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1477. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Remarquez que, lorsque d’après un texte qu’il a sous les yeux et dont il veut faire une fable, La Fontaine est forcé, par son texte même, de donner un mauvais rôle à l’âne, il s’en étonne, il s’en étonne le premier. […] Ces êtres qui n’ont pas de passions mauvaises, ces êtres qui ont une singulière patience, une singulière douceur dans l’adversité, ces êtres qui ne se révoltent pas, eux, et ces êtres pour lesquels nous sommes souvent si profondément injustes, oui, il est certain qu’ils ont des leçons à nous donner.

1478. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Il était ainsi châtié pour des sentiments trop catholiques… Cependant, dans ce sermon célèbre, il ne prenait qu’une de ces situations de milieu qui sont parfois opportunes dans des négociations d’intérêt, mais toujours mauvaises quand il s’agit de vérité. […] Seulement, parmi les plus empreintes de cet esprit aveugle et obstiné qui rencontre je ne sais quelle étrange grandeur dans la force de sa stupidité même, car il se compose du respect du passé et de foi religieuse, c’est-à-dire, en somme, du meilleur ciment qu’aient les peuples, nous signalerons une brochure qui parut en 1837 et dans laquelle se retrouvaient, à notre époque étonnée de les entendre, les accents ressuscités du fanatisme anglican des plus mauvais jours.

1479. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Il se détourne des fades sublimités, des héroïsmes de mauvais aloi, pour scruter l’humble et grande réalité. […] Il est vrai, que si nous jetons les yeux à la page suivante, nous sentons chez l’auteur un certain regret — inexplicable — de s’être abandonné à de telles « folies » : « La passion de la nature nous a souvent emportés, et nous avons donné de mauvais exemples, par notre exubérance, par nos griseries du grand air.

1480. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

C’est que, bons ou mauvais, ils ont une vertu romanesque indéniable : une tête empanachée ; le droit d’avoir des rêves comme le commun des hommes et, plus que d’autres, le pouvoir de les suivre ; une cour où l’imagination peut impunément loger l’invraisemblable, réunir toutes les beautés à toutes les perfidies, tous les caprices, tous les crimes, tous les luxes, toutes les grandiloquences et toutes les idées même, sans que la conscience du lecteur, enfantine à jamais devant l’image d’un roi, s’en émeuve et proteste. […] Cet élément ne saurait être négligé, puisque, à moins de supposer un mauvais prêtre, il faut donner à celui-ci une vocation qui est précisément à l’opposé de nos entraînements et de nos mobiles terrestres.

1481. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Alors, en la voyant rouverte encore de ses fleurs préférées, mais de fleurs mourantes, dormant d’un sommeil sans rêves et dans un repos aussi profond que l’oubli, il me vint, je ne sais pourquoi, une pensée amère, et je dis à Vandell : “N’est-ce pas mauvais signe, quand les fleurs se fanent vite au corsage des femmes ?”  […] Elle est prise au piège de toutes les délicatesses qu’elle a eues pour Dominique malheureux, de toutes les paroles de conseil qu’elle lui a dites, de toutes les longues pensées qui n’avaient pour objet, croyait-elle, que de sauver un ami d’un amour impossible et mauvais.

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