté français, cet amas énorme, incroyable et sans mesure d’événements, de découvertes, d’entreprises, de conquêtes, de mines d’or et d’argent, de voyages lointains, de terres inconnues, de banques et d’armées, de prédications et de menaces, de cultures et d’arsenaux, d’orateurs populaires, de courtisans, de chambellans, de soldats, de mendiants, de dames d’honneur ! […] Enfin, enfin, quand la mesure est comblée de ces humiliations et de ces désespoirs, la maîtresse royale se fait carmélite ; elle se plonge dans ces austérités atroces, avec la même passion qu’elle s’est plongée dans les molles voluptés de ce siècle amoureux et dévot, puis elfe meurt comme une sainte, laissant une mémoire respectée, et se plaçant, par la vérité de son amour, à côté de cette maîtresse royale qui fut une femme courageuse et de bon conseil, Agnès Sorel !
Puis il chanta la première mesure d’une chanson bachique et le chœur bruyant du public, assis devant les petites tables chargées de verres de bière, la continua en saluant à sa manière les nouveaux arrivés. […] Les premières mesures du prélude doivent être attaquées avec vigueur ; ensuite il faut les répéter comme si elles venaient de loin. […] Le rhythme animé et populaire d’un vers comme : Mes bras tendirent l’arc d’aubier… l’impression troublante de la mesure brisée de l’avant-dernier vers : Et le favone agace, comblant mes vœux, furent peut-être compris et goûtés, mais l’entrelacement savant des modes et des motifs, avec sa mobilité et son relief étonnants, n’apparut guère de prime abord. […] Le geste de sa main exsangue suivait doucement la mesure lente du rhythme, mais qui vibrait d’une passion extatique, et le regard immobile restait fixé sur la page ouverte : Voici mon cœur qui n’a battu qu’en vain, Pour palpiter aux ronces du calvaire, Voici mon cœur qui n’a battu qu’en vain.
Voltaire s’était forgé des principes ou plutôt des préjugés d’après sa manière : son système de tragédie était proportionné à ses forces et à ses moyens d’exécution ; c’est d’après cette mesure, prise sur sa petite taille, qu’il jugeait des dimensions colossales du géant Corneille, et il croyait avoir raison. […] Je ne sais si les femmes sont devenues meilleures en devenant plus naturelles, mais le goût en est devenu plus sain : par malheur, à mesure que le siècle revient, sur cet article important, à des idées plus raisonnables, le génie et le talent disparaissent. […] Auprès de ce géant, Voltaire lui-même est petit ; La Harpe, par conséquent, n’est qu’un atome ; mais Voltaire étant pris pour mesure de la grandeur poétique et théâtrale, La Harpe acquiert aussitôt plusieurs pieds de hauteur. […] Voltaire et son panégyriste M. de La Harpe n’ont pas su tenir la balance d’une main aussi équitable ; bien éloignés de la circonspection et de la sage mesure de Boileau, ils ne se sont occupés l’un et l’autre qu’à rabaisser Corneille avec une adresse très philosophique, c’est-à-dire en mêlant à des louanges hypocrites les critiques les plus injustes.