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447. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Je revois avec tristesse, mais sans remords, en allant de Monceau, terre et résidence de mon grand-père, à Saint-Point, un joli sentier à travers les prés, qui circule dans l’étroite vallée, au bord d’une petite rivière, près d’un moulin, et qui grimpe ensuite une colline rocailleuse, plantée de vignes, jusqu’à la cour et au jardin de la chère maison. […] Mon camarade et mon ami habitait alors dans l’immense cour du vaste et splendide palais de l’ancien duc de Richelieu, entre le boulevard des Italiens et la Madeleine, la petite maison du concierge de l’hôtel qui lui rappelait à la fois la grandeur et la simplicité des maisons paternelles. […] XVII Ce fut l’époque où M. de Fontanes, ami de la princesse Élisa, l’introduisit dans la familiarité intime de toute la maison Bonaparte à la ville et à la campagne.

448. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Depuis sa première enfance, il vit dans le tumulte de la grande ville ; de sa guérite au-dessus du grenier, dans la maison de la cour du Palais, son oreille perçoit chaque jour la clameur aiguë et matinale des coqs, et tous ces bruits de la cité laborieuse qui s’éveille, les coups de marteau du serrurier voisin, les maçons chantant ou s’injuriant sur leurs échafaudages, les charrettes roulant sur le pavé, les courtauds ouvrant les boutiques avec un grand bruit de volets choqués et de voix, et puis les cloches des vingt-six églises ramassées dans l’étroite enceinte de l’île Notre-Dame. Sorti de son logis, il emmagasinait dans sa mémoire tous ces traits qui font la physionomie de Paris, tout ce qui étonne et ahurit le provincial, les rues encombrées de passants, les cris des chiens excités, les embarras de voitures, les planches jetées sur le ruisseau quand il pleut : mille détails connus seulement du Parisien, la croix de lattes, qui avertit les passants de prendre garde, quand les couvreurs réparent le toit de la maison, ou le profil d’un médecin célèbre, qui va à cheval, au lieu d’avoir une mule comme ses confrères. Depuis sa naissance aussi, il a eu sous les yeux la Sainte-Chapelle, et la maison du chantre « au bas de l’escalier de la Chambre des comptes », et la boutique de Barbin, sous le perron du grand escalier du Palais. […] Voyez la netteté de ces traits, quand Mme Tardieu réforme sa maison : Le pain bis, renfermé, d’une moitié décrût ; Les deux chevaux, la mule, au marché s’envolèrent ; Deux grands laquais, à jeun, sur le soir s’en allèrent : … Deux servantes déjà, largement souffletées, Avaient à coups de pied descendu les montées.

449. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Lorsque tous les deux l’ont assuré que Virginia est venue ouvrir la porte à Fabio qui est entré et qui est resté trois heures avec elle et en est sorti après, conduit par elle-même, Flaminio leur dit qu’ils en ont menti tous les deux, qu’il a passé la nuit tout entière en conversation avec Virginia, qui est venue lui parlera la fenêtre grillée à côté de la grande porte de la maison ; qu’elle ne l’a pas quitté un moment, toujours déclamant contre Fabio qui la déshonore si indignement. […] Virginia dit à Pandolfo qu’il n’a qu’à l’appeler quand il sera temps, et elle rentre dans la maison. […] Il dit qu’il est charmé d’avoir cette fille dans sa maison, parce qu’étant élevée comme un garçon et sachant le commerce, elle lui rendra de grands services. […] Les deux valets font de grandes difficultés d’accompagner Fabio, dans la crainte de quelque embuscade de Pandolfo et de ceux de sa maison.

450. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Sa sœur Julie, l’enfant gâté de la maison, qui se marie, le jour même, avec M. le comte d’Ollivon, essaye en vain d’entrouvrir à l’espoir cette âme repliée sur elle-même. […] Jamais Scapin ne bafoua Géronte mis en sac avec l’effronterie de ce neveu turlupinant son oncle, son seigneur, le maître et le chef de sa maison. […] On est venu avertir Frantz que le chien de Spiegel marchait dans les plates-bandes de sa seigneurie, et il a fait tuer ce vieux chien fidèle, le chien de l’atelier, le chien de la maison. […] Néron — s’il m’est permis de passer du maraud au tyran et des petites maisons de la comédie à la ménagerie de l’histoire — Néron empoisonnera son frère, tuera sa mère, brûlera Rome, mais il jouera de la flûte sur cet amas monstrueux de ruines et de crimes, et le seul remords qu’il éprouvera lorsqu’il saisira, d’une main énervée, l’épée du suicide, ce sera celui de priver le monde d’un virtuose tel que lui : Qualis artifex pereo !

451. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Il allait l’épouser en secondes noces, mais Paul, alors enfant, est tombé malade à l’idée qu’une étrangère allait usurper, dans la maison, la place maternelle. […] Elle répond qu’elle sait bien que les jeunes gens passent par des caprices avant de se reposer dans l’amour, mais que les maîtresses ne font pas tort à l’épouse : L’auberge porte-t-elle ombrage à la maison ? […] Il est évident que les tartufes d’Uzès ou d’ailleurs n’auront pas leurs entrées dans cette maison-là. […] Quant à d’Estrigaud, il se fait jésuite, il entre dans la maison d’Uzès, et M. de Sainte-Agathe, qui va l’y conduire, lui montre en perspective le chapeau de général de l’Ordre planant sur sa tête.

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