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310. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Théodore de Banville a résumé et concentré en lui le talent extérieur de ses devanciers et de ses maîtres. […] Ils ont joué aux maîtres et aux disciples. Ils ont payé de leur talent et de leur gloire réelle et durable les tapages de leurs systèmes et le fanatisme de leurs cénacles, et le dernier des imitateurs qui, sans personnalité supérieure, a de la main, du métier, de la volonté (cette chose qu’on a fait entrer depuis quelque temps dans la poésie), peut obtenir et nous donner du Ronsard, du Wordsworth ou du Victor Hugo, à faire illusion même au maître qu’il imite. […] Puisque la poésie est une forge, il est devenu forgeron, et il s’est fait péniblement maître de son instrument assoupli.

311. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Cependant la langue d’un peuple guerrier tendait à la fierté et à la précision ; d’un peuple qui commandait aux rois, à une certaine magnificence ; d’un peuple qui discutait les intérêts du monde, à une certaine gravité ; d’un peuple libre et dont toutes les passions étaient énergiques et fortes, à l’énergie et à la vigueur : et lorsque cette langue fut enrichie de toutes les dépouilles des Grecs, lorsque les conquérants eurent trouvé dans les pays conquis des leçons, des maîtres et des modèles, et que les richesses du monde en introduisant à Rome la politesse et le luxe, y eurent fait germer le goût, alors l’éloquence s’éleva à la plus grande hauteur, et Rome put opposer Cicéron à Démosthène, comme César à Périclès, et Hortensius à Eschine. […] On doit être encore plus fâché de trouver dans les ouvrages de ce grand homme son discours pour Marcellus, qui n’est, en grande partie, que l’éloge de César, et de César maître de Rome. […] Enfin la mort de César rendit à l’âme de Cicéron toute sa vigueur ; il n’était pas né pour avoir un maître et encore moins pour obéir à des tyrans subalternes. […] Antoine, ambitieux et brigand, et qui après César avait l’insolence d’aspirer à la tyrannie, comme un premier valet qui prend l’habit de son maître, assiégeait alors Modène.

312. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Céard et Huysmans arrivent bientôt, et c’est, ce soir-là, une contestation entre le maître et les disciples. […] C’est un vétérinaire, qui, à l’heure qu’il est, fait les conseillers généraux, les députés, est le maître du suffrage universel dans le département. […] Vendredi 29 septembre Oui, j’ai eu dix-huit maîtres de piano, et sept maîtres d’écriture. […] de drôles de maîtres, reprend la princesse. J’ai eu un certain maître d’écriture qui avait une grosse tête toute ronde, avec de petits cheveux blancs frisés, et toujours accompagné d’un caniche.

313. (1874) Premiers lundis. Tome II « Achille du Clésieux. L’âme et la solitude. »

nous crieront nos maîtres intellectuels ; et le service que tout homme doit aux autres ! […] Le volume que nous avons sous les yeux laisse certainement à désirer pour l’art, pour la composition et l’expression ; souvent, quand il parle du Jour des Morts, quand il nous peint sa paisible et assise existence sous le toit qui est à lui, quand, dans le silence de son vallon, il entend et nous raconte la voix de son cœur, en ces endroits, tout en étant lui-même, le poète nous rappelle un peu trop le maître harmonieux dont l’inspiration l’a éveillé.

314. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

pourquoi chagriner si mal à propos ce bon maître qui lui veut tant de bien ? […] — Va pour le maître valet”, disait le prévôt. […] Comme il passait devant la forge de son ancien maître, hélas ! […] Le maître de céans était seul. […] Guizot parlait en maître, il fut lu un passage du quinzième siècle.

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